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La France malade de la corruption, Zlatan en pleine gloire, Florence Cassez enfin libre
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Revue de presse des hebdos

Cette semaine les hebdos analysent la corruption partout en France notamment dans ses départements d’outre-mer, la libération de Florence Cassez qui n'a pas été innocentée mais aussi… le grand retour de Nicolas Hulot et des nouvelles du Mali.

Astrid Eliard

Astrid Eliard

Astrid Eliard est journaliste et écrivain. Elle est auteur de Nuits de noces, et de Déjà l’automne (Mercure de France).

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Il y a quelque chose de pourri dans notre République. Pots-de-vin, commissions occultes, conflits d’intérêt, détournements de fonds… L’Express révèle dans une enquête les habitudes de corruption des élus, des administrations et des entreprises. Pas vraiment un scoop, plutôt la confirmation d’un sentiment - de plus en plus prégnant - de défiance des Français envers la classe dirigeante. En 2011, 72% des personnes interrogées par TNS-Sofres estimaient les politiques « plutôt corrompus ». Les rapports de l’OCDE et de l’association Transparency International cités par le journal brossent un bilan pas très net. « Élève médiocre. Doit mieux faire ».

Une justice insuffisante

Sont dénoncées l’opacité de la vie politique française, propice aux combines et aux soupçons, les pratiques pas très orthodoxes dans certains départements d’outre-mer : « à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française, il est possible de déduire de ses impôts les pots-de-vin versés pour obtenir une faveur ! » A la bonne heure ! Mais aussi la négociation des marchés publics en France comme à l’étranger : « ils ne répondent pas suffisamment aux normes de la probité. » Et ce n’est pas tout. La justice est trop molle avec la corruption. Les rapporteurs pointent ironiquement le doigt sur le tribunal de Nanterre : comment se fait-il que cette importante juridiction, qui a sous sa compétence le quartier d’affaires de la Défense, ne traite aucune affaire de corruption ? C’est louche, en effet. Enfin, dernier constat : les lanceurs d’alerte sont mal protégés par la loi française. Le journal cite l’exemple d’un agent non titulaire de la fonction publique, sommé au silence par l’inspection générale de son ministère, quand il a voulu dénoncer des détournements de fonds et des faux contrats de travail. « L’article 40 du Code de procédure pénale oblige [les fonctionnaires] à dénoncer les infractions dont ils ont connaissance. Mais la loi du 13 novembre 2007 ne prévoit aucune protection pour ces « lanceurs d’alerte » du secteur public. Seuls les salariés du secteur privé bénéficient d’un tel dispositif ».

Magouilles et magots

L’Express dresse un florilège de la corruption ordinaire qui a cours dans les collectivités locales. Eh oui, car il n’y a pas que Jean-Noël Guérini qui touche au grisbi. On apprend qu’Alain Gumiel, le maire de Vallauris, a fait une faveur immobilière à un riche Saoudien. Dans quel but ? Mystère… On parle de ventes d’armes entre la France et l’Arabie Saoudite… Christine Guerrini, élue UMP de Bastia, a pioché plus de 150 000 euros dans la caisse du Centre régional d’information jeunesse. La liste est longue… Mais tout ça, c’est de la gnognotte à côté de certaines affaires de ventes d’armement à l’étranger. L’Express raconte les dessous d’une négociation entre la France et la Malaisie. Un vrai thriller. « Une belle Mongole sauvagement assassinée dans une forêt malaise. Un contrat de vente d’armes âprement négocié entre Paris et Kuala Lumpur. Des millions d’euros versés à une fantomatique société de Hong-Kong. Deux juges français lancés sur la piste d’une affaire de corruption internationale. Non, ce n’est pas le scénario du prochain James Bond, mais la trame d’un dossier qui déstabilise le Premier ministre malaisien, Najib Razak, et embarrasse les sociétés françaises d’armement Thales et DCNS. » Lesquelles auraient graissé généreusement la patte des décideurs malaisiens pour décrocher le contrat. Les faits n’ont pas été prouvés, mais les suspicions demeurent.

