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Scandale d'État : Areva ou le Crédit Lyonnais du nucléaire ? ; Plan social au PS : âmes sensibles s’abstenir ; Michel Houellebecq et le droit d'écrire contre l'islam
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Revue de presse des hebdos

L'année 2015 touche à sa fin ! ouf ! De janvier à décembre cette année aura été bien dense, bien lourde, bien douloureuse. Quelques jours avant les fêtes de fin d’année, les magazines répondent à un besoin : retrouver quelques idoles, quelques héros pour nous faire rêver à nouveau. Ils nous en proposent quelques profils.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Dusko Popov : l’Agent double qui  a inspiré 007 en Une du « Point »

« Ils sont ce que l'homme a de plus chevaleresque de plus tortueux. Ils incarnent l'amour et la trahison de la patrie, la bravoure et la lâcheté. Révélations sur ces héros magnifiques et ces personnages troubles qui ont changé le cours de l’Histoire »…  « Le Point » éprouve ce besoin de prendre le large et respirer un autre air que celui de l’actualité pesante et propose en Une « Les secrets des grands espions » avec en photo « le vrai James Bond ». Il s’agit de Dusko Popov, l’agent double qui a travaillé pour sa majesté durant la seconde guerre mondiale, et qui a inspiré Ian Fleming. Le magazine raconte la rencontre entre l’auteur et celui qui sera son personnage. « Le jeune officier de marine Ian Fleming », en 1941, était chargé de surveiller Dusko Popov le temps d’une mission. « Deux ans plus tard, Fleming publiait « Casino royale ». « James bond était né ».

Et lorsque en 1974, Dusko Popov, qui jusque-là avait gardé le silence sur les services rendus à sa majesté, a publié ses mémoires, il déclara : « c’est une insulte à mon intelligence. James Bond dans la vraie vie n’aurait pas survécu 48 heures. Ce personnage est fantaisiste, et irréaliste ». Mais avec flegme il avait ajouté : « j’imagine que je suis coincé avec l'histoire de Bond ».

Idole de « Télérama » : Joseph Cambell : père de « Star Wars »

Face à la déferlante Star Wars qui nous gagne, 10 ans après, « Telerama » met à l’honneur celui dont le créateur de la saga, Georges Lucas, s'est inspiré !

Joseph Cambell, était semble-t-il un « intellectuel obsédé par l'universalité des mythes » et en 1949, avec son livre « les héros aux 1000 et un visage » il a développé sa théorie du « monomythe » selon laquelle toute mythologie, et toute légende « suivrait le même schéma de construction du héros, et dont les étapes seraient similaires ».

Au centre de ses histoires « se dessine le héros », d'abord puis « aspiré par un fabuleux destin qui va rejoindre ses rêves d'enfants », il « révélera sa courageuse détermination ». Son parcours sera balisé par différentes étapes: « le départ », « l'appel de l'aventure », « l'exploit ». Sa vertu ? : « Tenter de ramener à la lumière cette Atlantide perdue ».

En plus de cela, d'ordre pédagogique : « il permet à l'individu de s'identifier à l'humanité entière et non plus à une communauté précise ». Il donnerait enfin de l'espoir : « c'est du fond de la ville, du fond de l'abîme que retentit la voie du salut ».

Roland Fryer : un Futur prix Nobel d’économie ?

De son côté, « l’Obs » nous offre à découvrir un héros contemporain, avec un beau destin : « ce gamin de banlieue, devenu le plus jeune prof noir deux Harvard, qui a créé un laboratoire éducatif pour réduire les inégalités raciales sans idéologie.

Roland Fryer est économiste qui « bouleverse la réflexion sur les inégalités ». Sa conviction, qu’il tente de démontrer depuis 20 ans, « ce n’est pas tant le marché du travail qui est source de discriminations (à compétences égales), que le fait qu'une partie de la population se présente sur ce marché avec des qualifications inférieures". Autrement dit, les racines de la pauvreté chez les noirs qui n'a rien d'une fatalité insiste-t-il, sont moins à chercher dans la discrimination à l'embauche que dans le déficit scolaire. Surtout entre les âges de 14 et 17 ans".

