Quand Elvis pulse en rouge et quand Fiona crâne en aluminium : c’est l’actualité octobrale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Les dents de la mort qui jouent avec les temps de la terre (L’Épée 1939 x Fiona Kruger)
Les dents de la mort qui jouent avec les temps de la terre (L’Épée 1939 x Fiona Kruger)
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Atlantic-Tac

Mais aussi la recette horlogère pour survivre à la sobriété énergétique, un galet tricolore, les pierres dures d’un savoir-faire accessible, une plongeuse opérationnelle très discrète et un jury plein de surprises…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS ÉRARD : Excellement aventuriné..

Récemment reprise en main par le talentueux Manuel Emch, l’homme qui avait en d’autres temps ressuscité la manufacture Jaquet-Droz, la maison indépendante suisse Louis Érard vient de connaître un spectaculaire rétablissement. Avec une simplification drastique de ses lignes de produits et un repositionnement prix très convaincant, la marque Louis Érard renoue avec la créativité autant qu’avec la crédibilité, dans des secteurs de l’échiquier où on ne s’attendait pas à la voir jouer. Exemple, la nouvelle série des Excellence à petite seconde dont les cadrans de pierre dure (malachite, lapis-lazuli) ou d’aventurine (ci-dessous) sont à la fois convaincants et séduisants, surtout pour les 2 500 euros (à peu de choses près) auxquels ces montres mécaniques de haute lignée sont proposées en série limitée de trois fois 99 pièces. Il y a même de la poésie enracinée dans l’air : ces trois couleurs – vert forêt, bleu matinal, bleu nuit – ne sont-elles pas celles des Franches-Montagnes suisses, là où naissent les montres Louis Érard, entre ciel, terre et sapins ? Louis Érard, c’est aujourd’hui une nouvelle approche du luxe générationnel, sans les délires de l’extorsion de fonds pratiquée par les grandes marques suisses, mais avec tous les atouts de la bienfacture suisse (design, mécanique, qualité d’exécution artisanale) et, surtout, un petit décalage créatif supplémentaire. Louis Érard, une marque à suivre…

HAMILTON : Électriquement vintage..

Quand vous parlez d’Hamilton à un amateur de montres, il évoque tout de suite Elvis Presley, qui portait une Ventura très remarquée dans le film Blue Hawaï en 1961. Cette Ventura, née en 1957, n’est pas exactement la « première-montre-électrique-de-l’histoire-des-montres » – la maison française Lip avait proposé une « Electronic » on ne peut plus électrique en 1952, mais la vraie commercialisation n’en date que de 1958. Même si cette icône a été vigoureusement modernisée, on reconnaît dans la Ventura XXL Bright de 2022 l’audace formelle du boîtier original, dessiné à l’époque par le génial Richard Arbib : en 47,6 mm d’acier noirci, c’est encore plus brutal et, avec les illuminations du cadran rouge déclenchées par le poussoir à neuf heures, c’est encore plus spectaculaire au poignet (comptez dans les 1 500 euros pour vous électrifier le poignet en mode Presley). S’il y a bien une icône flamboyante, c’est à coup sûr cette Ventura new look au mouvement à quartz, qu’on déconseillera aux timides et aux effarouchés de la carpo-révolution…

ICE-WATCH : Sobrement utilitaire…

Porter dans la rue une belle montre de luxe, facile à reconnaître, devient un sport à risques : on peut se faire couper le bras pour moins que ça. Du coup, beaucoup de collectionneurs de très haut niveau emportent deux montres. La précieuse dans la poche [attention, pas à côté des clés ou des pièces de monnaie qui vont la rayer !] : ce sera pour la porter dans des endroits sécurisés, entre amis, au bureau ou à la maison. L’« utilitaire » au poignet, parce qu’il faut bien avoir une montre pour savoir l’heure, c’est sûr, même les malfrats les plus obtus savent identifier une Ice-Watch comme n’étant pas une inestimable Rolex. C’est ainsi qu’on voit de très sérieux messieurs arborer d’amusants et malicieux chronographes de la collection Ice Chrono (ci-dessous : le modèle White Blue et la version Blue Lime), avec leur bracelet en silicone et leur boîtier en biopoly, un matériau biosourcé et recyclable qui consolide nos bonnes consciences environnementales [c’est à peu près l’équivalent de la bioceram de Swatch]. En 48 mm, ça « jette » et ça se remarque au poignet [c’est le but, en plus d’apporter une appréciable touche de non-conformisme], mais, à 139 euros, ça devient très appréciable pour éviter de fatales agressions dans les parkings ou les rues assombries par la sobriété énergétique imposée par le gouvernement. Une Ice-Watch et un col roulé, c’est l’uniforme de l’hiver qui s’approche !

