Le coup politique raté d'Aurore Bergé<!-- --> | Atlantico.fr
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La proposition de loi visant à assortir d'une peine d'inéligibilité automatique toute condamnation pour violences conjugales a été rejetée.
La proposition de loi visant à assortir d'une peine d'inéligibilité automatique toute condamnation pour violences conjugales a été rejetée.
©Ludovic MARIN / AFP

Chronique parlementaire

Examinée ce mardi à l'Assemblée nationale, la proposition de loi visant à assortir d'une peine d'inéligibilité automatique toute condamnation pour violences conjugales a été rejetée. Le texte était porté par la patronne des députés Renaissance, Aurore Bergé, en réaction à l'affaire Quatennens.

Samuel Le Goff

Samuel Le Goff

Ancien assistant de députés, ancien journaliste parlementaire et aujourd'hui consultant, Samuel Le Goff fréquente le palais Bourbon et ses environs depuis 20 ans.

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La séance du 7 mars après-midi était consacrée, à l’Assemblée, à l’examen d’une proposition de loi du groupe Renaissance, portée personnellement par sa présidente Aurore Bergé. Elle vise à étendre le champ de la peine d’inéligibilité aux cas de condamnations pour violences aggravées, s’appuyant sur la lutte contre les violences et l’obligation d’exemplarité des élus. Elle a tourné au chemin de croix pour le groupe, et à l’humiliation pour sa présidente.

Le texte est très politique, voire politicard, la majorité ne cherchant pas vraiment à dissimuler que l’inspiration lui est venue de la condamnation d’Adrien Quatennens, pour violences conjugales. Utilisant tous les symboles (le texte est inscrit en séance la veille du 8 mars, journée internationale des droits des femmes), le groupe Renaissance entend préempter le débat de l’exemplarité des élus, et prendre en mains le flambeau de la lutte contre les violences faites aux femmes, combat emblématique du moment.

L’ambiance, déjà lourde dès le départ, est plombée par un incident à la limite du psychanalytique. A la suite de l’évocation de sa mise en examen et de son renvoi devant la cour de justice de la République par Olivier Marleix (président du groupe LR), le garde des sceaux, Eric Dupont-Moretti, lui adresse un doigt d’honneur, déclenchant une série de protestations et de rappels au règlements. Celui-ci, plutôt que de nier, assume son geste, et met ainsi en abîme ce débat sur l’exemplarité des élus. Une contradiction que l’opposition n’a pas manqué de souligner cruellement, et qui a froissé les élus LR.

La situation est inédite et semble inextricable, la présidente de séance étant bien obligée de constater son impuissance à sanctionner le ministre, son pouvoir disciplinaire étant limité aux députés. Après des échanges houleux, et plusieurs suspensions de séance, Eric Dupont-Moretti, après avoir tenté une ligne de défense risible (le geste s’adressait au propos, pas au député qui le prononçait), en est réduit à s’excuser piteusement, pour permettre aux débats de reprendre.

La suite des échanges est très tendue. voire à la limite du dérapage et de la crise de nerfs, entre Aurore Bergé, et l’opposition de gauche, pendant qu’elle expliquait ses positions en fin de discussion générale. Elle en arrive même à lancer, au bord des larmes : “oui, je sais de quoi je parle, quand je parle de violences conjugales” pour se défendre de l’accusation d’opportunisme et d’instrumentalisation politique du sujet. Un cri du cœur qui ne lui attire aucune compassion, et redouble le brouhaha, au point d’amener la présidente de séance à suspendre la séance quelques minutes, à la fin du propos d’Aurore Bergé, afin de faire redescendre la tension.

A la fin de l’examen des amendements, même si tous les groupes ont estimé qu’il est indispensable de lutter contre les violences et de promouvoir l’exemplarité des élus, le texte est finalement rejeté par 140 voix contre 113. Ultime pied de nez de cette séance complètement folle, le groupe Renaissance est laché par ses alliés du Modem et d’Horizons, qui votent largement contre la proposition de loi voulue et portée par la présidente du groupe majoritaire, mais qui avait négligé de les associer, en amont, à l’initiative.

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