Contenus numériques : les internautes enfin prêts à payer<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Les consommateurs seraient enfin prêts à payer ce qui pendant une décennie a été gratuit.
Les consommateurs seraient enfin prêts à payer ce qui pendant une décennie a été gratuit.
©Reuters

La Minute tech

Après une décennie de bagarres homériques et de révolutions technologiques, le paysage des contenus numériques semble pacifié. La nouveauté majeure : nous acceptons de payer. Mais les contenus sont-ils pour autant le nouvel Eldorado numérique ?

Une infographie a passionné les marketeurs du Net, et probablement désespéré les défenseurs du Web libre et du tout gratuit. Celle de Business Insider, "L'ascension des contenus 4.0" qui veut en une infographie optimiste démontrer que les contenus en ligne sont enfin rentables, propulsés par des utilisateurs enfin consommateurs, et à peu près disciplinés.

Pour mémoire, après le Web 2.0 des réseaux et applications partagées, et le web 3.0 ("les machines nous comprennent"') appelé parfois aussi Web au carré, le Web 4.0 intègre dans le nuage infini de stockage partagé du "cloud" tous les contenus, et les contenus numériques 4.0 seraient alors cette rivière de contenus toujours disponibles pour être téléchargés, visionnés, et consommés depuis une multitude d'écrans et machines récepteurs (tablettes, smartphone, télévision, etc.), moyennant un micro-paiement ou un abonnement.
Business insider explique par cinq facteurs son optimisme. Le plus frappant : les consommateurs seraient enfin prêts à payer ce qui pendant une décennie a été gratuit. "Nous apprécions le côté pratique". "Nous avons été formés aux procédures du micro-paiements par les jeux vidéo et le mobile." "Nous acceptons l'idée que la qualité a un prix, grâce aux modèles Freemium (NDLR : version de base gratuite, services supplémentaires payants). "Nos options sont plus limitées", les distributeurs de contenus (dont les pirates) quittant ou étant boutés hors du tout gratuit.

Infographie Business Insider. Cliquer pour accéder à un agrandissement

Illustration IFPI

Pour les seuls fichiers musicaux, l'IFPI, qui représente l'industrie musicale au niveau mondial, est en effet optimiste dans son rapport annuel 2011. Finies les harangues contre le piratage et les alertes à l'agonie du secteur, des courbes de croissance sont de retour. L'IFPI estime qu'en 2011, 3,6 milliards de fichiers payants ont été téléchargés, avec une croissance de 8% pour ce secteur. Déjà, la moitié des ventes musicales aux Etats-Unis se font sous forme de téléchargements, un chiffre qui monte à 71% en Chine. En France, les ventes de singles par téléchargements ont augmenté de 23% en 2011. Le secteur peut aussi remercier les 500 distributeurs qui vendent désormais des fichiers "légaux" dans 78 pays.

Un autre facteur de croissance est l'ouverture des nouveaux marchés, comme par exemple le Brésil et l'Amérique Latine, et un modèle "sans frontières" qui via des partenariats permet de profiter des terminaux, smartphones ou autres, achetés par de nouvelles classes moyennes pour vendre un même fichier dans le monde entier. Facebook a également joué un rôle moteur en intégrant les distributeurs de musiques en ligne dans ses applications et options de page.

Rentable pour qui ? 

Mais un commentateur, Digitalsensei, apporte un grand bémol à l'infographie triomphante. La profitabilité des contenus numériques ne concerne que quelques grands, et là encore, avec plusieurs bémols : 
"Le business model derrière la distribution de contenus numériques est trop déséquilibré. Les propriétaires de contenus prélèvent entre 50 et 70% de la chaîne de valeur pour eux-mêmes, laissant des miettes aux distributeurs. Apple est une exception... Ils ont le pouvoir de refuser de payer les licences minimum (le vrai tueur) aux propriétaires des contenus, en raison du succès de leur écosystème "super cool et à la mode", et le coût de distribution du contenus (financer iTunes) est équilibré par leurs ventes d'appareils. Le même raisonnement vaut pour les compagnies de télécoms qui vendent des services de vidéos à la demande. Les opérateurs de téléphonie (aux Etats-Unis) perdent des millions, qu'ils compensent en vendant plus d'abonnements triple play... Si vous analysez la vidéo à la demande seule, c'est un échec financier majeur. Donc, à moins d'avoir l'envergure de société telles que Comcast et Apple, vous ne serez jamais financièrement viable en tant que distributeur de contenus. Spotify (abonnements musiques) et d'autres "pur distributeurs de contenus" ne vont jamais y arriver. (...) Seul quelques uns s'imposeront (tels que Apple, Google, Amazon, et les opérateurs de téléphonie."

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !