Régionales : commune, département, région... A quelle collectivité les Français sont les plus attachés ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Les élections régionales souffrent d'un fort taux d'abstention.
Les élections régionales souffrent d'un fort taux d'abstention.
©Wikimedia Commons

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Les élections régionales en France se tiendront les 6 et 13 décembre 2015. Il s'agit de la dernière échéance électorale avant 2017 et la présidentielle. Traditionnellement, ces élections rencontrent moins de succès que des élections plus locales, et pour cause : la région n'est pas vraiment la collectivité territoriale préférée des Français.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Atlantico : Les élections régionales approchent à grand pas : elles auront lieu les 6 et 13 décembre et ont d'ores et déjà fait couler beaucoup d'encre. A la veille de la réforme territoriale en 2014, d'après TNS Soffre (voir ici), 75 % des Français étaient attachés à leur ensemble communal ou leur région. Que peut-on dire de l'adhésion des Français à leur région ? Ces chiffres sont-ils toujours d'actualité ?

Jean-Daniel Lévy : Tout d'abord, il est important de préciser que cet attachement à une région renvoie à des aspects qui sont appropriables. Les communes, les départements, les régions, ce sont des points auxquels on peut être assez attaché. Néanmoins, le fait est qu'en dehors de certaines régions très spécifiques comme l'Alsace, la Corse ou la Bretagne, il s'agit de la structure administrative à laquelle les Français sont le moins attachés. Au vu et au su de cette donnée, et dans le contexte qu'on connait actuellement, le débat sur la grande-région est aujourd'hui assez faible. Attachement identitaire pour partie, certes, mais pas nécessairement une volonté de défendre cette identité mordicus. Preuve en est : les régions sortent désormais du débat politique. Il est primordial de comprendre que se dire "attaché" à sa région lors d'un sondage n'implique pas forcément la certitude d'une mobilisation dans les urnes. C'est loin de signifier qu'il y aura plus de votants.

En outre, aujourd'hui, il devient difficile de savoir ce qu'est une région en tant que telle. Quand on se trouve dans des régions comme l'Île-de-France, les Pays-de-la-Loire, qui sont restées sur des périmètres comparables, les choses n'ont pas tant changé. Est-ce que les Français se déclarent toujours aussi attachés à leur région en tant que telle ? Pas vraiment, comme on a pu le constater avec l'incapacité à porter une revendication identitaire régionale (mais pas départementale). Les plaques d'immatriculation en témoignent tout particulièrement. Il n'y a pas de "marque" de la région en tant que telle. C'était, l'an passé, une grosse actualité mais aujourd'hui la problématique semble être retombée.

S'ils sont 75% à se dire attachés à leur ensemble communal ou leur région en septembre 2014, d'après un sondage TNS Soffre (voir ici), les Français sont 70% à se dire attachés à leur département et 88% à la France. Quel niveau territorial fait-il le plus de sens pour eux ? Pourquoi ? 

Indéniablement, il s'agit de la commune. Concrètement, c'est parce que la commune permet bien plus facilement des approches plus collectives. Dans une commune, les habitants connaissent le maire, qui devient une espèce de Président dans une communauté plus restreinte que la communauté nationale. Dans ce contexte, il sera ammené à  chercher la valorisation de son territoire. Quand nous interrogeons les Français sur une potentielle fusion des communes, les réponses sont majoritairement les suivantes : oui, il faudrait fusionner certaines communes ; oui, il y a trop d'argent dépensé, de manière générale, dans les communes ; non, nous ne sommes pas favorables à la fusion de notre commune avec la commune voisine.

Et pour cause ! Outre l'aspect uniquement pratique, la commune agrège également un aspect très identitaire. Cela joue fortement dans la perception que les Français peuvent en avoir et dans leur volonté de la préserver. C'est pourquoi la commune est la collectivité territoriale préférée, souvent devant la région. La proximité au sein de la collectivité et l'aspect identitaire font beaucoup de l'attrait de la commune, qui est souvent perçue comme plus "humaine", en termes d'échelle.

De la même façon, d'après un sondage BVA (voir ici) mené entre février et mars 2014, 51% des Français n'étaient pas favorables à un agrandissement de leur région. Comment s'explique ce rapport que les Français entretiennent à leur territoire ?  S'inscrit-il dans la durée ?

Tout ce qui ressemble de près ou de loin à une modification technique, et non pas à une modification politique, reçoit rarement un soutien appuyé de la part de l'opinion, faute de savoir le créer. Souvent, nous sommes faces à des évolutions purement administratives, qui ne touchent ni à l'identité, ni a la définition d'une action à proprement parler. Or, la France ne se met généralement pas en mouvement si elle ne sait pas où elle va. Cette réforme territotriale voulue par François Hollande souffrait d'un déficit de lisibilité et ne parvenait pas à guider ou indiquer une direction. De facto, les Français se sont montrés peu enclins à la suivre, quand bien même ils sont un peu moins attachés à leur région qu'à leur commune. 

Quant à savoir si c'est quelque chose qui s'inscrit dans la durée... C'est effectivement quelque chose que l'on peut dire. Il est assez frappant de constater que l'adhésion au territoire se manifeste de plusieurs façons. Qu'il s'agisse du regard qui est porté sur la commune (on est défini comme un habitant de telle ou telle commune), ou de la non-volonté de se projeter ailleurs que l'endroit où l'on se trouve en cas de catastrophe (comme les attentats de Paris) ; les manifestations sont multiples. Un drame renforce régulièrement la volonté des gens à s'ancrer dans la commune, le département ou la région dont ils se sentent proches.

Concrètement, cela pourrait-il avoir un impact sur les élections ?

Il y a quelques années, cela aurait vraisemblablement pu avoir un impact. Aujourd'hui, c'est beaucoup moins vrai : les débats ont nettement moins pris que par le passé. Ni à gauche, ni à droite, personne ne s'empare du sujet. Dès lors, il apparaît peu probable que la thématique joue véritablement sur les urnes. L'actualité récente a naturellement eclipsé ce sujet, réduisant logiquement son impact électoral. Cela ne traduit pas nécessairement un désintérêt de nos concitoyens pour la problématique, néanmoins. Un débat à caractère politique, donc traitant d'identité par exemple, intéresserait probablement beaucoup les Français. Comme la question des moyens et de l'utilité des régions à proprement parler, ce sont des sujets qui ont un certain écho auprès des Français. 

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