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Manuel Valls, la "gauche Finkielkraut" contre les "gauchos" ; Marine Le Pen en plein chantier de rénovation d'elle-même pour 2017 ; Bernard-Henri Levy et la part juive de la France
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Revue de presse des hebdos

L’Obs diffuse en exclusivité « l'enquête qui accuse » et met en exergue ce « tabou de notre éducation nationale » où « de plus en plus d'élèves opposent leurs convictions religieuses aux enseignements universels ».

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Enquête à l’école : la religion au-dessus des lois, de la censure ou de la science

La religion, cette semaine, s’impose en couverture de nos magazines et semble crier plus fort que la laïcité. « L'école défiée par la religion », c’est le souci affiché de « L’Obs » dans ce numéro. Le magazine diffuse en exclusivité « l'enquête qui accuse » et met en exergue ce « tabou de notre éducation nationale » où « de plus en plus d'élèves opposent leurs convictions religieuses aux enseignements universels ».

C’est une première : une enquête sociologique du CNRS de Sciences-po « ausculte sur une grande échelle la force du sentiment religieux des jeunes, sa dimension identitaire et ses conséquences sur l'adhésion aux valeurs de la société française »… « un phénomène alarmant » souligne le magazine.

Il y a d’abord la « fierté de sa religion » qui ressort fortement (les musulmans à 90,7% ; les catholiques à 49,4 ; et entre les deux, les athées dont eux aussi sont « fiers » de l’être à 65,1%).

Mais, la laïcité et Darwin sont largement chahutés à lire certains résultats de cette enquête (qui a consisté à interroger les 9000 collégiens des Bouches-du-Rhône entre avril et juin 2015). A la question « Quelle est l'origine des espèces vivantes ? », deux réponses sont apportées. Elle est « le résultat de l'évolution » à 66,3 % pour les athées, mais seulement à 30% pour les catholiques et 6 % pour les musulmans ! En revanche, pour 48,2 % des catholiques et 71,8 % des musulmans, « Dieu a créé les espèces vivantes » !

La religion s’impose aussi « au-dessus de la loi » et 68,1 % des musulmans, 33,9 % des catholiques, et 47,3 % des autres répondent préférer suivre « ses principes religieux ».

Sébastien Roché, le politologue, spécialiste de la délinquance, qui a dirigé cette enquête explique : la religion, surtout lorsque la foi est intense, favorise un plus fort attachement au groupe, une moindre adhésion aux valeurs d'égalité et de liberté de choix, toutes choses qui diminuent le sentiment d'appartenir à la communauté nationale ».

Najat Vallaud-Belkacem : « l'école signale, l'école protège, l'école sanctionne ! »

Répondant à « L’Obs » au sujet de cette étude, la ministre de l'Education nationale « réaffirme son engagement contre la prégnance du sentiment religieux parmi les élèves » et les crispations identitaires ». Le magazine l’interroge :

Est-elle surprise des résultats de cette étude ? « Non le constat d'une plus grande religiosité chez les jeunes n'est pas nouveau » dit-elle. Et d'ailleurs elle a pu le « remarquer au lendemain des attentats de janvier en se rendant dans plusieurs établissements scolaires ».

Pourquoi cette religiosité serait plus marquée chez les musulmans ? « Cette génération a grandi dans l'après 11 septembre (…)  C'est le résultat d'une crispation identitaire dans la société, mais aussi un phénomène social. Il y a à la fois des pressions inacceptables dans certains quartiers de la part d'un islam radicalisé dont on voit aujourd'hui partout dans le monde la progression, portée par l'extrême droite de la droite qui a donné le sentiment a beaucoup de ces jeunes qu’ils ne faisaient pas partie de la communauté des citoyens ».

Que peut l'école aujourd'hui ? Elle répond sur les outils et complète : « L’éducation nationale a effectué 857 signalements lors de la précédente année scolaire et 617 depuis la rentrée 2015. Enfin, sur 12 millions d'élèves dans plus de 60 000 établissements, on compte par exemple en décembre environ 150 atteintes au principe de laïcité et aux valeurs de la république, ce qui représente quelque 10 % de l'ensemble des faits graves de la période. (…) L’école signale, l'école protège, l'école sanctionne ! » Martèle-t-elle.

