Quand la lumière anime les heures et quand le bleu se veut marine : c’est l’actualité estivale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Atlantic tac montres
Atlantic tac montres
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Atlantic Tac

Mais aussi le chronographe plus inrayable que le diamant, le record de profondeur resté inviolé depuis quinze ans, l’écaille de tortue qui fait voyager et l’aventure sans tricherie d’une baroudeuse vintage…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TUDOR : En grande tenue de la « Royale »…

On a usé et abusé de tous les sarcasmes à propos de la marque Tudor, qui est la marque sœur de Rolex – à commencer par le sobriquet « Rolex du pauvre ». C’est une réflexion typique de béotien, les montres Tudor n’ayant pris que le meilleur de leur grande sœur [l’attention portée à la qualité, le souci de respecter le client, le goût de se respecter soi-même, etc.], mais sans céder au privilège des grandes marques de luxe qui reste de pouvoir fixer [et tenir] des prix relativement élevés – encore que Rolex parvienne à se flatter d’un des meilleurs rapports qualité/image/prix du marché. Ceci pour dire qu’il ne faut pas s’y tromper : Tudor est une grande marque de montres et la dernière Black Bay Fifty-Eight « Navy Blue » en témoigne avec efficacité. Le nom de baptême de cette « plongeuse » est anglomane (Fifty-Eight parce que Tudor a lancé ses premières « plongeuses » en 1958), mais la montre est on ne peut plus française à sa manière : c’est ce « bleu Tudor » que la Marine nationale française avait adopté, au début des années 1970, pour ses plongeurs [heureuse époque où les amiraux tricolores faisaient leur marché chez Rolex et les généraux d’aviation chez Breguet !]. Voici donc la Black Bay rhabillée de bleu marine : il ne lui manque que des boutons dorés pour être en tenue n° 1 de la « Royale ». Cette montre ne manque pas d’arguments séduisants : une taille modérée (39 mm d’acier satiné et poli), un cadran bombé mat, des aiguilles Tudor typiques (l’aiguille des heures est supposée évoquer un flocon de neige), un mouvement automatique « manufacture » certifié chronomètre pour la précision, avec un spiral en silicium pour l’indispensable touche high tech, un joli choix de bracelets (maillons métalliques, caoutchouc ou tissu spécial d’origine française). Le dernier argument n’est pas moins frappant : moins de 3 200 euros avec le bracelet de style Nato en tissu, c’est presque un exploit pour une montre suisse à ce niveau exceptionnel de qualité. Ah, si toutes les montres suisses étaient aussi réussies et aussi intelligemment tarifées que cette Tudor, on se ferait moins de souci pour elles dans la période chahutée qui s’annonce !

ICE-WATCH : En pleine lumière…

C’est en France que Jean-Pierre Lutgen, le « dynamitero belge » de l’entrée de gamme horlogère, fondateur et animateur d’Ice-Watch, est venu lancer sa nouvelle collection Solar Power, fer de lance de la « révolution verte » qu’il veut imposer dans l’horlogerie accessible. « Verte », sans doute, mais aussi de toutes les couleurs – Ice-Watch oblige ! Il s’agit de montres électroniques qui ne fonctionnent qu’à l’énergie solaire (sans la moindre pile), mais qui restent fondamentalement des bêtes de mode capables de faire danser la lumière avec leurs couleurs. La collection comprend douze premiers modèles, dans une dizaine de couleurs et avec des cadrans eux aussi visuellement très animés. Le principe de fonctionnement est simple : des capteurs semi-circulaires [une sorte de mini-centrale à énergie solaire] font office de panneaux photovoltaïques qui se rechargent au soleil ou avec n’importe quelle source de lumière (électricité comprise) : à moins de vivre dans l’obscurité, impossible de voir la montre s’arrêter. Ces trente grammes de haute technologie miniaturisé ont la politesse de coûter moins d’une centaine d’euros (boîtier monobloc en ABS de 40 mm). Ce n’est pas, pour Ice-Watch, une posture, mais une détermination : « Au départ, Ice-Watch, c’était la couleur, le côté abordable, la famille, l’ouverture au monde, la musique... Aujourd’hui, la marque évolue pour se rapprocher des nouveaux modes de consommation qui se veulent plus respectueux de l’environnement. Notre intention est de le faire avec le sourire en profitant des derniers progrès technologiques et surtout, en créant la notion d’éco-smiling. En 2020, nous nous concentrons sur la montre et sa présentation. C’est l’étape visible d’un engagement progressif, qui a déjà débuté au sein de l’entreprise. Nous avons ainsi déjà diminué le pourcentage de plastique des emballages. Depuis 2018, les montres ne sont plus acheminées par avion. Le centre logistique de Bastogne qui approvisionne l’Europe entière est autosuffisant en énergie et neutre en empreinte carbone grâce à ses panneaux solaires. Nos équipes sont sensibilisées pour minimiser notre impact écologique à tous les niveaux. Le centre logistique, en pleine campagne, est entouré de ruches : un havre de protection pour les abeilles. Le miel Ice-Watch est offert aux associations caritatives et mouvements de jeunesse de la région ».

