L’étrange rapport des Français à la réforme : un changement profond de leur vision de l’État mais une difficulté à en tirer les conséquences <!-- --> | Atlantico.fr
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La vision des Français sur l'Etat a changé.
La vision des Français sur l'Etat a changé.
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Au fil des échecs successifs des pouvoirs publics à résoudre les problèmes du pays, les Français pensent majoritairement que la France a besoin de réformes et sont convaincus de la nécessité de réduire les déficits. Une opinion qui ne se retrouve pas toujours dans les mesures qu'ils plébiscitent.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop paru le 5 octobre, 93% des Français estiment que la mise en oeuvre de réformes est urgente, et qu'elle doit aller dans le sens des économies budgétaires pour 65%. Dans une autre question en revanche, celle sur le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, ils ne sont plus que 50% à approuver la mesure. Comment expliquer ce décalage entre un engouement largement partagé pour les réformes, mais une frilosité devant les mesures concrètes ?

Robin Rivaton :L’analyse qu’on peut en faire réside en le fait que certains débats ont porté davantage sur le fait que le remplacement d’un fonctionnaire sur deux par exemple se traduirait par la disparition des infirmières… Et ceux-ci viennent parasiter le débat technique alors qu’au fond, les Français comprennent très bien que réduire certaines dépenses revient à décider de coupes dans les budgets, et ils sont plutôt favorables à des baisses de fonctionnaires plutôt que des baisses d’aides sociales.

Dans un sondage BVA datant de 2013, et à la question de savoir quels acteurs de la société sont les plus crédibles pour changer les choses, les entrepreneurs apparaissent à la deuxième position (après la société civile) avec 55% d'opinions. Peut-on considérer qu'il y a une rupture dans la confiance des Français à croire que l'Etat peut régler les problèmes ?

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Ce qui est intéressant, ce n’est pas tant de voir le rapport des Français à la réforme technique, car ils n’ont pas tous le niveau de compétences pour y être confronté et en comprendre entièrement les tenants et les aboutissants. La vraie question se porte effectivement davantage dans le changement culturel des Français, de plus en plus convaincus de la nécessité de la diminution du rôle de l’Etat. Une grande majorité d'entre-eux veulent plus de libertés pour les entreprises, et donc les entrepreneurs. D’ailleurs le souhait de devenir son propre patron –passé de 2% à 16% en l’espace de 10 ans-, de créer une activité augmente sensiblement là où il y a encore quelques années le fonctionnariat prévalait. Ils se sentent donc concernés par l’entreprise, et y transfèrent leurs espérances.

Les Français étaient également 81% à faire confiance aux PME pour sortir de la crise, dans un sondage TNS Sofres réalisé également en 2013. Comment expliquer cette nouvelle "foi" en l'entreprises ?

La complexité bureaucratique des services publics est telle qu’elle empêche une grande partie de l’activité économique du pays. Certains secteurs leurs sont ou entièrement interdits, ou très réglementés –on en a entendu parler dans l'actualité-. L’intérêt d’un marché concurrentiel est immédiatement évoqué à l’augmentation des prix pratiqués à la SNCF  par exemple, alors que le monopole soutient soit disant le maintien des prix bas.

Il y a une lassitude autour de la solution provenant du secteur publique, qui échoue régulièrement et depuis 40 ans. La voix du changement se révèle alors séduisante, même si l’on n’envisage pas dans sa globalité les implications. Le diminution de l’emprise de l’Etat sur la vie publique se retrouve alors dans la position du dernier "debout sur le ring". De même, cette idée est très bien illustrée dans la confiance que les Français donnent aux associations pour s’occuper de certaines problématiques sociales. Elles fonctionnent mieux, les gens les côtoient au quotidien, en gère aussi parfois…

On le voit dans le sondage, les Français ne sont pas si réticents que cela à la mise en place concrète des réformes. Si vous considérez la population sans les fonctionnaires (24% de la population active ndlr) qui ne peuvent dans votre exemple rationnellement pas afficher une position pour la réduction de leurs effectifs, cet engouement prends alors une nouvelle ampleur.  

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