Mais revenons doucement à notre réalité 2015. Qu’en retenir ? Pour répondre à cette question, « les Inrockuptibles » ont interrogé de nombreux artistes, écrivains, chanteurs, réalisateurs…

Arnaud Desplechin : « Paris a changé, on le voit ! »

Dans le registre sensible et sensé, on retiendra l’observation d’Arnaud Desplechin sur les attentats : « Paris a changé, on le voit. En terme de fiction, les rues ne sont plus pareilles (…) désormais, si je raconte une histoire de personnes qui marchent sur le boulevard Beaumarchais, je dois prendre en compte, quand je les filme, qu'ils peuvent se faire tirer dessus. C'est une possibilité faible, bien sûr. Les personnages savent ça. Les spectateurs le sentent. »

Michel Houellebecq : « Je me suis retrouvé à défendre l'islamophobie parprincipe. Ça été globalement très pénible ».

Plus polémique, l’écrivain Michel Houellebecq. De fait, le roman (d’anticipation) « Soumission » est sorti en librairie le 7 janvier, le jour du massacre. Il commente : « Après les attentats de « Charlie », tout a changé. L’essentiel était de dire que si on veut écrire contre l'islam, on a le droit. On a le droit au blasphème, ce n'est pas négociable, la liberté d'expression fait partie des valeurs du pays dans lequel j'ai grandi. Je me suis donc retrouvé à défendre l'islamophobie par principe. Ça été globalement très pénible ». Et il ne se contente pas du bilan 2015, il trace une perspective : « Vu le comportement politique, mon obsession pour la démocratie directe m'a repris. Cela consisterait à modifier les lois par uniquement par referendum ».

Booba : « Donald Trump et Marine Le Pen ont le même ADN raciste »

Et quelle lecture des attentats côté Booba ? « Le rappeur de Boulogne-Billancourt, qui est aujourd’hui  installé à Miami, avait choqué après l’attentat de « Charlie Hebdo » en déclarant : « quand tu t’attaques à une religion, tu sais que des extrémistes peuvent réagir ainsi ». Et bien aujourd’hui, son franc parler aux Inrocks l’emmène sur un autre terrain. Il parle des extrémistes : « C'est une guerre sale. Quand ce sont des gouvernements qui décident de lâcher des bombes, y'a toujours des innocents qui meurent, mais ce sont, entre guillemets, des dommages collatéraux, même si c'est critiquable. Là, les terroristes veulent clairement toucher les innocents plutôt que les décisionnaires. C'est le maximum de la lâcheté et de l'horreur ».

Et concernant la montée du FN, le rappeur (à Miami) ne s’alarme pas plus que cela : « Donald Trump et Marine Le Pen ont le même ADN raciste. Je ne pense pas qu'il y ait une montée de la xénophobie en France. J'ai l'impression d'avoir toujours vécu dans ce climat ».

« Mais comment ai-je pu aimer ce type ? » : Nicolas Sarkozy, le vrai perdant ?

« L'express » fait sa Une en ohase directe avec l’actualité et revient sur ce nouvel épisode qui a secoué la planète France, en cette fin d’année 2015 : les régionales ! Pour le magazine, « le vrai perdant » n’est autre que Nicolas Sarkozy. En Une du magazine, plein pot, le magazine a choisi une photo du patron des Républicains avec des yeux baissés, et l’apparence gênée. « Mais comment ai-je pu aimer ce type ? C'est ce qui arrive à Nicolas Sarkozy, malgré son talent. » La phrase est empruntée par le magazine à Robert Badinter qui expliquait le sentiment éprouvé vis à vis de Mitterrand en 88 comparable à l'amour qu'une femme peut  ne plus éprouver pour un homme… Aujourd’hui, serait-on tenter de faire sans lui ? « L’Express » analyse cette réalité : « Une nouvelle France semble apparaître, confrontant la gauche au pouvoir et l'extrême droite dans le rôle d'opposition officiel ». et aujourd’hui, un accusé serait « déjà désigné : Nicolas Sarkozy ». Et reste-t-il les bras ballants ? non. « Sa stratégie est prête : à droite toute, encore et toujours ».

