Quand le chrono se met en quatre et quand les minutes font sonner l’or : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une géométrie impossible à définir au service d’un concept mécanique ébouriffant (MB&F).
Une géométrie impossible à définir au service d’un concept mécanique ébouriffant (MB&F).
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Atlantic-Tac

Mais aussi les courbes paraboliques d’un vaisseau spatial horloger, un hommage à un grand écrivain-journaliste, un digne successeur des grands maîtres horlogers des siècles passés, un tremblement de terre dans le paysage des montres et quelques autres nouvelles…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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CUERVO Y SOBRINOS : Lettres cubaines…

Un peu de culture littéraire dans un monde de brutalité mécanique : la maison helvéto-cubaine Cuervo y Sobrinos, qui a repris les traditions lointaines d’un des plus fameux distributeurs de montres à Cuba, nous propose une collection Historiador Hemingway, en hommage à un des plus célèbres écrivains américains du XXe siècle, grand amoureux de la latinité caraïbe et, surtout, client « historique » de la boutique Cuervo y Sobrinos à La Havane. Plusieurs propositions en 40 mm, toutes d’inspiration très vintage, dans cette nouvelle collection, officiellement partenaire de la fondation Ernest Hemingway [c’est toujours plus honorable qu’un collab’ éphémère avec un obscur rappeur mal déjanté] et dotée d’excellents mouvements automatiques suisses – comptez entre 2 600 et 3 200 euros selon les modèles. Grand journaliste, perpétuel rebelle, excellent chasseur et passionné de pêche au gros, Ernest Hemingway aurait adoré ces montres certes suisses, mais si culturellement cubaines…

EBERHARD & CO : Vingt ans après…

Quand on regarde ce chronographe Eberhard & Co, on comprend tout de suite pourquoi il s’appelle « Chrono 4 » : au lieu des habituels sous-cadrans à 12 h, 3 h, 6 h ou 9 h, les quatre compteurs du décompte chronographique ont été alignés dans un esprit de suite ultra-logique (de gauche à droite : minutes, heures, vingt-quatre heures et petite seconde permanente). C’était, il y a vingt ans, une des plus belles idées de Palmiro Monti, qui était alors l’actionnaire et le patron de la maison suisse Eberhard & Co. Original et simple : il suffisait d’y penser ! Sauf que ce n’était pas si simple de développer les compétences techniques qui ont permis d’ajouter une telle complication mécanique à un mouvement suisse. Pour fêter ces vingt ans, Eberhard & Co nous propose une version en acier de 42 mm (lunette acier ou lunette céramique pour loe tachymètre, avec différents cadrans dont un superbe bleu texturé en « clous de Paris », avec plusieurs options de bracelets. Avec le tachymètre qui commence à chronométrer dès les 800 km/h, on a de la marge ! La grande date à douze heures équilibre l’ensemble de cette « valse à quatre temps » dédié à la lecture chronographique…

MB&F : La transparence des courbes paraboliques…

Un « truc » horloger dans ce goût-là, vous ne l’avez sans doute encore jamais vu ! Est-ce bien une montre ? Il est permis d’en douter, mais un examen attentif de ce boîtier galactico-insectoïde et de ce que sa transparence révèle permet rapidement de conclure à une « machine mécanique » qui ne saurait être signée que le laboratoire créatif MB&F, c’est-à-dire par Maximilian Bûsser et ses Friends. Nom de code : HM9-SV (« SV » pour « sapphire vision »), mais gageons que les amateurs lui trouveront vite un patronyme plus évocateur. On plane ici dans des formes de « machines » qui n’auraient pas déparé les pages des manuels automobiles et aéronautiques des années quarante et cinquante, avec des volumes, des lignes de fuite, des « bulles », des hélices, des rivets et des enchevêtrements mécaniques à la limite du steampunk – talent horloger et réalisme carpo-révolutionnaire en prime. Une endomachine subtilement logée dans l’exosquelette d’une carcasse cristalline : pourquoi pas, c’est en tout cas sacrément bizarre, mais, au poignet, impossible de rester dix secondes sans se faire questionner sur le comment du pourquoi d’une telle « montre », dont on comprend très vite qu’elle a tout d’une montre classique (ponts, rouages, engrenages, balanciers, barillet, cadran, aiguille, etc.), sauf tout a été reformaté, recomposé et réarchitecturé en courbes paraboliques aux transparences vertigineuses. La précision mécanique ultime reste au rendez-vous, mais on ne sort pas indemne d’une telle expérience de dynamique néo-horlogère.