L’homme de la semaine

Enfin ! Une bonne nouvelle : Zlatan publie son autobiographie. Attention, événement : le livre s’est vendu à 700 000 exemplaires en Suède en trois mois – un chiffre phénoménal dans un pays de 9 millions d’habitants - et est en lice pour le prix August 2012, l’équivalent du Goncourt (petite précision : ce n’est pas lui qui l’a écrit). Tous les hebdos en parlent. On voit même double dans le Nouvel Obs, qui lui consacre deux articles dans deux rubriques différentes, histoire de mesurer bien l’ampleur du phénomène. Alors, Zlatan, c’est qui ? Un dieu du stade d’un mètre quatre-vingt-quinze, 95 kilos, mais aussi un héros à la Dickens, qui a connu la misère, un père alcoolique, une mère qui le tabassait, une sœur qui s’est perdue dans la drogue. Une famille qui porte les cicatrices de la guerre des Balkans. L’Express nous donne un aperçu de ce vrai conte moderne qu’est l’histoire de Zlatan : « Ibrahimovic admet qu’il serait sans doute devenu un délinquant, voire un criminel, s’il n’avait pas été sauvé par le foot. »

Profession de foi

Le Nouvel Obs s’est frotté à la légende : « Les conditions de l’interview sont hollywoodiennes – 23 minutes chrono, juste après le massage, 18 pour le rédacteur, 5 pour le photographe ». Et alors ? « [Zlatan] est moins intimidant qu’intimidé. » C’est un gentil, pas si sûr de lui. Pas grand-chose à voir avec le mégalo arrogant qu’on voit dans les Guignols de l’info. Sa fureur, sa folie, il la garde pour le foot : « J’ai besoin d’aller puiser dans le fond de colère que j’ai en moi pour trouver mon adrénaline », dit-il. C’est une toute autre histoire que nous raconte Le Point. Le journal, pour percer le mystère Zlatan, est allé fouiller du côté de son nègre, David Lagercrantz. Bien vu ! La première rencontre entre la star et son biographe est un moment d’anthologie. « David Lagercrantz s’y rend avec appréhension. Le joueur, flanqué de son agent, pose la première question. "Il m’a demandé si je croyais en Dieu, se souvient l’auteur. J’ai bafouillé une réponse hésitante, expliquant que je ne savais pas trop. Il m’a regardé m’empêtrer. Puis il a dit, sans un sourire : "Si vous ne croyez pas en Dieu, alors vous ne croirez pas en Zlatan Ibrahimovic." »

La femme de la semaine

Elle aussi est une icône : Florence Cassez. Mais les médias sont divisés, embarrassés à son sujet. Fallait-il lui dérouler le tapis rouge ? L’accueillir comme une ex-otage ? Car si elle est libre, elle n’a pas été innocentée. Patrick Besson, dans son édito du Point, n’y va pas avec le dos de la cuiller : « Je suis d’accord pour qu’on sorte des coupables de prison – Florence Cassez, Omar Raddad, Cesare Battisti -, mais j’aimerais aussi qu’on pense aux innocents : Jean-Maurice Agnelet, Loïk Le Floch-Prigent. » Brutal, provocant, le billet de Patrick Besson a au moins le mérite de rappeler le calvaire oublié de Le Floch-Prigent dans une prison togolaise. A ce sujet, le journal L’Express dénonce « l’indifférence absolue des médias comme des autorités de son pays… », et s’étonne du retour en grandes pompes de Florence Cassez : « Elle a passé sa première nuit au Bristol – un palace parisien dont la chambre a été payée par TF1 -, dîné avec Jamel Debbouze et mélissa Theuriau et signé un premier contrat d’édition pour un livre à paraître, après avoir été accueillie à Roissy dans un barnum médiatique. »Les Inrockuptibles font un décryptage sarcastique du retour de l’ex-prisonnière : « La libération est une opération de communication qui nécessite un certain devoir de grisaille ». Dans le Nouvel Obs, Elsa Vigoureux signe au contraire un article compassionnel sur cette affaire. Elle décrit une Florence Cassez perdue : « A 38 ans, ébranlée par son expérience mexicaine, la jeune femme est face au vide. Plus de sécurité sociale, pas de compte en banque. Ni travail, ni chez soi. Juste un passeport. Souvenir d’une vie lointaine en France. » 

