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Watergate, Iran-gate, Monica-gate... A quand un Obama-gate ?
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Trans-Amérique Express

Une avalanche d’affaires embarrassantes s’est abattue sur la Maison Blanche. Dont certaines pourraient devenir de vrais scandales à l’américaine. Pour l’heure, c’est surtout l’agenda présidentiel qui est paralysé.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Aux Etats-Unis, on appelle cela la "malédiction des second mandats". De quoi s’agit-il ? De la multiplication des "affaires" qui viennent plomber une administration, en général après la réélection du président. Au mieux, elles obscurcissent son bilan. Au pire, elles bloquent son action politique. Parfois elles peuvent même venir à bout de lui, comme ce fut le cas pour le président Nixon en 1974.  

Richard Nixon avait eu le Watergate ; Ronald Reagan, l’Irangate ; Bill Clinton, le Monicagate, non donné à ses relations sexuelles sulfureuses avec une stagiaire. Obama verra-t-il aussi son administration affublée du suffixe "gate" synonyme de "scandale"? Ce n’est pas encore le cas mais en l’espace d’un seul week-end, trois affaires embarrassantes sont venu ébranler son administration : la première est déjà connue et concerne l’attaque du consulat de Benghazi ; la seconde touche l’IRS, c’est-à-dire l’administration fiscale, et la troisième le Département de la Justice !

Seule l’affaire de Benghazi remonte directement au président. Et pour l’heure, les deux autres ne sont qu’un embarras. Mais venant si tôt dans son second mandat, alors que Barack Obama affronte un Congrès dominé par les Républicains, cela augure mal des trois années et demie qu’il lui reste à passer à la Maison Blanche. L’agenda du président américain est sérieusement mis en doute.

L’incident de Benghazi remonte au 11 septembre 2012. Il avait été un des tournants de la campagne présidentielle. Il s’agit de l’attaque contre le consulat américain de cette ville libyenne, ayant causé la mort de quatre citoyens américains, dont l’ambassadeur Christopher Stevens. La réaction de la Maison Blanche avait été alors confuse. Avec une attaque décrite à la fois comme "spontanée", une "manifestation" ayant simplement "dégénéré", et comme "un acte de terreur". Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’Onu, avait fait devant les média une série d’interventions controversées. Jugées même "mensongères" par les Républicains qui dénoncent depuis une tentative de "cover-up", c’est-à-dire de dissimulation.

L’affaire n’a pas empêché Obama d’être réélu. Mais la réélection du président n’a pas empêché les Républicains de poursuivre leur vindicte. La semaine dernière, le Congrès tenait une série d’audiences sur la question. Sous serments, diplomates et agents de la CIA sont venus confirmer que les informations qu’ils avaient alors communiquées à la Maison Blanche n’étaient pas celles que la Maison Blanche avait ensuite communiquées au public… Pourquoi ? Le président Obama s’est vu à nouveau pressé de questions sur le sujet lundi matin.

Il le sera sans doute encore à l’avenir car cette affaire ne va pas s’effacer d’elle-même. D’abord parce qu’elle touche à la gestion des affaires publiques. Ensuite parce qu’elle implique Hillary Clinton, alors Secrétaire d’Etat. Madame Clinton est considérée comme une candidate présidentielle probable en 2016. Benghazi va donc continuer d’occuper l’actualité au moins pour les trois années à venir.

Ce week-end les Américains ont également appris que l’IRS (l’Internal Revenue Service), c’est-à-dire le fisc, avait ordonné des contrôles fiscaux ciblés contre des associations proches du Tea Party. Ce qui constitue à la fois un abus de pouvoir, une enfreinte à la démocratie, et une violation des libertés civiques.