RICHARD MILLE : En avance comme avant…

Le plus singulièrement français de tous les horlogers suisses sort du confinement avec une idée derrière la tête : convertir la haute horlogerie mécanique aux nouveaux matériaux innovants. Ce n’est pas nouveau chez lui, mais il reste le champion des expérimentations et des audaces dans ce domaine. Son nouveau chronographe RM 11-05 reprend un des mouvements de ses ateliers [on y trouve un mécanisme de « retour en vol » – flyback pour les non-initiés – et un affichage multi-fuseaux horaires], mais il est logé dans un boîtier en « cermet », matériau qui s’affirme aussi léger que le titane, mais aussi dur que le diamant. Cette fusion du zircon et de la céramique est très difficile à maîtriser et à usiner, surtout sans les additifs industriels généralement utilisés dans l’aérospatial, l’automobile ou les hautes technologies avancées. Ce « cermet » est quasiment inrayable, donc idéal pour les zones de frottement des montres-bracelets. On y gagne aussi en poids : le Carbone TPT de la carrure, le titane grade 5 du fond de boîte et le Cermet gris de la lunette contribuent à l’importante diminution du poids de la RM 11-05.

LAVENTURE : En se jouant des fuseaux horaires…

Un autre Français de l’horlogerie suisse, plus jeune, plus modeste dans ses ambitions et plus accessible ne prix, mais pas moins décidé, nous propose une Transatlantique de toute beauté : c’est une réinterprétation sans prétention des classiques montres à fuseaux horaires de type GMT-Master de Rolex. La quatrième aiguille – celle qui porte une flèche – indique un second fuseau horaire sur vingt-quatre heures, mais on peut jouer avec la lunette tournante pour afficher un troisième fuseau horaire. Le verre bombé ajoute une touche vintage, alors que les couleurs vert marine de la lunette ou du cadran ivoiré composent une bien agréable symphonie aquatique. La réussite de cette montre tient en grande partie à l’harmonie de son boîtier en acier (40,5 mm) et de son bracelet à maillons métalliques assorti, mais aussi à son prix, stabilisé autour des 3 000 euros. À ce prix-là, pour du Swiss Made 100 % authentique [se méfier des tricheurs dans ce domaine], c’est presque un cadeau des dieux de l’été…

BRISTON : En long, en large et sans travers…

Les nouveaux horlogers français ne cessent de nous épater : la jeune maison indépendante Briston poursuit cet été son parcours sans fautes avec une Clubmaster Worldtime Traveler qui nous invite à prendre le large tellement elle donne envie de voyager pour lui permettre d’afficher « pour de vrai » d’autres fuseaux horaires – il est vrai que le voyage intérieur peut combler bien des envies contrariées par la pandémie. On a repris ici le classique affichage grâce à une quatrième aiguille, qui fait le tour du cadran en vingt-quatre heures, avec une zone de couleur différente pour les heures de jour et de nuit. Une bague des villes internationales de référence permet de caler au plus juste ce second fuseau horaire sur les vingt-quatre « heures du monde » officielles. Cette « voyageuse » de 42 mm (mouvement suisse à deux couronnes pour le réglage) reprend le boitier « coussin » en « écailles de tortue » (acétate) qui a fait la réputation de Briston, mais on peut adopter pour l’acier sans que le prix (1 300 euros) n’ait la mauvaise idée de s’alourdir. Le choix des couleurs proposées pour les cadrans ne manque pas de charme. Une fois de plus, Briston sait nous tenter avec une possible « montre de l’été » pour des vacances horlogères sans souci…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

••• ENCHÈRES : sans entrer dans les détails, la reprise des sessions d’enchères pour les montres de collection – tout le calendrier du printemps s’est trouvé décalé par la pandémie – s’est plus que bien passé la semaine dernière, avec une pluie de records du monde qui tendraient à prouver que les amateurs de montres ont un appétit intact. Ceci alors que les ventes de montres neuves stagnent ou sont en chute libre un peu partout dans le monde. Le problème semble ne plus être dans la demande, mais dans l’offre : les nouvelles générations adorent les belles montres du passé quand elles sont signées par des grandes marques du présent, mais ils boudent les belles montres d’aujourd’hui quand elles sont présentées par des marques dépassées… ••• RALF TECH : on n’a pas tous les jours quinze ans quand on est un jeune marque indépendante française. En 2005, la marque Ralf Tech (fondée en 1996 pour fabriquer des matériels de plongée destinés aux professionnels civils et militaires) avait été un des marques pionnières de la renaissance de l’horlogerie française : le 5 juillet 2005, le plongeur français Pascal Bernabé battait au large de la Corse le record mondial de descente autonome, à 330 mètres sous la surface, avec une nouvelle montre au poignet signée Ralf Tech. Record qui tient toujours, mais qui a donné naissance à la maison d’horlogerie Ralf Tech, dont le modèle phare, la WR1 [WR pour World Record] rappelle ce record. Quinze ans plus tard, Frank Huyghe, le créateur de Ralf Tech (à droite sur la photo, le jour du record), a survécu à au moins deux crises horlogères et il compte bien surmonter les remous pandémiques grâce à la confiance de ses clients, nageurs de combat de nombreuses marines militaires ou plongeurs des sociétés de travaux sous-marins. Il nous a donné rendez-vous après les vacances d’été pour de nouveaux modèles ingénieux et innovants [indice pour les curieux : « Electric » – nous vous en reparlerons]. Bon anniversaire, Frank : tu as bien mérité de la tradition des « plongeuses » francophones !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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