HERBELIN : Franchement tricolore…

Décidément, la maison française indépendante Herbelin tient, pour son 75e anniversaire, à gâter les femmes beaucoup plus que les hommes. Après les superbes Antarès aux cadrans de pierre dure dont nous vous parlions la semaine dernière (Atlantic-Tac du 30 septembre), voici une gentille, classique mais précieuse Galet automatique qui ne va certes pas révolutionner l’histoire de l’horlogerie, mais qui va permettre aux élégantes d’affronter avec une belle montre d’allure joaillière [ne rêvez pas : pour moins de 850 euros, ce sont des zircons qui ornent le cadran de nacre!] les différents épisodes de leur quotidien, du bureau à la piscine (50 m d’étanchéité), et du week-end aux dîners en ville. Tout en rondeurs et en douceur, ce boîtier en acier de 33,5 mm est complété par un bracelet en acier lui aussi tout-terrain. Notez la couronne de remontage cannelée, sertie d’un onyx bleu qui apporte sa touche de luxe « à la française ». Elle n’est pas belle, la vie de la nouvelle horlogerie tricolore ?

L’ÉPÉE 1839 x FIONA KRUGER : Crânement à l’heure…

D’origine écossaise mais installée en Suisse, la créatrice Fiona Kruger est une des plus sympathiques figures de la scène horlogère suisse. Hormis son look de post-punkette au sourire craquant, sa spécialité reste les skulls (« crânes »), ces montres qui reprennent le thème des anciennes « vanités » philosophiques en nous accrochant au poignet des têtes de mort qui nous rappellent la fugacité de la vie et l’impérieux devoir d’en profiter avant l’arrivée de notre dernière heure. Pour avoir passé son enfance au Mexique, Fiona Kruger a en de toute évidence été impressionnée par la tradition du Día de Los muertos (le « Jour des morts »), fête des morts mexicaine pleine de bruit, de fureurs et de couleurs dans la squelettisation du quotidien. C’est lesouvenir de ces crânes qu’elle a retrouvé en recréant pour L’Épée 1839, la seule manufacture d’horloges de luxe encore active en Suisse, la collection des Vanitas, une série d’horloges murales, toutes pièces uniques pour leur décoration et leurs couleurs. Deux aiguilles indiquent les heures et les minutes, la réserve de marche de cette horloge mécanique en aluinium anodisé étant intégrée dans la mâchoire de la Vanitas : plus les rangées de dents de cette « bouche » grimaçante semblent bailler, plus l’horloge a besoin d’être remontée – c’est la première réserve de marche « baillante » de l’histoire horlogère (réserve d’à peu près trente-cinq jours, précisons-le) ! Il vous faudra compter une quarantaine de milliers d’euros pour orner votre mur de cette sculpture mécanique hors du commun : c’est de la haute horlogerie qui sait faire la course en tête – même si chacun sait que, à la fin, c’est toujours le temps qui gagne…

EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ : c’est toujours bon à savoir…

•••• PANERAI : allez savoir pourquoi la maison italo-suisse Panerai refuse de communiquer sur sa nouvelle Submersible Forze Speciali, référence officielle PAM 01238, une montre dédiée, comme son nom l’indique, aux forces spéciales d’une Marine militaire italienne dont Panerai a longtemps été l’horloger de référence. Cette montre en titane de 47 mm, revêtue d’une livrée camouflée, est plutôt réussie, le chronographe « militaire » de type « retour en vol » (poussoir à huit heures) permettant de réinitialiser l’aiguille des secondes du chronographes sans repasser par le poussoir d’arrêt classique. Cette PAM 01238 automatique étanche à 300 m propose également une fonction de compte à rebours (poussoirs à quatre heures et à dix heures). Il n’y aura qu’une cinquantaine de montres produites (compter au moins 50 000 euros pour cette pièce de collection), mais les heureux propriétaires pourront s’initier, pendant une journée, à une série d’exercices des forces spéciales italiennes, histoire de vivre une « expérience » absolument inédite – seront-ils entraînés à faire sauter des bateaux de guerre russes dans les ports de la Nouvelle-Russie annexée ? •••• GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE : c’est parti pour un grand suspense d’ici à la cérémonie de remise des prix, le 10 novembre prochain, à Genève. On connaît désormais les montres présélectionnées pour la finale et le nom de jurés en partie tirés au sort parmi les académiciens de ce concours de beauté horlogère sans équivalent dans le monde (le tout à retrouver sur le site du GPHG). Verra-t-on, comme ces dernières années, une pluie de récompenses s’abattre sur les mêmes marques [85 % des marques présélectionnées ont déjà reçu un ou plusieurs prix, parfois même quinze au cours de ces vingt dernières années] ou découvrira-t-on, plutôt, un palmarès enfin représentatif de la biodiversité horlogère et de la remuante créativité des nouvelles marques de l’horlogerie internationale ?

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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