Quand les étoiles pavent le cadran et quand des millions pleuvent sous le marteau : c’est l’actualité caniculaire des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Le cosmos a un rendez-vous météoritique avec le temps (De Bethune)…
Le cosmos a un rendez-vous météoritique avec le temps (De Bethune)…
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Mais aussi une plongeuse chic dans sa livrée noire, une nouvelle architecture à moins de mille mètres d’altitude, quelques nuances de bleu qui se règlent au couteau, une rétronostalgie digitale, une fusée dans un musée et un tourbillon en apesanteur…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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H992 : Architecture chronométrique certifiée…

On va commencer cette chronique par une montre dont vous n’avez encore jamais entendu parler – et c’est un peu normal puisqu’elle vient de débarquer sur le marché. H992, nous dit-elle : H pour Horlogerie ou pour... hauteur, le 992 étant l’altitude en mètres de la ville de La Chaux-de-Fonds, cité natale de la marque et capitale manufacturière mondiale de la montre, puisque l’urbanisme rationalisé de la ville – aujourd’hui classé par l’Unesco – est entièrement axé autour des métiers de l’horlogerie. Ce n’est pas pour rien que l’équipe de H992 s’annonce comme « architecte horloger » – quoi de plus normal dans la ville natale d’un certain Le Corbusier ? Donc, H992 et un Swiss Made ardemment revendiqué, dans le style épuré comme dans le tour de main horloger (mécanique est officiellement certifiée chronomètre), mais heureusement pas dans le prix, puisque la première série de ces H992 ne comptera que 992 pièces facturées 992 francs suisses (un peu plus de 1 000 euros au cours du jour) – on n’est donc plus dans l’inflation tarifaire qui va finir par pénaliser l’horlogerie suisse. En variant les bracelets (caoutchouc ou maillons métalliques) et les cadrans (noir, bleu, vert, argent) de ces boîtiers en acier de 42 mm, on aboutit à neuf versions plutôt attractives, toutes dotées d’un mouvement automatique suisse (Sellita). On ne peut que souhaiter bonne chance à cette nouvelle initiative horlogère…

EBERHARD & CO : Plongée chic en livrée noire…

Il y a dans le « sport chic » des icônes qui restent malheureusement sous le radar, alors qu’elles mériteraient largement les honneurs de la notoriété, sinon les horreurs de la spéculation. La Scafograf de la manufacture suisse Eberhard & Co fait partie de ces montres d’exception, vénérées par les connaisseurs, mais négligées par les agioteurs. D’un certain côté, tant mieux : c’est un signe de reconnaissance entre initiés. Comme la marque est née voici 135 ans, Eberhard & Co nous propose une série de 135 Scafograf 200 [pour une étanchéité à 200 m] en DLC noir, avec un bracelet tout aussi noir (caoutchouc ou maillons métalliques noircis) et lunette avec insert en céramique noire. Pour la sécurité en grande profondeur, une valve à hélium très professionnelle complète la sécurité d’une couronne vissée. Le style Scafograf du cadran très contrasté dans sa luminescence ne trahit pas l’esprit d’une montre lancée entre la fin des années 1950 et l’aube des années 1960 : ce n’est pas pour rien que l’aînée de cette Scafograf 200, une réédition de la Scafograf 300, a remporté le prix de la montre de sport au Grand prix d’horlogerie de Genève en 2016 – et c’est une catégorie très courue ! En 43 mm, la nouvelle livrée noire de la Scafograf 200 est impressionnante au poignet…

DE BETHUNE : Aux confins d’un temps galactique…

Pour le plaisir des yeux, à moins que vous ne souhaitiez vous fâcher avec votre banquier, un coup d’œil sur une montre magnifique, que vous aurez peu de chances de croiser au quotidien puisque la manufacture De Bethune n’en produira guère qu’une poignée de cinq montres par an, que les collectionneurs ont déjà préempté moyennant un peu plus de 250 000 euros ! Un quart de million, c’est le prix à payer pour un tourbillon de précision chronométrique dont le cadran a été forgé dans les étoiles, voici quelques milliards d’années, à la naissance même de la notre galaxie, avant que la météorite née d’une prodigieuse explosion cosmique ne vienne percuter la Terre, voici un million d’années, quelque part entre la Finlance et la Suède. Cette météorite de fer et de nickel est la plus ancienne des météorites connues sur Terre : on la retrouve sur le cadran de cette DB25 Starry Varius Aerolite, bleuie à la flamme et piquetée d’étoiles d’or qui dessinent une voie lactée. Chaque amateur peut d’ailleurs choisir la constellation de son choix et même la voûte céleste très précise d’un lieu, d’une date et d’une heure ! Le boîtier ultra-léger est en titane poli et, si le cadran se donne des faux airs classiques en alternant chiffres romains et chiffres arabes [admirez au passage la délicatesse raffinée de leur style], la mécanique de cette montre reste on ne peut plus contemporaine par la précision à peu près inégalée de son tourbillon en titane dont la cage est la plus légère jamais crée dans l’histoire horlogère [le composant le plus léger de ce calibre DB2109V4 ne fait guère que 0,001 g !] : quelle autre montre sur cette planète peut se permettre de n’avoir que 0,00 seconde d’avance ou de retard par jour ? L’énergie soigneusement maîtrisée de l’infiniment petit et la force pure et brûlante d’une météorite surgie du fond des âges : ce n’est pas un temps banal que mesure cette DB25 Starry Varius Aerolite, c’est une vibration cosmique qui nous relie à l’âme du monde et à la poésie de son infinie grandeur…