LEDERER : Un autre état d’esprit…

Bernhard Lederer, un des plus géniaux – quoique rugueux – horloger de son époque, profite des prochains Geneva Watch Days (voir notre « Bon à savoir » ci-dessous) pour présenter une très belle version en acier de son chronomètre à impulsion centrale, une pièce mécanique dont l’échappement [le dispositif qui régule la marche de la montre dans une logique de précision chronométrique] est sans doute le descendant le plus abouti des recherches entreprises au XVIIIe siècle par Abragam Louis Breguet et proursuivie au XXe siècle par George Daniels. Il n’y aura que 25 montres de 44 mm dans cette série en acier au cadran gris-bleu-vert Pacifique, doté du calibre à haut rendement et échappement révolutionnaire de Bernhard Lederer, qui lui avait permis de remporter le prix de l’Innovation au Grand prix d’horlogerie de Genève 2021. En toute honnêteté, cette montre est une borne milliaire dans l’histoire des montres mécaniques : chaque détail technique et chaque composant ont été repensés dans un esprit à la fois traditionnel (dans l’exécution) et avant-gardiste (dans la conception), en alliant une évidente rigueur germanique dans le culte de la précision à une construction teintée de non-conformisme latin, le tout démultiplié par la passion suisse de la bienfacture horlogère. On peut vraiment ici parler d’un nouvel art du temps…

BREGUET : L’esthétique d’une perfection mécanique…

Si vous avez une tirelire à casser pour satisfaire une irrépressible envie de belle montre, passez donc chez Breguet (excellent accueil place Vendôme si vous êtes parisien) pour vous intéresser à la référence 7637 : une « répétition minutes » de la collection Classique. Si la montre donne l’heure (deux aiguilles suffisent), elle se permet aussi de sonner les heures, les quarts et les minutes, à la minute près, en actionnant le poussoir logé à gauche dans la carrure de la montre : c’est un souvenir nostalgique des temps obscurs et sans électricité où le son était le seul moyen de connaître l’heure dans la pénombre sans rallumer la moindre chandelle. La mise au point harmonique et mélodique de cette sonnerie greffée sur le mouvement horloger relève de la haute virtuosité mécanique. Pour compléter cette évocation nostalgique des chefs-d’œuvre horloger du XVIIIe siècle, le cadran de cette montre de 42 mm est réalisé en émail grand feu – la virtuosité artistique tient ici à l’homogénéité et à la perfection de la teinte de ce cadran en émail. L’or rose étant un des métaux qui « conduisent » le mieux le son, Breguet a travaillé en or les timbres qui transmettent la sonnerie des heures, des quarts et des minutes : la performance sonore s’en trouve cosidérablement améliorée. Vous ne résisterez pas à la tentation de placer les aiguilles à 11:59 avant d’actionner le poussoir, histoire de mieux profiter des onze sonneries de l’heure, des trois sonneries des quarts (sur une note différente) et des quatorze sonneries des minutes (encore une autre note) qui annoncent ces 11 heures et 59 minutes. On prend les paris ?

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté… »

•••• ROLEX x BUCHERER : naissance d’un mastodonte horloger avec le rachat du réseau Bucherer (une centaine de boutiques dans le monde) par le groupe Rolex, qui se repositionne ainsi au deuxième rang mondial des groupes de luxe horlogers-joailliers (derrière le groupe Richemont, mais loin devant LVMH et le Swatch Group). Pour les détails de cet accord ultra-stratégique, on pourra se reporter aux analyses de Business Montres (24 août), mais il est certain que c’est un séisme pour l’industrie des montres : les concurrents du groupe Rolex peuvent-ils confier le développement de leurs marques à leur principal compétiteur, déjà très puissant et désormais dominateur. Les grands détaillants internationaux de l’univers horloger – qui ne prospèrent que grâce à leur enseigne Rolex – savent désormais que le sort est inexorablement lié au bon vouloir du groupe Rolex. C’est plus qu’un jeu : vous avez dit « Monopoly » ? •••• GENEVA WATCH DAYS : c’est la semaine prochaine, dans le centre de Genève, que s’ouvre le rendez-vous désormais traditionnel de la rentrée horlogère, avec une quarantaine de marques « officielles » et à peu près deux fois de marques « non officielles » engagées dans différentes opérations de promotion horlogère au même moment, toujours à Genève. Ambiance cool, expositions indépendantes les unes des autres et surtout « éclatées » dans différents lieux, nouveautés à chaque halte, décor d’un bord de lac festif sur fond de lac et de jet d’eau genevois : l’événement est prometteur ! •••• GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE : on saura la semaine prochaine quelles montres vont accéder à la finale du GPHG et à la remise des prix prévue en novembre prochain. Les six marques finalistes pour chacune des quinze catégories de récompense ont été sélectionnées par l’Académie du GPHG (650 professionnels et amateurs triés sur le volet), les prix étant ensuite attribués pour moitié grâce à un nouveau vote électronique de ces académiciens et pour moitié modéré par le vote d’une trentaine de jurés « physiques » venus examiner les montres à Genève. Au choix : on prend les mêmes marques que les autres années et on recommence, ou bien on décide de vraiment récompenser les nouveaux talents créatifs de l’horlogerie, sans préséances ni considérations pour le prestige des « marques » engagées dans la compétition…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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