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La FED monte ses taux : les mouvements à envisager en 2016
©Reuters

Atlantico bourse

Même si les réactions des marchés ont été mesurées face à une annonce anticipée de longue date, il faut néanmoins tenir compte de cette nouvelle donne pour aborder 2016.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Pour la première fois depuis de nombreuses années la banque centrale américaine a décidé de monter ses taux. Depuis le début de la crise financière la FED avait mis en œuvre une politique monétaire ultra-accommodante : taux à zéro et injection massive de liquidité. Janet Yellen la présidente de la FED a indiqué, avec une infinie prudence que le temps d’une certaine normalisation était venue et que plusieurs hausses de taux cours étaient envisageables en 2016.

Une intense communication avait largement diminué l’effet de surprise, toujours tant redouté par la communauté financière. De mercredi, jour de l’annonce, les réactions des marchés à cette nouvelle ont été assez mesurées.

Il faut néanmoins tenir compte de cette nouvelle donne pour aborder 2016. Ce qui va se passer aux Etats-Unis aura nécessairement un impact en Europe et pourra au moins servir d’exemple lorsqu’un jour la même chose se produira en zone Euro…même si ce n’est pas d’actualité avant mars 2017, comme l’a indiqué M. Draghi il y a peu.

Première mesure à prendre : limiter les prises de risques sur les parties obligataires hors zone Euro. Même si d’après de nombreux économistes, les obligations de durée longue pourraient finalement être peu impactées par les hausses de taux courts, il nous semble plus prudent de rester à l’écart des obligations américaines et des obligations des pays émergents. A un moment ou à un autre en 2016, il y aura probablement des tensions sur les marchés obligataires si comme elle l’a laissé entendre Mme Yellen monte ses taux plusieurs fois de suite. Pour les pays émergents l’équation est simple :

Hausse des taux courts américains = hausse du Dollar = baisse des matières premières = difficultés budgétaires = question sur l’endettement... Tant que ce cercle vicieux ne sera pas arrêté, il faudra rester à l’écart.

Deuxième mesure à prendre : faire la chasse aux sociétés trop endettées. Ce sont celles qui souffriront si les taux montent trop. Nous avions évoqué il y a quelques mois Numéricable qui a financé sa croissance par une hausse de son endettement. La sanction du marché a été sévère : 60€ en mars …35-36€ maintenant. Jeudi Casino était attaqué suite à des analyses critiquant un recours trop important à l’endettement ; là aussi le marché avait déjà commencé sa propre analyse et appliqué sa sanction le titre étant passé de 80€ en avril à 43/44€ maintenant. D’expérience ce critère d’endettement peut être un moteur  de performance important dans les périodes de hausses des taux.

Seule une analyse au cas par cas permet de connaître l’étendue du sujet pour une entreprise donnée. Nous n’apprécions pas un recours à l’endettement pour acheter des titres ou verser un dividende de la même façon qu’un endettement pour investir.

3ème mesure à prendre : Revenir sur les entreprises « domestiques ». Aux Etats-Unis, il apparaît d’ores et déjà que les résultats des grandes entreprises plafonnent depuis plusieurs mois à cause du niveau élevé du Dollar et de la perte de compétitivité que cela induit. Les entreprises américaines tirant leur croissance de leur marché domestique pourraient voir leur résultat croitre. Le segment des petites et moyennes valeurs pourrait en tirer profit. L’indice Russell 2000, qui regroupe les petites et moyennes valeurs US affiche un retard conséquent par rapport aux indices de grandes capitalisations, plus tournées vers l’international. Il y a probablement des investissements à réaliser sur ce segment. En Europe nous pensons que les grandes valeurs ont encore du potentiel…mais les petites et moyennes valeurs font partie de notre cœur d’expertise et nous investissons beaucoup dans cet univers pour sa vigueur et son renouvellement permanent…il n’est pas trop tôt pour y investir !

4ème mesure à prendre : surveiller en permanence le cours du dollar qui va être le baromètre du monde financier en 2016.

S’il monte trop et que l’Euro passe sous les 0.95, il dope l’économie de la zone Euro mais déstabilisera les matières premières, pèsera sur les économies émergentes et sur les résultats des grandes entreprises américaines.

Si sa baisse l’amenait à passer au-dessus de 1.25 contre l’Euro, là , ce serait l’économie européenne qui serait pénalisée…un bras de fer s’engagerait alors certainement avec la BCE. Ce ne serait pas bon pour l’investissement et les marchés financiers.

Entre ces 2 niveaux, ce qui est notre pari pour les premiers mois de 2016 : il faudra garder l’arme aux pieds et privilégier les 3 axes évoqués précédemment.

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