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Pic de pollution aux particules fines : pourquoi elles sont encore plus nocives dans le métro qu'à l'air libre
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Atlantico Green

En cas de pic de pollution, les élus invitent les citoyens à se déplacer en métro. Pourtant, l'air de ces voies souterraines n'est pas non plus recommandable pour la santé.

Isabella Annesi-Maesano

Isabella Annesi-Maesano

Directeur de Recherche INSERM / INSERM. Research Director FERS Directeur Equipe EPAR: EPidémiologie des maladies Allergiques et Respiratoires / Head: EPid Allergic Resp Dis Department (www.epar.fr). IPLESP INSERM et UPMC.

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Atlantico : Les politiques nous demandent de laisser les voitures et nous invitent à prendre le métro dès qu’il y a des pics de pollution, mais on comprend, d’après plusieurs études, que respirer l’air du métro n’est pas un cadeau : particules fines, particules métalliques de cuivre, de fer, de chrome…

Isabella Annesi-Maesano : Vous avez raison. Le métro est fortement pollué. L'air y est plus chargé en particules fines que l'air extérieur. Les particules des métros sont plus toxiques car elles contiennent des métaux. Elles sont particulièrement dangereuses car une fois qu’elles pénètrent un milieu, tel que les voies aériennes, elles persistent longtemps avant qu’elles ne soient éliminées. C'est le phénomène de la bio-persistance. Elles entrainent des inflammations, des irritations, qui peuvent être systématiques. Mais le diesel a les mêmes conséquences ! Ce qui fait peur avec les métaux, c’est qu’il reste plus longtemps dans l'organisme.

Mais nous ne restons pas longtemps dans le métro. Nous sommes donc peu exposés. On pourrait faire un calcul d’exposition. On ne reste jamais à la station plus de quelques minutes, on se déplace d’une station à l’autre et la pollution n’est pas la même d’une station à l’autre. Certaines sont ventilées, d’autres moins. La ligne 6 : nation-étoile, est à ciel ouvert, donc il n’y a pas d’exposition constante.

Et les employeurs de la RATP qui restent toujours dans les voies souterraines ? Ils sont exposés de manière permanente !

Oui, la question est totalement différente et bien plus grave pour ces travailleurs, en raison de leur fréquentation des enceintes de transport ferrovière transilien. L’AFSET renommé l'ANSES a produit des avis sur les risques sanitaires pour les personnels travaillant dans ces milieux fermés type tunnel, garage, métro etc.

On peut comprendre la démarche des politiques : quand il y a des pics de pollution, on veut limiter les émissions des polluants. Or, dans les villes, les émissions viennent en partie des voitures. Donc on encourage les gens à ne pas prendre la voiture. Et une des façons de les encourager, c’est de les inviter à prendre les transports publics, gratuits dans ces cas-là.

Je ne défends pas le métro particulièrement. Mais quand on sait, d'après les statistiques existantes, que les gens prennent la voiture pour faire 3km, alors qu’il est recommandé de marcher 5km/jour par l'Organisation Mondiale de la Santé, j'ai envie de dire aux gens de changer de comportement en empruntant les transpots publics, en prenant le vélo, en marchant à pied…

Un jour de pic de pollution, où sommes-nous le plus exposés aux particules fines : dehors ou dans le métro?

Cela dépend bien évidemment. Mais un jour de pic, tel qu'on a pu en connaître à Paris 2014 et 2015, le métro était plutôt préservé. A l’extérieur, quand il y a un pic, on peut atteindre des seuils très importants (On a même dépassé Pekin) supérieurs aux niveaux moyens observés dans le métro, et surtout, dans le métro, ça reste variable. Les particules sont poussées par le mouvement des trains, le vent, les courants d’air, etc. C'est d'ailleurs lorsque le métro est fermé que l'on observe les plus fortes concentrations de particules.

Les gens qui marchent dehors un jour de pic sont aussi très exposés.

Est-ce vraiment utile de ne pas prendre sa voiture un jour de pic de pollution ou est-ce juste une mesure symbolique ?

Le trafic routier a un lien avec les particules fines. En France,  une grande partie des particules en milieu urbain vient de la combustion imparfaite des moteurs, surtout des diesel. Si la combustion fonctionnait bien, il n’y aurait rien. Il existe d’autres sources de pollution particulaire: lorsque l’on freine, des morceaux de caoutchouc se détachent des pneumatiques.  

Quand on arrête la circulation, ou même en circulation alternée, il y a une diminution des particules fines. C’est trop facile de dire "ça ne sert à rien". Ca sert un peu. Bien sûr, ce serait mieux de prendre les devants sur ces pics. En France, on a des modèles qui permettent de prévoir ces hausses de pollution. Il y a une autre source de pollution que l’on pourrait contrôler: le tertiaire (les feux de cheminée etc). Et il ne faut pas oublier l’agriculture industrielle avec l'épandage des pesticides.

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