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Inde : l'autre Taj Mahal
©Thibaut Cojean

Grand large

On connaît tous le Taj Mahal. Mais beaucoup moins son aîné, le tombeau d'Humayun, premier joyau de l'architecture moghole.

Quentin Desurmont

Quentin Desurmont

Président fondateur de Peplum, créateur de voyages sur-mesure de luxe, Quentin Desurmont agit activement pour l’entreprenariat. Il a fait partie de la délégation du G20 YES à Moscou en 2013 et  à Mexico en 2012, est membre de Croissance + et des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. Quentin contribue aussi à l’émergence du tourisme de luxe en Europe, il est membre de Traveller Made.

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Pour en savoir plus sur l’Inde, rendez-vous sur le site de Peplum.com.

Crédits photos : Thibaut Cojean

Bien sûr, il y a le Taj Mahal. Cet exceptionnel mausolée de marbre blanc, construit au 17e siècle à Agra, dans le nord de l’Inde. Le plus puissant symbole du pays et le plus incontournable de ses attraits touristiques dont l’histoire fût reprise et magnifiée récemment dans le film publicitaire du parfum Shalimar de Guerlain.

Et puis, il y a le tombeau d’Humayun. A 200 kilomètres d’Agra, dans le cœur de New Delhi. Si le succès du premier est amplement justifié, le second mériterait pourtant une plus grande renommée. Et pour cause : d’un siècle plus vieux, il a servi de modèle au plus célèbre monument de l’Inde.

New Delhi. La chaleur et l’humidité ne trompent pas. Pas plus que l’effervescence des rues ou le bruyant tapis des klaxons et des ronflements des scooters. C’est l’Asie. Une des plus grandes villes d’Asie du Sud.

New Delhi n’est pas vraiment réputée pour son architecture. On le comprend. La ville est neuve, très étendue, et si on ne cherche pas les labyrinthes de ruelles envoûtantes qui composent ses quartiers les plus anciens, les grandes artères qui la découpent n’ont pas un grand intérêt. Et pourtant, c’est souvent sur ces autoroutes urbaines, à bord d’un auto-rickshaw, que le regard surpris se laisse absorber par un monument isolé, dressé seul au bord de la route, donnant l’impression de ne pas bien comprendre ce qu’il fait là.

Son architecture, peu familière, évoque pourtant quelque chose. C’est un bâtiment moghol, comme l’est le Taj Mahal. Et comme le tombeau d’Humayun, bien caché dans un jardin derrière Mathura Road. Le rickshaw arrive à un petit parking, plutôt vide, devant un portail. Le premier rempart pour accéder au temple. Derrière lui, un vaste jardin, dont la propreté et le calme contrastent soudainement avec le reste de la ville. Il faut passer une imposante porte pour pénétrer dans le deuxième jardin, encore plus grand, et enfin tomber nez à nez avec le tombeau, magnifique. S’alignant sur des canaux artificiels, la silhouette du bâtiment n’est pas sans rappeler celle de sa petite sœur d’Agra, les colonnes en moins. Et en plus petit. En plus désert aussi : les visiteurs sont nombreux, mais Humayun respire.

S’il contient du marbre blanc comme le Taj Mahal, le tombeau d’Humayun est rose. Comme le sont les autres temples et les remparts qui composent le domaine. C’est le grès rouge qui domine. Edifié au cœur de jardins de style persan entre 1565 et 1570 en l’honneur d’Humayun, second empereur moghol en Inde, il est le premier exemple de l’architecture moghole. Son dôme en marbre blanc et ses dix-sept arcades en sont la signature. En 1653, presque cent ans plus tard, l’achèvement du Taj Mahal élèvera l’art de l’architecture moghole à son apogée.

L’entrée principale est au sud,  mais trois autres sont tournées vers les autres points cardinaux. La structure du bâtiment répond ainsi aux codes de la philosophie hindoue, et les quatre entrées représentent les quatre éléments : l’eau, la terre, l’air et le feu. Plus symboliquement encore, le dôme représente l’âme, le cinquième élément.

Construit sur commande d’Haji Bégum, veuve d’Humayun, quatorze ans après sa mort, le domaine compte au total près de 150 tombes, réparties dans les petits temples du jardin. Dans le bâtiment principal, les tombes les plus importantes, celles des personnes proches de l’empereur. Et sous le dôme, deux stèles seulement. Celle d’Humayun, tournée vers La Mecque, et une autre, connue sous le nom de « Tombe du barbier ». Rien d’autre que ce surnom ne l’indique, mais la légende veut que le barbier royal y soit inhumé. Installée en 1590, la proximité de la tombe avec celle de l’empereur témoigne en tout cas de l’importance du défunt qui y repose.

En sortant du bâtiment, on retombe en plein dans les majestueux jardins persans. Leurs points d’eau sont reliés par des canaux, qui se glissent sans ménagement entre les rectangulaires parcelles de verdure. Quelques aigles tournoient dans le ciel chaud et sans nuage. On n’entend presque plus la route. Comme si on avait définitivement quitté New Delhi. En parcourant les jardins, profitant de ce repos inattendu dans une ville-fourmilière de vingt millions d’habitants, on passe des portes, des murs et des remparts. On pénètre dans d’autres temples, découvre d’autres tombes. Roses, toujours. Mogholes, toujours. Pour un domaine précurseur d’une architecture, sa complexité artistique et technique est parfaitement étonnante. Ou étonnamment parfaite. Et très bien conservée : le tombeau, inscrit depuis 1993 au patrimoine mondial de l’Unesco, était déjà très respecté par la population locale.

Une fois repassé le portail de l’entrée, c’est le retour à New Delhi. Son agitation et son rythme typique, que l’on souhaite soudainement comprendre. En s’enfonçant dans le vieux marché ou dans le quartier tibétain, non loin de là. Et en allant visiter le Fort Rouge, l’autre grand bâtiment de la ville. Pour finalement s’échapper du côté d’Agra, armé de cette connaissance technique et historique qui rendront la visite du Taj Mahal encore plus exceptionnelle.

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