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Manuel Valls, Premier ministre maître dans l'art de l'auto-contradiction
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Le Nettoyeur

Lors de son discours de politique générale, Manuel Valls s'en engagé sur tout et son contraire.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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C'est étrange : le Premier ministre n'a pas scrupuleusement appliqué mes recommandations... On arrivera à le pardonner.

Que ressort-il de son discours de politique générale ?

D'abord, le talent : Manuel Valls est un fin politicien - nul ne peut le nier - et un bon orateur. La phrase de son discours, "Trop de souffrance, pas assez d’espérance, telle est la situation de la France" est belle et juste. C'est, déjà, en soi, un bon point.

Ensuite, la continuité : qu'on le regrette ou pas, la politique du nouveau gouvernement est, à peut-être quelques minimes ajustements près, la même que celle du précédent gouvernement. Le président de la République a clairement décidé que le problème du précédent gouvernement ne se situait pas tant au niveau des choix politiques que de la compétence.

Mais enfin et surtout, parlons de politique. Et dans ce discours, ce qui ressort principalement, c'est la contradiction (la même que celle du gouvernement précédent). Tout dans ce discours est contradiction.

Le Premier ministre se plaint de l'excès d'impôts et de la complexité fiscale, bref, de l'austérité (sans le dire) ; pourtant, il veut à la fois baisser les charges et baisser les dépenses, ce qui contrecarrera l'effet stimulatif de ces baisses de charges.

Le Premier ministre a dit qu'une de ses principales priorités serait la réforme énergétique, et notamment le combat contre le changement climatique ; il a pourtant annoncé une accélération du retrait du nucléaire, la seule technologie sans émissions carbone économiquement viable.

Le Premier ministre a annoncé vouloir réduire un peu la complexité de notre code des impôts. C'est très louable. Mais en même temps, il annonce que les baisses de charges seront compensées par d'autres hausses d'impôts, peu précisées. Encore une fois, on reste dans la logique de l'austérité et dans la logique de la politique fiscale des dernières décennies, c'est-à-dire l'absence de politique.

Et que dire de la volonté de fusion des régions et des communes, qui, en plus de n'être pas conforme aux tendances du 21ème siècle, ne pourra qu'accentuer la complexité administrative que le premier ministre prétend vouloir abolir ? En effet, il est certain qu'une telle réforme - si elle aboutit, et rien n'est moins sûr- s'associera de nombreuses années d'intégration et de transformation des diverses couches du mille-feuille administratif qu'on aura mélangées, menant à une complexification, pas une simplification administrative.

En somme, c'est ça le problème de notre gouvernement : pas “trop à gauche”, ni “trop à droite”, mais voulant tout faire et ce faisant ne faisant rien. On veut l'austérité pour apaiser Bruxelles, mais on veut la baisse des charges pour apaiser le Medef, mais on veut taper fiscalement les riches pour apaiser sa gauche. On veut le nucléaire, parce qu'on sait bien qu'on ne peut pas faire sans, mais sans le nucléaire, parce qu'on veut rassurer les Verts.

On pense à la fameuse phrase du Guépard, “Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change.” On a l'impression qu'ici l'idée est, “Si on ne change rien, peut être que tout changera.”

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