Quand la lumière se rit de la pénombre et quand la plongeuse super-compresse : c’est l’actualité frimaire des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une aiguille à pointe verte pour miser sur le noir ou sur le rouge (Franck Muller).
Une aiguille à pointe verte pour miser sur le noir ou sur le rouge (Franck Muller).
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Atlantic-tac

Mais aussi un casino sous le cadran, un voyage qu’aurait adoré Jules Verne, un hommage aux étendards du Prophète, une nageuse magnifiquement caratée et des contes de Noël sur la Lune…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS MOINET : Un voyage onirico-insulaire…

Il y a clairement des affinités particulières entre l’univers horloger et l’univers des Voyages extraordinaires de Jules Verne – cela tient sans doute à une obsession commune pour les rythmes du temps qui passe (axe romanesque de nombreux Voyages), un tropisme exploratoire pour découvrir d’autres mondes et un goût particulier pour la précision, celle des mécaniques littéraires autant que celle des rouages d’un calibre maison. Voici donc un nouvel hommage à Jules Verne, par la maison Louis Moinet qui est familière : ce Jules Verne Tourbillon se veut dédié à L’Île mystérieuse et c’est un « voyage » artistique à l’esthétique très particulière. Le guillochage qui cercle le cadran ajoute au mystère d’un disque central dont le matériau (lapis-lazuli, météorite lunaire ou opale, selon une des huit versions artisanales) et rend chaque montre unique (boîtier de 40 mm aux lignes bien maîtrisées) : pendant que le tourbillon à six heures tourne indéfiniment sur lui-même pour régler la précision de la montre, on se prend à rêver entre les vagues ensoleillées de ce guillochage et la profondeur étoilée de ce lapis-lazuli. Si Jules Verne avait connu les montres-bracelets, il aurait adoré cette Louis Moinet, manufacture suisse dont le nom rend justice à Louis Moinet, un des plus grands horlogers français du XIXe siècle, injustement méconnu des manuels d’histoire de l’horlogerie parce qu’il était… français et que ces manuels sont généralement écrits par des historiens… suisses !

LONGINES : Une légende super-compressée…

C’est encore dans le sillage des vieilles icônes qu’on fait les meilleures soupes horlogères : si Longines n’a lancé sa première « montre de plongée » qu’en 1959, avec un système assez révolutionnaire de lunette tournante intérieure et de double couronne vissée (type Super-Compressor), la tradition s’est maintenue jusqu’à nous, au point d’inspirer une nouvelle série de Legend Diver qui semble avoir miraculeusement échappé à l’obsolescence programmée de tant de propositions horlogères. En 39 raisonnables millimètres, c’est une « plongeuse » d’allure classique, étanche à 300 m, avec un mouvement automatique certifié chronomètre (pour la précision) et résistant aux chocs comme aux influences magnétiques. Le cadran est d’une netteté appréciable, avec des chiffres, des aiguilles et des index lisibles dans l’obscurité grâce à une bonne dose de Super-LumiNova. Avec cette nouvelle Legend Diver, Longines a su rester dans l’esprit originel des Super-Compressor, en le repensant dans le respect de son intemporelle identité : sur bracelet cuir, toile ou acier, moyennant 3 300 euros (premier prix), c’est une des plus intéressantes « montres à tout faire » de cette fin d’année, en costume de ville comme en costume de bain, au bureau comem en week-end…

FRANCK MULLER : Faites vos jeux…

Las Vegas, c’est la capitale américaine, sinon mondiale, des casinos, mais c’est aussi la ville du Grand prix de F1, qui se court sur un circuit urbain. La manufacture genevoise Franck Muller fait d’une pierre deux coups, en ajoutant la précision d’une mécanique suisse très particulière au goût du risque qui marque l’esprit casino aussi bien que l’audace des champions automobiles. Quand on presse le poussoir au centre de la couronne de remontage, on lance l’aiguille centrale à pointe verte autour de la roulette : elle s’arrêtera de façon aléatoire et vous saurez si vous avez gagné en mise sur le pair ou l’impair, le rouge ou le noir ou votre chiffre porte-bonheur. Le tout dans un boîtier d’avant-garde en carbone (45 mm), toujours dans la collection Vanguard qui restyle en mode contemporain l’esprit des montres tonneau de la tradition horlogère. Le cadran de cette élégante Vanguard Racing Vegas est particulièrement spectaculaire. Dommage que cette édition limitée de vingt pièces ne soit réservée qu’au marché américain : on attend la même en version Monaco [une autre ville où les casinos rencontrent la F1], mais cette mécanique particulièrement ludique et ce principe de lancement/arrêt aléatoire mériterait d’être exploré dans beaucoup d’autres univers – les amateurs se souviendront ici de la Bunnysutra osée par Swatch il y a tout juste vingt ans : les ligues de vertu n’avaient pas apprécié l’humour sexy de cet hommage aux vaillants léporidés…