BHL et « l'esprit du judaïsme » : la Torah, « c'est un livre qui m'invite à être moi » !

De son côté, « L'Express » zoome en couverture sur la perception de la religion chez les juifs et ce que c’est qu’ « Être juif en France ». Le tout illustré par l’image de Bernard Henry Levy qui signe un livre sur « L'esprit du judaïsme ».

Avant d’en livrer quelques extraits, le journal analyse : « Bernard Henri Lévy signe un ouvrage rageusement contemporain bien qu'il parcoure le labyrinthe de la Bible et parle d'Internet, de Daech, de la part juive de la France d'hier à aujourd'hui ». Le magazine prévient « ce livre surprendra ce qui en attendent plus de philosophie que de politique et plus d'exégèse que d'actualité ».

On y pressent l'intérêt de l'ouvrage d'abord dans le dialogue avec « le livre » : la Torah, « livre infini », « livre-homme ». « C'est un livre qui m'invite à être moi » !

Moi ? Quelque chose qui ramène vers l’identité. On la retrouve aussi là : « il y a des juifs qui habitent leur nom » constate-t-il au détour d'une page. L'enjeu de notre époque pour les juifs de France ? « Contrer la résurgence de l'antisémitisme sans trahir l'esprit du judaïsme. Il n'est plus de discrimination officielle contre les juifs ni même de persécuteurs installés avec pignon sur rue. Néanmoins par capillarité un antisémitisme sans vrai leader ni théorie constituée se répand » explique le magazine.

Dialogue entre BHL « l’esprit du judaïsme » et Jean Daniel « la prison juive »

« L’Obs », de son côté, dans ses pages débats, propose un dialogue entre BHL et Jean Daniel qui avait écrit par le passé « la prison juive » : « Un débat historique, philosophique, politique qui est aussi une dispute métaphysique ». Il y est question de la Bible, de l'unicité de la Shoah, d’Israël, du sacré et du profane, de la renaissance spirituelle, et des juifs français qui pensent à faire leur « Alya ».

Manuel Valls : « La gauche Finkielkraut », celle qu’il nous faut ?

« Le Point » accorde sa Une au visage, frontal, de Manuel Valls avec ce titre « La gauche Finkielkraut ». Un oxymore ? Explication : Manuel Valls avancerait donc « contre les Gauchos ». Selon Pascal Bruckner, qui accorde un long entretien au journal, «  la gauche doit exploser » !

Anna Cabana signe un portrait du Premier Ministre et montre que « le premier ministre cristallise les débats idéologiques de l'époque. Il assume tout. ». Cet oxymore serait-il le reflet d’une schizophrénie ? A lire, la réponse est « non ». « Manuel Valls n'est pas fou. Du tout. Pour un peu, on aurait envie d'ajouter : pas assez ». Ses contempteurs « parmi ses petits camarades socialistes, vous jurent qu'il est « dangereux parce que fasciné par le pouvoir est drogué ou gyrophare. C'est un molleiste capable de dérives quasi fascistes ». » En fait, selon la journaliste, il dérange au point de créer de l’aversion. Elle poursuit : « La détestation casse-pieds que le premier ministre impose à cette gauche de la gauche est même physique. Valls, est avec Nicolas Sarkozy, le politique qui déchaîne le plus d'attaques sur sa cambrure, sa vêture, ses sourcils, etc. ».

