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Irma, José : bientôt un bon gros cyclone de niveau 5 près de chez vous ?
©Reuters

Chronique d’une catastrophe annoncée

Pendant que les Parisiens s’indignent de la construction d’une piste cyclable, les Antillais sont sous les décombres. On a le droit d'y voir une corrélation.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les images de dévastation des Antilles, de Floride et du Texas rendent la polémique sur l’extension du réseau de pistes cyclables et les restrictions de circulation sur les quais de la Seine dérisoires, mais c’est pourtant bien la même pièce qui se joue là-bas comme ici.

A l’exception d’une poignée de complotistes et de pseudo-scientifiques stimulés par la facilité avec laquelle on peut désormais propager de la fakenews électronique, il n’y a désormais plus grand monde pour nier qu’une transformation climatique majeure est en cours – avec son cortège de catastrophes de moins en moins gérables logistiquement, financièrement ou sanitairement.

Il n’y a plus non plus grand monde pour nier qu’en dépit de probables contributions « naturelles » à cette transformation (éruptions solaires, cycles historiques de variation des températures…), l’activité humaine est, au grand minimum, co-responsable de la situation.

Mais cette prise de conscience, curieusement, ne s’accompagne pas des modifications drastiques dans les comportements individuels auxquelles on pourrait s’attendre. A fortiori dans un pays comme le nôtre, où l’on bavarde plus volontiers du « principe de précaution » et de la « préservation des avantages acquis » que du temps qu’il fait à la pause de 11 heures.

Le principe de précaution, en l’espèce, passerait pourtant par une vraie remise en question de nos modes de déplacement et de consommation. Et nos fameux avantages acquis, de leur côté, semblent davantage menacés par les cyclones, pics de pollution et autres canicules que par l’harmonisation des régimes de retraite ou le droit d’aller acheter sa baguette en bagnole.

La France n’est évidemment pas la seule à jouer les autruches, et c’est plutôt le caractère universel de cet « après moi le déluge » (littéralement) qui surprend. Oh, il ne se passe pas exactement rien : on organise des sommets mondiaux, on se fixe des objectifs à vingt ans de réduction de ceci et de baisse de cela, mais le fossé est tellement large entre ce qui paraît nécessaire et ce qui est fait concrètement qu’on est fondé à parler d'un lent suicide de l'espèce humaine.

Un de ces quatre matins, nous n’aurons plus besoin de BFM TV pour savoir à quoi ressemble une ville qui vient d’être traversée par un ouragan de niveau 5 ou un sol craquelé et rendu stérile par le réchauffement : il suffira de regarder par la fenêtre. Il sera toujours possible d’en accuser des gouvernements trop démagogues ou pusillanimes pour avoir pris les mesures qui s’imposaient en leur temps, mais seulement après être descendu à la cave pendant le cataclysme en se frappant le front parce qu’on aura encore oublié son masque à gaz au bureau. Ça sera toujours possible, oui, mais il sera tout de même un peu tard.

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PS : De nombreux organismes collectent actuellement des dons pour les victimes antillaises d’Irma et, sans doute, de José. Par solidarité, mais aussi dans l’espoir que d’autres nous viennent en aide lorsque ce sera notre tour, pensez à leur faire parvenir l’équivalent de quelques litres de diesel...

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