DE BETHUNE : En vert et contre tout…

On comprend mieux le choix de ce vert profond quand on apprend que cette montre De Bethune DBD Evergreen est une série limitée (20 montres) destinée au marché proche-oriental : là-bas, c’est la couleur fétiche, celle du paradis d’Allah et des étendards de ses guerriers. De Bethune a choisi de consacrer un de ses boîtiers les plus emblématiques – une forme qui existe depuis près de vingt ans dans les collections de la manufacture – à cet hommage, avec un cadran traité en « côtes de Genève » longitudinales [encore une innovation pionnière de De Bethune dans l’histoire horlogère] et un magnifique affichage digital des heures sautantes (en bas du cadran), des minutes (au centre) et du calendrier (jour, date et mois) dans un guichet en haut du cadran. Notez l’élégante couronne de remontage et de mise à l’heure, déportée au sommet de ce boîtier en titane de 42,6 mm, ainsi que les cornes en « obus » dans le bas de la montre. Les finitions du mouvement restent d’un niveau superlatif rarement atteint de nos jours dans l’horlogerie suisse. Le plus épatant est sans doute que cette montre-bracelet née dans les années 2020 s’impose comme une passerelle magistrale lancée entre les chefs-d’œuvre horlogers du XVIIIe siècle, qui étaient alors des montres de poche, et les instruments du temps de notre époque. Une bonne nouvelle, très paradoxale, pour la fin : cette montre exceptionnelle n’est facturée qu’autour des 100 000 euros – c’est très coûteux, mais finalement pas si cher pour cette intensité de virtuosité esthético-mécanique…

BELL & ROSS : Que la lumière soit…

Il aura fallu plus d’un siècle pour que les créateurs de montres-bracelets comprennent vraiment l’importance de la luminescence sur un cadran : si l’industrie horlogère a commencé par « illuminer » ses montres avec un composé radioactif à base de radium [aujourd’hui interdit, après avoir décimé toute une génération de « radium girls » qui peignait les cadrans avec ce composé et qui ont été victimes d’atroces cancers de la face parce qu’elles humectaient leurs pinceaux dans leur bouche], on dispose aujourd’hui de matières extraordinaires comme le Super-LumiNova, qui peut magnifiquement luire dans la pénombre en différentes couleurs. C’est donc la course à la luminescence et Bell & Ross marque des points avec sa nouvelle BR-X5 Green Lume qui se joue de l’obscurité. Le prétexte est professionnel (lire des instruments dans l’obscurité), mais l’effet recherché est avant tout esthétique : en plus de faire briller aiguilles, chiffres et index, on éclaire à présent le boîtier de 41 mm et la lunette, usinés dans un composite spécial. La luminescente verte de cette montre est saisissante : elle apparaît implicitement de jour, mais surtout explicitement de nuit. Cette nouvelle horlogerie chromatique aborde un nouvel univers – à la vitesse de la lumière…

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• PATEK PHILIPPE : c’est la montre que nous n’avez pratiquement aucune chance de jamais croiser au poignet d’une dame de vos connaissances ! Sauf si vous fréquentez les créatures qui hantent les palais statutaires des oligarques et les yachts ostentatoires des vrais milliardaires. D’une part, ce genre de montres n’est fabriqué par la maison Patek Philippe qu’en très peu d’exemplaires, réservés à ses seules boutiques, où il faut montrer patte blanche [c’est-à-dire avoir déjà une jolie collection de merveilles horlogères de la maison] pour avoir le privilège d’en commander pour la femme de vie. D’autre part, parce qu’il vaut mieux être sévèrement outillé côté compte en banque pour s’en procurer une : si elle est effectivement capable de donner l’heure et les minutes, mais aussi de les faire sonner en actionnant le poussoir sur le côté gauche de la montre, cette Aquanaut Luce Répétition minutes automatique de haute joaillerie (référence 5260/1455R-001), proposée dans son boîtier de 38 mm serti de 779 saphirs baguette multicolores (45,05 carats) et de 130 diamants baguette (8,66 carats), vous sera proposée autour des trois millions d’euros. On peut toujours rêver… •••• OMEGA : si le détour par la nouvelle boutique Panerai s’impose actuellement pour les amateurs parisiens (Atlantic-Tac du 17 novembre), ces derniers doivent s’imposer un autre détour, cette fois par les boutiques Omega de Paris et d’ailleurs : les vitrines y mettent scène les montres des collections Omega dans une ambiance de contes de Noël et dans un décor lunaire ouvert de neige (astronautes pour la Speedmaster, hippocampe pour la Seamaster, etc.). Soit une vision originale et décalée du nouveau luxe horloger…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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