CASIO G-SHOCK : Quelques nuances de bleu…

On va vous parler d’une montre que vous n’avez plus la moindre chance de trouver en boutique avant quelques semaines : il s’agit d’une Casio G-Shock – nos lecteurs auront reconnu la silhouette – revue et corrigée par l’atelier de design londonien Bamford Watch Department. George Bamford, le fondateur de l’atelier et désormais spécialiste du lifting horloger, a semé sur le boîtier noir de la montre et sur son bracelet quelques touches de son célèbre « Aqua Blue Bamford », déclenchant le jour de l’ouverture des commandes, devant la boutique G-Shock de Carnaby Street, à Londres, une bousculade homérique et même, dit-on des bagarres au couteau ! Il faut dire que cette DW-6900BWD-1ER poudrée de bleu par Bamford était proposée en précommande à un prix normal de 175 euros, mais qu’elle se pré-revend déjà pour plus de 1 175 euros sur les sites spécialisés. Allez savoir si les chahuteurs de Carnaby Street étaient des vrais amateurs ou de vulgaires spéculateurs – qui semblaient d’ailleurs ignorer que la montre serait en vente dans toutes les boutiques Casio de cette planète, sans annonce de limitation particulière par Casio ! En attendant, elle est bien jolie, cette G-Shock repoudrée de bleu et ça va être dur d’attendre la fin août pour en trouver une…

BRISTON : Rétronostalgie digitale…

La jeune marque indépendante française Briston – une des plus belles histoires horlogères françaises du XXie siècle – se permet un clin d’œil générationnel tout ce qu’il y a de plus inattendue. Fameuse pour ses boîtiers « tonneau » en « écaille de tortue » (acétate) ou en acier, Briston apporte à sa collection Streamliner un petit parfum rétro qui nous ramène dans les années 1970 – l’âge d’or des montres digitales. Les boîtiers de la nouvelle série des Streamliner Digital jouent avec les couleurs (vert fluo, bleu électrique, bordeaux, noir, orange, or rose, acier, etc.), mais le « cadran » affiche en chiffres au parfum délicieusement vintage toutes sortes de données utiles (l’heure, le chronographe au centième de seconde, l’alarme, le calendrier, etc.), le tout déclenchable comme à la grande époque par quatre poussoirs latéraux qu’on apprend très vite à manipuler efficacement. En 37 mml, ces boîtiers conviendront à tous les poignets, masculins ou féminins – avec la possibilité d’assortir ou de faire contraster les teintes du boîtier avec celles des bracelets Nato proposés par Briston. Cet été, il n’y a pas plus « mode » que la rétronostalgie horlogère et, comme cette Streamliner Digital n’est facturée que 140 euros (modèle ci-contre), il n'y a pas plus urgent que d’en faire sa « montre de l’été »…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• RICHARD MILLE : c’est en enchérissant jusqu’à 5,45 millions d’euros qu’un amateur aura le privilège de passer à son poignet la montre RM 52-01 « Vanitas vanitatum », une pièce unique taillée dans un verre saphir bruni et ornée d’une spectaculaire tête de mort (vente aux enchères Antiquorum du 19 juillet : ci-dessous). Voici deux ans, en février 2020, à sa sortie de la manufacture Richard Mille, cette montre avait été vendue deux millions d’euros à un collectionneur sud-américain. 250 % d’inflation en deux ans : l’horlogerie très haut de gamme ne se porte pas si mal et l’horloger français Richard Mille est un génie de la montre contemporaine ! •••• RAKETA : pendant la guerre en Ukraine, les travaux continuent. Dopée par sa forte croissance depuis quelques années, la manufacture russe Raketa ouvre un « espace artistique » – comprenez une sorte de musée de la marque et de son savoir-faire : pour faire chic, parlez d’un Factory Art Space – fertile en « émotions visuelles » sur le site même de ses ateliers de Saint-Pétersbourg, qui datent de l’ère soviétique. Rappelons que la toute première manufacture d’horlogerie et de joaillerie avait été fondée à cet emplacement par le star Pierre le Grand en 1721, ce qui fait de Raketa, qui a repris cette tradition [la marque a été rebaptisée ainsi en 1961, en hommage au premier vol habité de Youri Gagarine, « raketa » signifiant « fusée » en russe], la plus ancienne usine de Russie encore en activité… •••• JACOB & CO : une montre de cet horloger-joaillier new-yorkais est, à ce jour, le seul tourbillon trois axes à avoir échappé à l’attraction terrestre et le premier tourbillon de haute horlogerie à s’être promené dans l’espace. Le 8 avril 2022, la mission spatiale Axiom a quitté la Terre pour rejoindre la station spatiale internationale. Un des membres d’équipage du vol AX-1 portait à son poignet une Astronomia tourbillon triple axe de Jacob & Co, qui différentes vidéos tournées dans l’espace permettent de voir flotter en apesanteur. Cette montre, qui a parfaitement fonctionné en dépit des forces G extrêmement élevées au décollage comme au retour sur Terre, a parfaitement fonctionné dans la microgravité de l’espace. Elle sera vendue aux enchères le 26 juillet, lors d’une vente exceptionnelle dont le produit sera reversé à une institution charitable à vocation éducative…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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