Quand le pompon rouge donne dans le bleu et quand les secondes rougissent : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Bleu comme les uniformes de la « Royale », extrême comme ses nageurs de combat (Tudor)…
Bleu comme les uniformes de la « Royale », extrême comme ses nageurs de combat (Tudor)…
©

Atlantic Tac

Mais aussi les vingt ans d’une marque trop tranquille, la valve à hélium d’une sportive accessible, la manufacture qui veut sauver les âmes et la pendulette millionnaire…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

TUDOR : Inspiration militaire…

Il y a le bleu marine et le bleu de la Marine (nationale), mais ce ne sont pas exactement les mêmes couleurs : la maison suisse Tudor – marque-sœur de Rolex – a misé sur le bleu Marine nationale pour sa nouvelle montre de plongée Pelagos FXD, dont le développement technique a été menée en collaboration avec le prestigieux commando Hubert, un des fleurons des forces spéciales françaises. L’esthétique est très réussie, avec, sur le fond de la montre, un marquage « M.N. 21 » qui rappellera aux amateurs le bon temps des montres que la Marine nationale commandait pour ses nageurs de combat dans les années 1970 et 1980 [les relations officielles entre Tudor et la « Royale » remontent en fait à 1956]. Dans le même esprit « militaire », les barrettes qui assurent la liaison entre le bracelet (lui aussi d’inspiration réglementaire) et le boîtier sont fixes pour une robustesse accrue de l’ensemble. Les aiguilles « flocon de neige » assurent une lisibilité parfaite et la lunette de cette montre en titane de 43 mm est en céramique, avec assez de matière luminescente (SuperLumiNova) là où il faut, notamment sur les index, pour un repérage précis dans la pénombre. On notera que les crans de cette lunette tournante sont légèrement surdimensionnés pour qu’on puisse manipuler cette lunette avec des gants ou même avec des moins engourdies par le froid. Les amateurs auront le choix entre le bracelet textile et un bracelet en caoutchouc. Même sans porter le bachi (béret traditionnel à pompon rouge des marins français), même sans risquer une descente en profondeur (la montre est étanche à 200 m), on se sent un autre homme avec une telle montre au poignet…

PILO & CO : Respiration suisse…

Cette maison suisse indépendante est probablement une des plus méconnues du cluster horloger genevois, mais elle gagne à être connue. Ne serait-ce que parce que c’est, dans la moyenne gamme suisse, la seule marque indépendante de Genève à posséder deux boutiques ans la ville, l’une rive droite sur les hauteurs de Saint-Gervais qui surplombe le Rhône, la seconde rive gauche, près de la plaine de Plainpalais. Fondée par un professionnel de l’horlogerie qui avait œuvré pour des maisons comme Baume & Mercier, Raymond Weil, Doxa ou Favre-Leuba en assimilant là une vraie expérience de la moyenne gamme, Pilo & Co [du nom de son fondateur, Amarildo Pilo] fête cette année ses vingt ans de fidélité à une certaine idée de la montre Swiss Made accessible : quinze collections et 120 modèles témoignent de cette vision pragmatique, qui ne pratique pas des prix relevant de l’extorsion de fonds (les gammes vont de 300 euros à 1 500 euros, très rarement plus), qui marie expression mécanique et générosité esthétique, pour les hommes comme pour les femmes – comme cette collection Allegra, qui a tout d’une grande (boîtier « tonneau » emblématique de la marque, diamants, cadran en nacre aux couleurs amusantes : ci-dessous), sauf précisément le prix.