Et pour revenir à ce qui l’anime, et ce « gauche Finkielkraut » collé sur le front en couverture du magazine : « Il était présent à la coupole pour la cérémonie d'entrée d’Alain Finkielkraut à l'Académie française il y a quelques jours, « il fallait le voir sourire presque tendrement » regarder le philosophe prononcer son discours. D’ailleurs Finkielkraut déclare : « Il y a un certain courage à être venu. Je suis la tête de turc de la gauche de gauche et il en a rien à faire. Il leur fait un bras d'honneur. » Valls dit de façon plus mesurée : « Pierre Nora et Alain Finkielkraut, c'est cela la France. J'aime beaucoup Alain Finkielkraut, son travail, son tempérament, malgré ses excès. Quand je vais à sa réception à l'Académie française, j'assume. C'est sincère. Ce n'est pas de la transgression, de la provocation. »

Et à la journaliste de compléter : « c'est une conviction »

Bon nombre de sujets sont encore abordés dans ce papier, comme son rapport à François Hollande, la laïcité ou la déchéance de nationalité… Manuel Valls en ressort comme LE vrai leader de la gauche aujourd’hui. Celui qui pourrait trouver sa place en 2017 ?  

Les Etats-Unis, les noirs et les blancs : « 2015 est une année terrible »

« Télérama » propose un dossier consacré à l'Amérique et « la nouvelle ségrégation ». Il re-contextualise, « huit ans après l'élection d'un président noir, la violence raciale et la justice sociale minent le pays comme jamais ». Le magazine propose un reportage « dans un quartier en colère de Baltimore, cadre emblématique de la série « the Wire » » avec Ed Burns le coscénariste de la série au coin qui a écrit entre 2000 et 2006. Postés au coin de Fayette street et de Monroe Street : « il a choisi cette intersection parce qu'elle était la plus meurtrière de la ville, des fusillades en permanence, un marché de la drogue ciel ouvert, une impasse derrière l'épicerie où l'on sortait les seringues et les pipes à crack. On pourrait déplier un large pan de l'Histoire moderne des noirs américains à partir de ce seul coin de rue » écrit-on.  Qu'est-ce qui a changé ? Ed Burns explique : « Rien. C'est simplement pire qu'avant. Les armes ne sont plus les mêmes. (…) Ça peut partir pour une simple étincelle, L'amorce d'un geste ».

A « Télérama » de rappeler que 2015 est une année terrible. Plus de 300 tués par balle. Un chiffre qui augmente dans toutes les grandes villes américaines.

Donald Trump : « Pourquoi il peut encore gagner les primaires »

Face à une situation complexe, « L’Obs » se concentre sur ce « narcisse apolitique » qui pourrait n'être « qu'un feu de paille populiste » mais qui, même s'il n'est arrivé que deuxième en Iowa, « reste le grand favori pour remporter le new Hampshire et l'investiture républicaine ».

Décryptant plusieurs pans de sa personnalité et de sa mécanique (« Il a un programme vague et minimale entre (et souvent absurde), il ne propose pas de solution, il EST la solution »), « L’Obs » s’attarde quelques lignes sur son « répertoire fasciste » : « Comme dans un conte de fée, il propose de construire un mur avec le Mexique, doté d'une « grande et belle porte » derrière laquelle se trouverait un royaume heureux débarrassé de toute pollution étrangère ».

Selon l’analyse du magazine, la peur va bien au-delà : « Les blancs, en particulier les hommes blancs, voient leur Amérique aller « de mal aux pis », autre façon de dire qu'ils ne sont plus aux commandes », souligne Larry Sabato (professeur en sciences politiques à l'université de Virginie) « ils seront minoritaires en 2042, ce n'est plus très loin » !

Marine Le Pen, aurait un problème pour 2017 : « elle-même » !

Puisque « le Front National planche sur son programme économique et son organisation lors d'un séminaire, à partir du 5 février », les magazines préparent à leur façon le programme de ces rencontres.

« L'express » s’interroge : « Et si le plus gros chantier » était celui porté sur « l'image personnelle de sa dirigeante » ? « Comment changer pour espérer l'emporter en 2017 ? ». Il y aurait une tentative de métamorphose dans l’air… Selon « l'Express », sondage à l’appui, en janvier « elle demeure la personnalité politique la plus rejetée par l'opinion, à égalité avec Nicolas Sarkozy ». Le magazine cite Florian Philippot : « Il faut qu'elle apparaisse comme elle est dans la vraie vie » (ex: « chanson, dérision, sensibilité paraît-il ») et du coup, selon ses proches, « elle va travailler sur son tempérament » apprend-on. Car, « après s'être cognée une nouvelle fois la tête sur le plafond de verre électoral », à quasiment un an et demi de l'élection présidentielle, « un problème demeure pour espérer l'emporter : elle-même. » » écrit le magazine.