« Plan social » au PS « âmes sensibles s’abstenir »…

Mais, ne vous inquiétez pas, la gauche en prend aussi largement pour son grade un peu plus loin dans les pages de « L’express » : « Plan social au PS ! ». Ils le prouvent, chiffres à l’appui en dressant la carte des dégâts par département. « Ames sensibles s'abstenir ! », préviennent-ils. Et pour cause : « 55 élus perdu sur 89 dans le nord, 36/64 dans les Bouches-du-Rhône, 35/103 dans le Pas-de-Calais, 26 sur 53 en Isère, 23/47 en Saône-et-Loire… la liste des dégâts subis par le parti socialiste depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée est longue ».

La France, un pays avec « un courant central très puissant, politiquement, culturellement, socialement » !

Un peu plus loin dans le journal, on s’interroge sur les primaires, avec cette question dans le fond, « comment faut-il s’y prendre ? » et « une primaire favorise-t-elle forcément le candidat le plus en phase avec les militants les plus durs de son parti, au détriment des plus modéré ? » Réponse de l’ancien conseiller de Barack Obama, Joël Benenson: « c'est une idée fausse de penser que le résultat d’une primaire est déterminé par les parties. (…) Les États-Unis comme la France sont en réalité des pays profondément modérés dans lesquelles il existe un courant central très puissant, politiquement, culturellement, socialement. Ici, comme dans pourquoi beaucoup de pays, très peu de citoyens sont - si je puis dire - idéologiquement purs. Et au stratège américain de poursuivre, « dans l'histoire récente des États-Unis, à ma connaissance, courir après les extrêmes n'a jamais conduit à la victoire ».

#toutchanger mais quelles perspectives de changement ?

« L’Obs » garde son logo #toutchanger, affirmé la semaine dernière tel un nouvel engagement à long terme. La magazine propose une couverture joueuse ! Ambiance casino de Las Vegas, 2017, la machine à sous a trois visages qui tournent et peuvent tomber au hasard : Tête d’Hollande, tête de Sarkozy et tête Le Pen  (Marine) : « On prend les mêmes et on recommence ? » s’interroge le journal… pas très engageant.

Scandale d'État : Areva ? « Le Crédit Lyonnais du nucléaire »

Le magazine propose par ailleurs une enquête très fouillée sur « un scandale à 10 milliards d’euros »… Areva !  « l’Obs. » rentre dans le détail et explique « cette facture de ses échecs » qui « devrait être soldée dans les semaines qui viennent ».

« C'est un véritable casse-tête pour l'État actionnaire », « un cauchemar pour le ministre de l'économie Emmanuel Macron », ça va « coûter des milliards aux contribuables français »… 20 ans après le scandale du Crédit Lyonnais, « comme si aucune leçon n’avait été tirée de ce précédent par Bercy », « il est déjà établi que arriva sera un mini crédit Lyonnais » écrit Odile Benyada-kouder. Elle analyse, mais elle détaille l'addition aussi :

EPR finlandais : 4,5 milliards d'euros de surcoût

+ Uranim : 2 milliards

+ Georges-Besse II : 600 millions de surcoût

+ Adwen (éolien en mer) : 557 millions d'euros

+ Réacteur Jules Horovitz : 200 millions de surcout

= 7,9 milliards d'euros, sans compter un plan social de plusieurs centaines de millions d'euros et un arbitrage lancé par TVO en Finlande 2,6 milliards d'euros

"Anne Lauvergeon est en ligne de mire », explique « l’Obs » : « Elle a été entendue les 7 et 8 décembre par la brigade financière dans le cas de l'instruction menée sur l'achat controversée de Uramin  en 2007 ».