Pas de vacances pour Monsieur Hulot

Tiens, tiens, il y en a un autre qui est de retour cette semaine : Nicolas Hulot. Après six mois de voyage autour du monde pour digérer sa défaite face à Eva Joly, il a accepté d’être l’envoyé spécial de l’Elysée pour la préservation de la planète. Il donne une longue interview à L’Express, où il parle de ses projets, de ses convictions avec énergie et enthousiasme. Il veut « convertir » - on s’amuse de la connotation religieuse du mot, récurrent – les décideurs et l’opinion à l’écologie. Pas facile en temps de crise, quand les premières préoccupations des Français sont le chômage et le pouvoir d’achat. « Il faudra leur faire comprendre que le prix des produits alimentaires, de l’énergie, la crise économique, les inégalités sont de plus en plus liés à la crise environnementale. » Persuadé que le capitalisme peut se réformer, et que d’autres valeurs hormis celles du court-terme et du consumérisme sont possibles, il cite Théodore Monod : « L’utopie, ce n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui est irréalisé », et voudrait pousser la créativité écologique « jusqu’aux frontières de l’utopie ».

Le Mali en questions

Cette semaine, les hebdos s’attèlent chacun à une facette différente du conflit au Mali. Télérama a demandé à l’anthropologue Jean-Loup Amselle de démêler les fils complexes qui tissent le théâtre des opérations. Il décrypte les conflits ethniques, la faiblesse de l’Etat malien, le risque de « recolonisation » française. Le Nouvel Observateur a rencontré un enfant soldat ravi par des djihadistes pour servir de chair à canon. Il s’appelle Boubacar, a quinze ans, est accro à la cocaïne que les islamistes mélangent à la viande pour que les enfants soient plus performants sur le terrain. Son futur ? La prison. Car il sera bientôt jugé pour « participation à la rébellion ». Un reportage du Point décrit la Hollande-mania qui s’est emparée des Maliens : « Des jeunes pères de famille n’hésitent pas à nommer leur nouveau-né « Hollande » ou « Damien Boiteux », du nom du premier soldat français tué dans un accident d’hélicoptère. » « Comment en est-on arrivé là dans ce pays pauvre, au nationalisme sourcilleux et où la France, ancienne puissance coloniale, n’a pas toujours été la bienvenue ? » se demande le journal. Cette passion pour la France en dit long sur l’état du pays, des institutions, ruinées par « vingt ans de mauvaise gouvernance, de népotisme et de corruption, de petites trahisons et de grandes compromissions. » Quid de l’après-guerre ? Deux prétendants au pouvoir se disputent déjà la place : le capitaine putschiste Sanogo et le président malien par intérim, affaibli, Dioncounda Traoré.

Sahara : le sort des expatriés

La guerre au Mali a d’autres fronts : en Algérie, au Niger, où, après la tragédie d’In Amenas, le risque terroriste plane. Les ressortissants étrangers, employés en Afrique par Areva, GDF-SUEZ, Total, sont-ils hors de danger ? Les sites industriels sont-ils sécurisés ? L’Express a enquêté en Algérie. Là-bas, le climat vire à la psychose. « Les groupes étrangers ne sont pas en mesure de se protéger. Ils doivent s’en remettre aux autorités algériennes, qui, seules, assurent cette mission régalienne. Problème : en sont-ils vraiment capables ? » En tout cas, l’exode a commencé : plus de 400 personnes sont en train de mettre fin à leur mission en Algérie.

A lire aussi…

Dans Le Point : le portrait de Sarkozy croqué par un fin observateur des animaux politiques, Bruno Le Maire, qui publie Jours de pouvoir, et une enquête sur le monde pas si merveilleux de Free. Un grand dossier sur les diplômes qui font mouche sur le marché du travail dans le Nouvel Obs, etdes sélections BD en veux-tu en voilà dans les Inrocks et Télérama pour l’inauguration du festival d’Angoulême. 

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