EBERHARD & CO : Vocation sportive…

Si on vous raconte que le fond de l’air horloger de cet automne est vert, n’en croyez pas un mot : la preuve avec la Pelagos de Tudor ci-dessus et la confirmation de la preuve avec la Scafograf 300 d’Eberhard & Co ci-dessous. Rien que du bleu, mais quel bleu ! Pas tout-à-fait celui des marins français, mais un bleu marine rendu encore plus profond par la luminescence ivoirée des chiffres, des index et des aiguilles de cette série « MCMLIX » – 1959 étant la date de lancement initiale de ces Scafograph. Le boîtier de 43 mm est étanche à 300 m, la valve à hélium latérale garantissant une résistance à une bien plus grande profondeur. Pour la touche de style, un verre saphir bombé pour protéger le cadran et une finition mate du boîtier, qui propose une lunette tournante en céramique, avec l’indispensable bracelet à maillons métalliques pour le respect des codes du « sport chic » sans lequel une montre automatique urbaine se sentirait aujourd’hui déconsidérée. La bonne nouvelle est pour la fin : le tout n’est facturé qu’un peu moins de 3 000 euros. Si, si, c’est possible pour du Swiss Made, la preuve…

ROMAIN GAUTHIER : Innovation mécanique…

Continuum : quel joli nom pour une montre contemporaine inspirée par les traditions quatre fois séculaires de l’art horloger ! Continuum : on sent l’envie de prolonger cette façon unique au monde de créer des montres qui défient le temps. Natif de cette vallée de Joux où ne se comptent plus les petits et les grands génies de l’horlogerie suisse, Romain Gauthier est un des nouveaux noms qui circulent chez les amateurs. Avec son boîtier contemporain en titane, cette Continuum est le fruit d’une quinzaine d’années de travail pour approfondir savoir-faire et science mécanique : on remarquera l’architecture avant-gardiste du cadran, notamment le travail sur la dynamique de la « petite seconde » à sept heures. Le cadran en titane a été sablé et traité avec un revêtement spécial pour limiter les reflets et concentrer le regard sur les indications les plus importantes : celles des aiguilles, des chiffres et des index. On notera aussi la couronne de remontage à deux heures, avec son anneau en caoutchouc rouge qui en facilite la manipulation. On vous fait grâce de toutes les micro-innovations mécaniques dont le mouvement à remontage manuel est truffé, mais c’est un des plus « pointus » de toute l’horlogerie suisse. Il n’y aura malheureusement que 29 Continuum de cette série pour tous les collectionneurs de cette planète : ne vous étonnez pas s’il n’en reste pas une seule pour vous…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• ONLY WATCH : avec leurs « pièces uniques » offertes pour la vente charitable Only Watch 2021, les horlogers auront cette année offert trente millions de francs suisses (un peu moins en euros) à la recherche contre les myopathies. Vedette de la vente : la pendulette de bureau Patek Philippe, adjugée à un amateur de raretés horlogères pour 9,5 millions de francs (vidéo ci-dessous). Cette vente a également vu le triomphe de jeunes marques « millionnaires » dont les montres ont été poussées au-delà du million de francs suisses : F.P. Journe, Audemars Piguet, Richard Mille et De Bethune (pièces dont Atlantic-Tac vous avait déjà raconté à quel point elles étaient exceptionnelles). Tiens, ces cinq grands vainqueurs sous le marteau de Christie’s étaient des marques indépendantes : ça doit être un pur hasard… •••• GREUBEL FORSEY : la marque indépendante suisse qui se flatte du prix moyen le plus élevé de toute l'horlogerie internationale (à peu près 400 000 euros par montre) ambitionne de donner une seconde vie aux montres déjà vendues à ses collectionneurs au cours de ces dernières années – spécialiste des hautes mécaniques à forte indice d’innovations techniques, la marque n’existe que depuis 2004. On pourra ainsi rétromoderniser ces pièces, en leur ajoutant des complications ou des compléments mécaniques supplémentaires (ci-dessous), voire en changeant leur décoration ou leurs couleurs, dans un esprit d’économie circulaire qui vise à prolonger la vie des montres et surtout à sauver leur « âme » à travers les années. Ce programme « Renaissance d’une montre » est clairement expliqué dans un article de Business Montres, qui en situe les enjeux : rendre les montres de très haute horlogerie réellement intemporelles en lui permettant d’accéder à une sorte de pérennité mécanique, sinon d’éternité à perpétuité. Intéressant à suivre, en espérant que d’autres marques se mettront à cette rétromodernisation de leurs modèles précédents…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !