Quand la nostalgie enfourche le 4 et quand la témérité l’emporte : c’est l’actualité des montres aux premières heures de 2023<!-- --> | Atlantico.fr
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Un cadran grainé dégradé pour une plongeuse octogénaire (Panerai)…
Un cadran grainé dégradé pour une plongeuse octogénaire (Panerai)…
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Atlantic-Tac

Tout en présentant nos vœux à tous nos lecteurs, nous leur parlerons aussi d’une passionnée de voile, d’une élégante enfumée, d’un très précieux citron vert, de lapins zodiacaux, d’une inflation et de quelques anniversaires…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LABAILS : Audacieuse témérité…

Vous ne connaissez pas ce nom de marque et vous ne devez même pas savoir le prononcer (il faut dire « labaye ») : c’est normal, cette toute jeune marque indépendante française (néanmoins Swiss Made aux entournures) n’existe que depuis quelques jours ! Le moins qu’on puisse dire d’Alexandre Labails, son fondateur (un Francilien né en 1991), c’est qu’il n’a pas froid aux yeux. Non seulement il entend proposer aux amateurs les montres les plus exceptionnelles qui soient, mais il ne recule devant aucune barrière mentale puisqu’il exige un peu plus de 2,2 millions d’euros pour chacune des dix nouvelles montres de sa première collection Temerity ! C’est ce qui nous a fait dire que c’était « la nouvelle marque la plus culottée de ces dix dernières années » (Business Montres du 4 janvier) : c’est en tout cas la plus sévèrement tarifée de toute l’histoire des créations horlogères. Avec la témérité de ce nom de baptême, on aurait dû se méfier… Le plus étonnant, c’est qu’on n’est pas loin du sans-faute dans cette arrivée sur le marché : l’esthétique est puissante (boîtier tonneau en verre saphir de 52 mm, mouvement soigneusement architecturé et tout aussi minutieusement anglé, poli et décoré) et la mécanique exigeante, puisque ce chronographe hors normes – conçu par l’atelier Chronode, en Suisse – est doté d’un tourbillon, de deux barillets (qui disposent chacun de leur vitesse de rotation et de leur indicateur de réserve de marche) et, surtout, d’un très original système de gestion optimisée de la consommation d’énergie – c’est le poussoir visible à gauche du boîtier (la vidéo ci-dessous aide à mieux comprendre la haute technicité horlogère des 600 composants de cette montre). Difficile d’en dire plus à ce stade, mais la naissance de Labails est une excellente nouvelle pour la nouvelle génération horlogère tricolore, dont la pyramide des marques se trouve ainsi coiffée par le haut d’un spectaculaire pyramidion. Une naissance inattendue et presque inespérée, qui place la barre à un niveau encore jamais atteint par une jeune marque française…

MARCH LA.B : Voileuse passion…

Maison horlogère indépendante, parisienne et fièrement française, March LA.B n’est jamais en retard du moindre frisson de la mode [et pas seulement au poignet], ni surtout en retard d’une bonne intuition quand il s’agit de miser sur le bon équipage. Dans la récente Route du rhum à la voile, les montres March LA.B étaient au poignet du vainqueur, Charles Caudrelier, qui barrait Gitana, le maxi Edmond de Rothschild, et qui a profité de cette victoire pour battre le record de la traversée transatlantique en six jours, dix-neuf heures, quarante-sept minutes et vingt-cinq secondes. Pour célébrer cet exploit, March LA.B lance une série Belza Gitana, avec un nouveau boîtier (bronze rose ou acier) de 40 mm et un mouvement automatique suisse (l’excellent La Joux-Perret G100). Tous les codes de la montre à vocation océanique sont respectés, du bracelet à maillons métalliques à la couronne protégée par sa position à quatre heures, sans oublier l’étanchéité à 200 mètres, la lunette tournante délicatement nervurée et le cadran très fonctionnel. Le fond de cette Belza Gitana est orné d’une gravure en relief du Maxi Edmond de Rothschild. Une montre « gagnante » (comptez 2 300 euros), dont le style nautique chic s’accordera aux mers lointaines comme aux aventures urbaines…

PANERAI : Lumineuse élégance…

Si Panerai fête cette année les trente ans de ses premières montres « civiles » [jusqu’en 1993, les productions de l’Officine Panerai florentine étaient réservées aux forces armées], la maison – aujourd’hui intégrée dans l’écurie Richemont – ne tardera plus à fêter les 90 ans de sa première Radiomir, qui remonte au milieu des années 1930. À l’époque, les montres Panerai commandées par la Marine royale italienne étaient réalisées par la manufacture suisse Rolex, qui fournissait à la fois les mouvements [il s’agissait de calibres mécaniques de montres de poche] et les boîtiers « coussin ». C’est l’usage du radium pour rendre les chiffres et les aiguilles plus lumineuses dans la pénombre (sous la surface) qui avait justifié le nom de Radiomir. Panerai revient à ses racines en relançant une nouvelle et très sobre édition de cette Radiomir Origine, en 45 mm, avec un superbe cadran grainé mat et fumé (dégradé du centre vers la périphérie, dans un bleu très contemporain (PAM 01335) ou un gris très élégant (PAM 01334) – le mouvement « manufacture » est à remontage manuel et les 100 mètres d’étanchéité sont largement suffisants pour un usage tout-terrain. Une vraie gourmandise pour amateur, qui ne devrait pas vous entraîner au-delà des 6 900 euros, mais dont le style très affirmé vous classera définitivement dans la classe des connaisseurs…