"En économie, souvent FN varie"

Dans « L’Obs », on parle aussi du Front National en se penchant davantage sur son programme économique, et au sujet des impôts, des retraites, de la monnaie unique… "En économie, souvent FN varie", titre le magazine.

Ici on pense plutôt que « la ligne économique, qui n'a cessé de bouger depuis 40 ans va être au centre des débats », en février.

Quelques exemples de changements de cap éco sont cités par l’Obs :

1.    L’intérêt l’économie : « Interrogé Jean-Marie Le Pen sur ses choix monétaire ou fiscaux, il balancera quelques généralités avant de revenir au seul problème qu'il veuille à ses yeux, les migrations (…) Marine Le Pen a fait tout l'inverse »

2.    Libéral ou pas : Le père n'avait d'yeux que pour « Ronald Reagan le symbole du libéralisme triomphant ». « Sa fille salue la victoire du leader d'extrême gauche anti austérité en Grèce, Alexis Xzipras ».

3.    Le rôle de l’Etat : « Il ne jurait que par le moins d'État. Elle le veut fort ».

4.    Tendance droite ou gauche ? « Alors qu’aux législatives de 1993, les deux tiers des propositions frontistes étaient ancrées à droite », l'arrivée de Marine Le Pen s'est traduite par « un véritable virage économique. 68 % des mesures formulée par son parti depuis ce place désormais un gauche » selon Gilles Ivaldi chercheur au CNRS.

Finalement le magazine, relève un point concordant, l’Euro : « De son père Marine se révèle une digne héritière sur la question de la sortie de l'euro. Sauf qu’elle en fait une obsession, la clé de voûte de son programme, même jusqu'à dire que si les Français refusaient de sortir de l’Union européenne par referendum, elle serait prête à démissionner une fois élue à l'Élysée ».

Savoir tenir ses comptes ? Bruno Le Maire veut innover !

Selon « L’Express », si Bruno Le Maire gagne la primaire de la droite, « il innovera lors de la campagne présidentielle en installant sur son site un compteur pour suivre en direct les évolutions de ses comptes de campagne ». Ainsi, l'état des dépenses et des recettes pourraient y apparaître jour après jour.

Faire rentrer des sous grâce au Cannabis ? " La légalisation est une chance pour le président » !

Cette semaine, « Les Inrockuptibles » propose en couverture une photo de François Hollande avec un « joint » à la bouche. C’est cette même photo immortalisée par Raymond Depardon dans les jardins de l’Elysée qui est ici détournée plaçant ainsi le Président dans un champ de marijuana. Le titre ? "Pourquoi la légalisation est une chance pour le Président. »

Pourquoi ?  Parce que lors du dernier congrès de pneumologie à Lille, Bertrand Dautzenberg qui exerce à la Pitié-Salpêtrière à Paris, s'est prononcé pour une dépénalisation encadrée du cannabis. « Plus la loi est sévère, plus il y a de consommateurs. Ainsi, la France est le pays où l'on consomme le plus de cannabis chez les jeunes - 45 % d'entre eux ont déjà essayé - alors que en Hollande, où c’est légalisée, le taux est de 29 % ». Et au magazine de s’interroger : « François Hollande–dont le nom est à lui seul une bénédiction–saura-t-il rebondir ? »

Économiquement, et pour aller plus loin, la « légalisation encadrée » serait, à lire « Les Inrocks », « loin d'être une hérésie ». Le magazine réalise un long dossier et prend des exemples comme celui-ci : « Aux États-Unis, le Colorado, qui a légalisé au 1er janvier 2014, s'est plus que refait la cerise : 125 millions de dollars encaissés en 2015 pour un état de 5 millions d'habitants et des milliers d'emplois créés ».

Ainsi, le cannabis relancerait l'économie…

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