Et puis, des mines d'uranium inexploitable en Afrique, aux « éoliennes contestées », il y a aussi et « surtout un EPR qui accumule les retards en Finlande ». Aujourd'hui, détaille le journal, « les regards sont tournés vers ce qu'on appelle : le risque finlandais. (…) soit, le règlement du contentieux juridique sur le réacteur nucléaire de troisième génération. Lancé en 2004, le chantier devait s'achever vers 2009 ; on l’annonce désormais pour 2018 ». C’est pour cela que l’électricien TVO réclame 2,6 milliards d'euros de dommages et intérêts à Areva et à son allié de l'époque Siemens.

EDF – Areva : Fusion sous haute tension

Dans ce contexte, quid de la fusion Edf–Areva ? « L’express » titre sur « un mécano sous haute tension ». De fait, l'accord entre les « deux mastodontes du nucléaire français » en est au stade des dernières négociations. Mais tarde à se boucler. Pour y voir clair, chacune des entreprises a son domaine de compétences : « A l'un, la branche réacteur », « à l'autre, le business de l'atome ».

Quel doit être la tractation ?   «  Il est question de 2,7 milliards d'euros : la valeur à laquelle le groupe Areva entends céder à EDF l'une de ses principales activités, la fabrication et la maintenance de réacteurs nucléaires ».

Et où est-ce que le bas blesse ?

Côté EDF : un cadre anonyme témoigne : « nous nous étions mis d'accord sur le prix avant l'été, après deux mois de négociations très dures, mais rien n'a été gravé dans le marbre. La situation financière est très tendue : l'endettement atteint 37 milliards d'euros et nous avons dû emprunter de l'argent pour verser des dividendes aux actionnaires. Et surtout, nos besoins de financement dépasseront les 60 milliards durant la prochaine décennie afin de moderniser nos centrales… Pas question dans ces conditions d'acheter les activités d’Areva au prix fort ».

Côté arriva : « on n’entend pas non plus brader ses usines et ses ingénieurs » rajoute « l’Express ».

Ecole de commerces : Classement 2016 de « Challenges »

Et sans doute parce que « savoir faire des affaires » a une grande valeur, « Challenges » propose cette semaine 50 pages spéciales consacrées aux écoles de commerce.

L'an dernier, les écoles de commerce ont envoyé « plus de 14 000 étudiants en séjour académique hors de France », et ont accueilli « près de 30 000 élèves étrangers ».

Dans ses pages, le magazine explique que « la mondialisation du marché de l'enseignement supérieur pousse à se surpasser ». D’autant qu’apparaît désormais un paradoxe : « jamais les business schools françaises n'ont été aussi conquérantes à l'international, reconnues mondialement et innovantes dans leur pédagogie ». Et pourtant, « jamais, n’ont elle semblé aussi fragile face à un environnement concurrentiel exacerbé ». Même l’ancien directeur de HEC est inquiet : « avec la mondialisation du marché de l'enseignement supérieur (…) notre horizon aujourd'hui définitivement dépasse les frontières de la France ».

Le magazine  explique par ailleurs que les écoles de commerce française, « avec leurs acronyme difficiles  à prononcer et les particularités du système post prépa, finissent pas poser problème aux recruteurs des multinationales »... ça tient donc aussi à quelques détails…

« Les frais de scolarité des écoles de commerce ne cesse de monter » : Comment financer ses études ?

Là aussi on compte : « Désormais il faut en effet débourser plus de 40 000 € pour obtenir un Master à l’ESSEC et c’est souvent plus de 45 000 € dans des écoles post bac en cinq ans » a calculé « Challenges ». une somme « considérable pour les familles les plus modestes, dans un pays où l'enseignement gratuit est resté la norme ».  Ainsi le magazine détaille des solutions pour le coût ne représente pas un obstacle à l'entrée : « Aide de l'État et des écoles », « Prêt bancaire négociés ou garantis par l'État », « Apprentissage en alternance », « Job d'étudiant »… tout est détaillé de ce numéro.

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