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Miroir, mon beau miroir, 
dis-moi que je serai président…
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Souriez, vous êtes filmés

En politique, l’important c’est le fond. Mais bon, avouons-le - comme l'illustre le régime spectaculaire du candidat aux primaires socialistes François Hollande - la forme et les formes comptent quand même beaucoup…

Christophe Carron

Christophe Carron

Christophe Carron est journaliste.

Il est le responsable éditorial du site Voici.fr et tient le blog Lowblogging.fr, où il raconte les dessous de la presse people.

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Questionnez un homme politique sur d’éventuelles irrégularités dans ses comptes de campagne : il vous répondra. Interrogez-le sur ses ambitions personnelles : il sortira sa langue de bois, mais il parlera. Évoquez sa vie privée : si tout va bien, il sera intarissable sur sa femme (ou son homme), cette moitié sans qui il ne serait rien, et ses enfants, sa plus belle réussite. Parlez-lui des transformations physiques qu’il a dû opérer pour les besoins d’une campagne : il deviendra muet.

Modifier son apparence : un phénomène qui date…

Avouer quelques modifications ou petites tricheries donnerait l’impression de privilégier la forme au fond. Et pourtant, nos trois derniers présidents ont dû travailler quelques petits détails physiques.

François Mitterrand s’est fait limer les canines, inspiré par les dents blanchies de Jean Lecanuet, candidat centriste de la présidentielle de 1965 et premier à se lancer dans une campagne « à l’américaine » en utilisant les recettes du marketing politique US.

Jacques Chirac, lui, a troqué ses grosses lunettes contre une paire de lentilles dès l’arrivée en France de prompteurs spéciaux pour les meetings publics. On lui connaît aussi une calvitie à géométrie variable, sans parler du noir d’ébène de “ses” cheveux.

Quant à Nicolas Sarkozy, ses talonnettes ont fait le tour du monde et, jusqu’à peu, beaucoup d’hommes se sont longtemps demandé quel était son secret pour garder à 55 ans une tignasse exempte de cheveux blancs..

… et qui concerne les hommes politiques de tous partis

N’allez surtout pas penser que ce soin accordé à son physique soit une histoire de sensibilité politique. A part l’extrême-gauche, dont les leaders semblent se ficher de leur apparence (et encore, Olivier Besancenot a tout du gendre idéal, et Clémentine Autin de la petite amie que l’on aimerait tous avoir), le PPF, paysage politique français, prend garde au jugement du miroir. A gauche, Ségolène Royal a mystérieusement disparu pendant l’été 2005, avant de revenir avec un petit quelque chose de différent et de se lancer dans la course à la présidentielle de 2007. A peu près aucun média français n’a abordé cette question. Lesjournauxsuisses n’ont pas fait preuve de tant de pudeur…

Pour la campagne présidentielle 2012, Martine Aubry et François Hollande font des efforts. La première se féminise (elle se maquille et s’essaie aux boucles d’oreilles depuis ses vœux de 2010, les premiers en tant que Première secrétaire du parti socialiste). Le second a perdu une bonne dizaine de kilos, officiellement « sans régime particulier ni sans suractivité sportive » et uniquement pour « être en harmonie » avec lui-même, comme il l’avait confié au magazine Gala.

A l’UMP, les cheveux teints de Christian Estrosi ne trompent pas grand monde et plus à droite encore, personne n’a pu louper la métamorphose de Marine Le Pen, désormais perpétuellement bronzée, et délestée de quelques kilos en trop.

JFK/Nixon : un débat devenu cas d’école en matière d’image

Personne n’osera l’avouer, mais l’apparence est parfois décisive, surtout sur les indécis, ce marais que tous les candidats cherchent à convaincre en fin de campagne. Tous les candidats ont en tête les résultats du premier débat politique télévisé, celui qui opposa Nixon le républicain à Kennedy le démocrate en 1960.

Un sondage réalisé juste après l’événement montre que JFK, jeune, beau et bronzé, réussit à convaincre les téléspectateurs face au candidat républicain sorti de l’hôpital, au teint cadavérique et à l’air fatigué. Les auditeurs, en revanche, qui, privés d’image, avaient suivi le débat à la radio, avaient préféré Nixon. Le fond n’a donc apparemment compté qu’en l’absence de l’image. Comment, après ça, en vouloir à nos hommes et femmes politiques ?

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