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Comment (vraiment) réformer le système financier à la française
©Reuters

Le Nettoyeur

“Les banquiers ne prêtent qu'aux riches” est un dicton bien connu et malheureusement vrai en France, et il y a une raison à ce phénomène : le manque de concurrence.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Voici une bonne blague. C'est l'histoire d'un candidat à la présidence qui déclare que la finance est son ennemi, puis nomme un ancien de la banque d'affaires Rothschild au ministère des Finances. Prévenez-moi si vous la connaissez déjà...

Le candidat François Hollande avait déjà fait la promesse de séparer les activités de finance de marché et les activités de crédit de nos grandes banques. Il ne l'a pas fait. Notre président n'est pas un ennemi de la finance.

En ceci, il n'est guère différent de ses prédecesseurs. Nicolas Sarkozy avait organisé le sauvetage des banques pendant la crise financière et a installé un de ses amis (aussi un ancien de Rothschild et de l'Inspection des finances) à la tête d'une grande banque, la BPCE. Banque dont l'ami en question avait organisé la création par la fusion de deux banques lorsqu'il était à l'Elysée...

Et c'est un bon exemple du spectre déformé de notre vision en France. Le problème principal de la France, du point de vue économique, est le corporatisme : l'alliance entre l'Etat et les entreprises, qui s'organisent la répartition du gâteau économique. Les principales victimes de ce système sont l'innovation, frustrée par les règles et monopoles et les classes moins privilégiées, qui ne bénéficient ni de l'innovation ni de la concurrence qui font baisser les prix.

La droite et la gauche voient chacune un aspect du phénomène. La droite voit la réglementation et les impôts élevés ; la gauche voit le copinage entre patrons et pouvoir et les profits exorbitants qui en résultent. Mais puisqu'elles ne voient pas le problème complet, leurs solutions sont incomplètes.

Le système financier à la française en est un exemple parfait. Le problème n'est pas tant qu'un bureaucrate puisse devenir banquier ou un banquier bureaucrate, le problème est l'institutionnalisation d'un système où les banques existent sous la férule de l'Etat. Les profits sont privatisés et les pertes socialisées, mais c'est moins au profit de plutocrates que d'une caste de bureaucrates qui font la navette entre une bureaucratie privée et une bureaucratie publique.

La finance, en soi, c'est plutôt un bien. Chacun admettra qu'il est impossible d'avoir une société moderne sans crédit. La question est : est-ce que ce crédit est bien distribué dans l'économie et au bon prix ?

Et en France, la réponse est : non. “Les banquiers ne prêtent qu'aux riches” est un dicton bien connu, et il y a une raison. Entrepreneurs et familles sont laissés sur le carreau.

Pourquoi ? En un mot, le manque de concurrence. Aucun intérêt de prendre des risques en prêtant à un entrepreneur si la rentabilité de la banque est déjà assurée par un environnement où il n'y a pas de concurrence.

Une vraie concurrence pourrait être possible grâce à Internet : les nouvelles méthodes de prêts en peer-to-peer ou de crowdfunding pourraient permettre des financements que les banques interdisent à l'heure actuelle. Mais pour cela, il faut que la réglementation suive. Et ce n'est pas dans l'intérêt de ceux qui nous dirigent.

La prochaine fois que vous aurez une mauvaise expérience avec votre banquier, vous saurez à qui vous en prendre...

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