SEIKO : Rêveuse nostalgie…

Le plus célèbre des horlogers japonais, la manufacture Seiko, n’a lancé sa première montre-bracelet qu’en 1913, il y aura cent dix ans cette année [c’était également la première montre-bracelet japonaise] : à cette époque, les amateurs du monde entier ont commencé à basculer massivement de la montre de poche vers la montre de poignet. Cette première Seiko était la Laurel (1913) et elle était dotée, comme les montres de poche de l’époque, d’un cadran en émail, inaltérable en dépit des années : cent dix ans plus tard, toujours sous la signature de Seiko, une montre automatique Presage reprend l’esthétique de cette Laurel, avec un boîtier en acier de 37,5 mm au galbe très harmonieux, une couronne de remontage surdimensionnée, un chiffre 12 rouge à midi comme autrefois, une petite seconde à six heures, avec des aiguilles bleuies et des chiffres « à l’ancienne » pour compléter l’illusion. On regrettera que Seiko ait gâché la pureté de ce cadran historique en lui ajoutant une réserve de marche parfaitement inutile pour une montre automatique (aiguille à neuf heures). Un bon point cependant : la barre du 4 a conservé sa « fourche » d’autrefois – on se perd en conjectures sur ce raffinement typographique. Et une dernière bonne nouvelle : Seiko n’exige que 1 900 euros pour cette édition limitée à 2 500 exemplaires, qui prendre certainement de la valeur dans les années qui viennent tellement elle semble réussie…

PIAGET : Précieuse fantaisie…

Non, vous ne rêvez pas : vous êtes bien penché au-dessus d’un cocktail exotique quand vous regardez le cadran de cette montre Joyful Sharing de Piaget. Vous y distinguez, sur un fond de cubes de glace réalisés en émail translucide, de précieuses rondelles de citron vert et des feuilles de menthe minutieusement sculptés en relief. Le tout ponctué de précieux diamants qui allument leurs reflets dans la lumière d’une fête imaginaire : chez Piaget, on a toujours su marier l’univers de la joaillerie et celui de la haute horlogerie. On est tenté de consommer sans modération l’art de vivre en bonne compagnie auquel nous convie Piaget, avec un art très subtil d’avancer sans perdre l’équilibre entre fantaisie et maîtrise des beaux-arts de la montre. Les artistes s’appellent ici Anita Porchet, la plus célèbre des émailleuses suisses, et le trop discret Dick Steenman, graveur néerlandais établi en Suisse, où ses burins magiques multiplient les micro-merveilles figuratives qui tiennent dans un boîtier de montre – même si elles participent d’un canevas commun, chacune de ces Joyful Sharing est forcément unique, parce qu’elles naissent de la main des hommes et des femmes qui les créent…

BON À SAVOIR : en vrac, en bref et en toute liberté…

•••• ANNÉE DU LAPIN : en souvenir de la grande bulle horlo-asiatique des années 2010, les horlogers suisses perpétuent leur tradition de montres dédiées aux signes du zodiaque qui marquent chaque Nouvel An chinois. Dans quelques jours, la tradition asiatique fêtera ainsi l’Année du Lapin. Toutes les marques très dépendantes de l’Asie y sont allées de leur célébration, au risque de s’attirer les quolibets de collectionneurs locaux de plus en plus indifférents à cette tradition [c’est un peu comme si ces mêmes marques créaient chaque année pour les Européens des montres avec des rois mages ou des pères Noël]. Pour sauver la face, ces marques suisses rivalisent dans le prétexte culturel à grand renfort de « métiers d’art ». C’est rarement convaincant et assez souvent de mauvais goût : à se demander si les marques, qui en font trop, ne perdent pas un peu de leur âme dans ce genre d’exercice (ci-dessous : le Lapin de jade d’Harry Winston)… •••• ROLEX : troisième augmentation des prix en douze mois pour la marque à la couronne, dont les prix auront donc progressé en moyenne de 18 % à 20 % en un an. Ceci pour s’ajuster, nous assure-t-on, aux disparités monétaires entre la zone dollar et la zone euro. Pourquoi pas, mais ce n’est pas anodin [environ 2 000 euros pour une montre commandée à 10 000] pour les amateurs qui avaient passé commande en 2021 à un certain prix et qui se voient ainsi pris au piège… •••• ANNIVERSAIRES : l’année 2023 s’annonce riche en grands anniversaires et on sait que les horlogers suisses adorent célébrer les fastes iconiques de leur passé. Au programme, entre autres et par ordre d’ancienneté, les 110 ans de la première montre-bracelet chez Seiko (la Laurel : voir sa réédition quelques paragraphes plus haut), les 75 ans de la Seamaster chez Omega (un modèle civil dérivé d’un contrat de montres militaires), les 70 ans de la Fifty Fathoms chez Blancpain (c’était la première montre de plongée « moderne », développée à la demande des nageurs de combat français), les 70 ans de la Submariner chez Rolex (qui a définitivement fixé les codes des « plongeuses » contemporaines), les 70 ans de la montre de pilote Airman chez Glycine (c’est l’ancêtre des montres à double fuseau horaire), les 60 ans de la Daytona, toujours chez Rolex (c’est le parangon de tous les chronographes du marché), les 60 ans de la Carrera chez TAG Heuer (hier, la marque n’était encore que Heuer), les 50 ans des premières Must de Cartier, les 40 ans de la première Swatch, les 30 ans de la première Royal Oak Offshore chez Audemars Piguet (une montre immortalisée par le design génial d’Emmanuel Gueit) et les 30 ans des premières montres « civiles » chez Panerai…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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