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Forum mondial du développement durable 2016 : comment la France est devenue l’un des pays les plus à la pointe de la finance verte
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Atlantico Green

Création de labels, émission d' "obligations vertes" d'Etat, etc. : en quelques années, et sous l'impulsion notamment des collectivités locales, la France s'est imposée comme pionnière dans le secteur de la finance verte. Un enjeu de taille, aussi bien en termes économiques qu'environnementaux, qui alimente la concurrence internationale.

Grégoire  Cousté

Grégoire Cousté

Grégoire Cousté est délégué général du FIR (Forum pour l’investissement responsable). Ancien journaliste, il est spécialiste de l’investissement responsable. 

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Le Forum mondial du développement durable 2016, qui se tient du lundi 10 octobre au mercredi 12, a mis le développement de la finance verte au cœur de ses réflexions. Au cours des cinq dernières années, les mesures de politique publique et de réglementation en faveur de la finance verte ont plus que doublé dans le monde (voir ici). En quoi consistent ces politiques ? Pourquoi la finance verte connaît-elle un tel développement ?

Grégoire Cousté : A la base de la finance verte, il y a l’importance de la prise de conscience concernant le réchauffement climatique et son urgence. La Cop21 à Paris a contribué à cette prise de conscience générale. La finance verte est la réponse des différents acteurs de l’économie aux sujets environnementaux qui nous touchent tous. C’est un domaine très large qui a émergé avec les green bonds(obligations vertes), qui n'ont d'ailleurs pas cessé de croître ces dernières années et sont l’une des raisons structurelle qui favorise cette nouvelle économie.

Par ailleurs en France, la loi sur la transition énergétique de l’année dernière a une disposition particulière dans son article 173-6. Dans cette loi,  il y a une obligation faite à tous les investisseurs, mais aussi à tous les gestionnaires d'actifs, de dire comment ils prennent en compte les questions climatiques et environnementales. Il y a donc à la fois une prise de conscience internationale liée à l’urgence du problème climatique, et en France une réglementation très incitative dans ce domaine. Cela fait quelques années que les acteurs de l’investissement responsable militent pour une prise de conscience globale. Au vu des échéances mondiales, ce débat se cristallise actuellement auprès d’acteurs financiers de plus en plus nombreux. Au niveau international, une task force sur la finance responsable a été créée par le Financial Stability Board (réunion des banquiers centraux) suite à un discours de la Banque centrale par Mark Carney en septembre de l’année dernière.

Nous pouvons aussi constater l’apparition desstranded assets(actifs bloqués). Ce concept laisse entendre qu’il va y avoir une dévalorisation des actifs associés aux énergies fossiles. Les réserves identifiées de pétrole sont trop importantes, leur consommation ne peut pas respecter les limitations à 2℃ du réchauffement climatique. Il y a donc aujourd’hui une survalorisation de ce pan de l’industrie. Cela incite les fonds à désinvestir de ce côté pour trouver des alternatives aux énergies fossiles.

L'émission d'obligations vertes a déjà atteint 51,4 milliards de dollars cette année, au-dessus du record de 2015 (41,8 milliards de dollars), et est recensée dans soixante pays. La France est-elle en avance ou à la traîne sur la question de la finance verte par rapport aux autres puissances ? Quels sont les particularités du marché français ?

La France est un des pays pionniers sur les obligations vertes. Les collectivités locales portent un certaine nombre de projet concernant ce domaine. L’Etat va émettre un emprunt de 9 milliards d'euros pour financer ces obligations vertes, qui vont d’ailleurs rentrer dans son budget en partenariat avec la Caisse des dépôts. La France est le premier pays à émettre une obligation verte d’Etat. D’autres phénomènes se développent en France, comme par exemple le label de l’investissement socialement responsable lancé cette année par Bercy, qui labellise actuellement ses premiers fonds. Il y a aussi le label transition énergétique et écologique pour le climat qui, lui, est porté par le ministère de l’Environnement, et qui favorise le développement de ce phénomène économique. A la création de ces labels, presque aucun fonds n’était éligible; aujourd’hui ils ont su évoluer pour répondre à celle labellisation. Les fonds misent aujourd’hui sur ces obligations vertes. Le grand public, par la pression internationale, est au courant des enjeux de la finance responsable. D’après un de nos sondage, 84% des Français pensent que les fonds financiers doivent aller vers des entreprises qui apportent des solutions aux enjeux climatiques. Par ailleurs, la moitié des sondés souhaitent que leur épargne soit utilisée dans ce domaine. Le marché français est en cela réellement à la pointe entre les politiques publiques, les actions des investisseurs, et la compréhension du grand public.

Quelles sont les grandes tendances de la finance verte dans le monde ? Observe-t-on à cet égard des différences entre les pays développés et les pays en voie de développement ? Si oui, lesquelles ?

La finance verte est un sujet planétaire qui n’est pas limité par la géographie. Nous sommes dans un espace compétitif, et beaucoup d’endroits revendiquent leurs avancées dans ce domaine. En Europe, trois villes de compétition se dégagent dans la course : Paris Londres et Luxembourg. Au niveau international, le pays qui montre le plus d'appétence pour le sujet est la Chine. Les enjeux que sont la finance verte et la protection de notre écosystème sont planétaires; ces questions vont se poser partout et ne connaissent pas de frontière. En France, ce qui est intéressant à constater, c’est l’émergence de financements participatifs. De nombreux acteurs se spécialisent dans le domaine des énergies renouvelables, et utilisent le crowdfunding en circuit court. Ces projets, comme par exemple installer des panneaux photovoltaïques sur une école, sont financés très facilement, et les entreprises rencontrent des taux de croissance très encourageants. Il y a un écosystème très intéressant en France sur le crowdfunding et l’économie participative.

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