Le Tea Party n’est pas n’importe quel mouvement. C’est un mouvement d’opposition. L’agrégation de groupes contestataires liés par une cause commune, le rejet d’une fiscalité abusive. Les Etats-Unis sont nés d’une révolte contre des taxes imposées par la couronne britannique. Apprendre que l’administration fiscale s’emploie à faire taire aujourd’hui ceux qui souhaitent contester son rôle n’est pas bon pour l’image de l’administration et encore  moins pour le processus démocratique.

L’utilisation à des fins politiques des pouvoirs de l’administration fiscale fait partie des secrets de Polichinelle de la politique. A croire les cyniques, toutes les administrations, et pas seulement aux Etats-Unis, y ont eu recours. Pour certaines cela a été prouvé. C’est le cas des administrations de Franklin Roosevelt, de John Kennedy et de Richard Nixon. Ce dernier, poussé à la démission par l’accumulation des scandales, reste le président américain le plus détesté par les défenseurs des libertés civiques aux Etats-Unis. Il avait en son temps établi une "liste d’ennemis", des personnalités publiques de tous les milieux connues pour opposer sa politique et faisant l’objet de harcèlements divers de la part de l’administration. 

Ce rappel est très dommageable à l’image de l’administration Obama. Le lien suggéré par certains journalistes avec l’administration du président destitué a d’ailleurs fait grincer les dents à la Maison Blanche. Car pour l’heure l’administration affirme que l’affaire ne serait dûe qu’à l’excès de zèle de quelques employés subalternes, dans des bureaux de province. Une explication à laquelle personne ne croit.

Troisième affaire : des journalistes de l’Associated Press ont vu leurs communications téléphoniques saisies et épluchées par le département de la justice. Une intrusion sans précédent dans ce qui est protégé par le secret professionnel et couvert par la loi sur la liberté de la presse. Et du pain béni pour tous ceux qui dénoncent la tendance du gouvernement américain à se comporter en Big Brother.

L’affaire est inattendue et paradoxale, mais elle illustre le pouvoir tentaculaire de l’administration fédérale. Car l’enquête ne concernait pas les journalistes visés, mais plutôt des membres de l’administration. La Justice souhaitait en fait identifier la, ou les sources de plusieurs fuites compromettantes à la presse. Pour y parvenir, l’Attorney General a fait saisir les relevés de téléphones des journalistes. Méthode radicale. Et illégale, car l’anonymat des sources est protégé par la loi américaine. De plus en saisissant l’ensemble des relevés téléphoniques la Justice américaine se retrouvaient en possession d’informations qui dépassaient le cadre de son enquête propre.

Les affaires concernant l’IRS et la Justice sont pour l’heure embryonnaires. Mais il est peu probable qu’elles en restent là. Certains Républicains rêvent d’un scandale qui écourterait le mandat d’Obama. Peu envisageable à cette heure.

Par contre ces affaires viennent s’ajouter à la liste des déboires rencontrés par l’administration Obama et mettent en doute l’avenir de son agenda politique. Sa loi sur le contrôle des armes à feu a été rejetée. Les chances de parvenir à un accord sur le budget et sur la dette publique ont été ruinées par le "séquester", symbole du blocage politique actuel et de la mise en incapacité de l’exécutif américain. Sa réforme de l’immigration, l’autre grand chantier du second mandat est toujours en discussion au Sénat et risque d’être rejetée par la Chambre des Représentants. Sa réforme de santé n’est pas encore totalement mise en place et l’année 2014 verra sans doute de nouveaux recours de la part des Etats.entielles annoncées en janvier, concernant le redressement économique, les énergies renouvelables, le réchauffement climatique, ou l’éducation

Si l’on ajoute à cela les ambitions présidentielles annoncées en janvier, concernant le redressement économique, les énergies renouvelables, le réchauffement climatique, ou l’éducation, l’administration Obama est très loin d’avoir réalisé ses objectifs.

Or le temps ne joue pas en faveur du président. Chaque jour qui passe le rapproche de la retraite obligatoire et l’affaiblit un peu plus. Il lui reste plus de trois années. Cela risque de paraître long s'il devient déjà un "canard boiteux".

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