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Une photo prise en novembre 2021 montre des panneaux solaires sur les coteaux de Xuanhua à Zhangjiakou, l'une des villes hôtes des Jeux Olympiques d'hiver de 2022, au nord de la Chine.
Une photo prise en novembre 2021 montre des panneaux solaires sur les coteaux de Xuanhua à Zhangjiakou, l'une des villes hôtes des Jeux Olympiques d'hiver de 2022, au nord de la Chine.
©GREG BAKER / AFP

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Ce dépassement a été annoncé cette semaine par le patron de l’Agence internationale de l’énergie.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

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Atlantico : Les investissements dans l’énergie solaire vont dépasser ceux dans les énergies fossiles pour la première fois et voilà ce que ça va changer aux équilibres géopolitiques de la planète. Ce dépassement a été annoncé cette semaine par le patron de l’Agence internationale de l’énergie. Au profit de quels acteurs ce changement va-t-il s’opérer ? Et au détriment desquels ?

Jean-Pierre Favennec : Depuis plusieurs années les investissements dans les énergies renouvelables, en grande partie dans le solaire et l’éolien sont en croissance rapide. A l’inverse les investissements dans les énergies fossiles ont fortement décru. 

En 2023 les investissements consacrés aux énergies renouvelables devraient, selon l’Agence Internationale de l’Energie, atteindre 1700 milliards de dollars contre 1000 milliards consacrés aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). 

Les investissements consacrés en particulier au solaire vont atteindre 380 milliards de dollars et dépasser les investissements consacrés à la recherche et à la production pétrolière. C’est évidemment une première mais la tendance est nette. Il y a quelques années à peine les investissements dans les renouvelables étaient à peine équivalents aux investissements dans les fossiles.

Le secteur du pétrole qui reste encore l’énergie la plus utilisée est dominé par les grands pays producteurs au premier rang desquels les pays du Moyen Orient qui jouent un rôle clé dans la géopolitique des hydrocarbures. On se souvient du fameux accord du Quincy, résultat d’une rencontre entre le Président Roosevelt et le Roi Ibn Saoud, discuté sur le croiseur du même nom, amarré en Mer Rouge. Cet accord garantissait une production suffisante de pétrole par l’Arabie Saoudite en échange de la protection américaine. Il a structuré la géopolitique pétrolière jusqu’à une époque récente.

Dans quelle mesure cela va-t-il changer les équilibres géopolitiques de la planète?

Le basculement vers les énergies renouvelables va modifier la géopolitique de l’énergie. Les pays du Moyen Orient et du Maghreb peuvent continuer à jouer un rôle significatif car ils ont des possibilités considérables de développer l’énergie solaire.

Mais il est clair que bénéficieront d’un pouvoir accru les pays qui disposent de matières premières indispensables à la fabrication des éoliennes, des panneaux solaires, des batteries : lithium en Amérique du Sud, cobalt et cuivre en République Démocratique du Congo, terres rares en Chine, à titre d’exemple. En fait ces matières premières sont un peu mieux distribuées sur la surface de la planète que le pétrole mais le poids de certains pays sera accru

A quel point va-t-on passer dans un paradigme de dépendance accrue à la Chine dans cette bascule énergétique ?

Le poids croissant cde la Chine tient beaucoup au phénomène de désindustrialisation de l’Occident et au transfert vers la Chine en particulier d’industries, plutôt polluantes, permettant d’extraire ces matières premières.

Comment faire, en France et en Europe, pour ne pas devenir “victime” de cette réorganisation géopolitique ?

La réindustrialisation est à l’ordre du jour et ne pourra que favoriser une moindre dépendance aux pays que nous avons évoqués, en particulier la Chine qui outre son rôle fondamental dans la fourniture de terres rares produit une très grande partie des panneaux solaires utilisés dans le monde.

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