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Un autoportrait inédit de Léonard de Vinci certifié grâce à deux logiciels gratuits
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La minute "Tech"

Léonard de Vinci est célébré en ce moment par trois grandes expositions à Londres, à Philadelphie et à Turin. Mais le plus bel hommage lui est rendu par une physicienne italienne qui a validé un dessin de son visage jusqu’ici caché par des notes manuscrites

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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La révélation n’a rien à voir avec un mystérieux « code Da Vinci ». Elle se trouve dans le codex du Vol des Oiseaux, dont treize des dix-huit pages originales sont conservées à la bibliothèque Reale de Turin. Léonard y étudie le mouvement des ailes et le rôle du vent avec l’intention d’inventer une machine volante.

Un nez entre deux paragraphes

En  2009, le journaliste scientifique Piero Angela remarque ce qui ressemble à un nez esquissé à la craie rouge entre deux paragraphes rédigés à l’encre noire. Piero Angela est un des journalistes les plus respectés dans son pays et dans le monde pour son immense culture, ses talents de vulgarisateur et son éthique professionnelle. Il constate que les traits ont été faits par une main gauche et il souligne la ressemblance entre le nez du codex et celui d’un autoportrait de Léonard âgé.

Une première tentative de restauration du dessin recouvert par les notes sur le vol des oiseaux consiste à photographier le document original, à numériser l’image en très haute résolution et à éliminer tous les pixels associés à l’écriture noire, de manière à faire apparaître plus nettement les pixels associés à la craie rouge du dessin. L’opération demande des mois de travail minutieux et elle est concluante. Il y a bien, sur cette page du manuscrit, un dessin antérieur et il représente un Léonard de Vinci encore relativement jeune.

Tout porte à croire que l’auteur a écrit sur son dessin. 

Une physicienne s’amuse avec les pixels

La découverte est confirmée d’une manière éblouissante par Amelia Carolina Sparavigna, physicienne à l’institut Polytechnique de Turin. Elle a voulu, dit-elle, « s’amuser » à confirmer ce que le journaliste avait soupçonné.

Voici comment Amelia  s’est amusée. Tout point élémentaire (pixel) d’une image numérique a une couleur rouge, verte ou bleue. Chaque couleur est affectée sur chaque pixel d’une valeur comprise entre 0 et 255. En fixant, dans un algorithme, un seuil de valeur correspondant au noir, Amelia a éliminé tous les pixels dépassant ce seuil, c'est-à-dire tous les pixels noirs sur la page du codex.

L’écriture de Léonard est devenue blanche. Un autre algorithme a établi une « règle » selon laquelle tout pixel blanc entouré de trois pixels rouges doit devenir rouge. Et, du coup, après la dilution de l’écriture en noir, c’est le dessin en rouge qui est ressorti.

Un dessin à la craie traité comme une galaxie

Pour accentuer la révélation des pixels rouges qui constituent la matière picturale du document, l’astucieuse Amelia Carolina a utilisé un petit logiciel gratuit qui ne pèse pas plus de quinze mégas et qui est développé par un Français. Iris, c’est le nom du logiciel, est utilisé par les astronomes pour faire ressortir les contours et les caractéristiques des objets cosmiques photographiés. Il permet d’ajuster les longueurs de chaque couleur afin de transformer un sujet flou en une galaxie spirale.

Si vous téléchargez Iris, essayez avec la galaxie M51 qui est fournie en démonstration : sur l’image originale, M51 n’a pas une identité graphique spéciale ; en manipulant les réglages d’Iris, vous verrez les bras de la spirale et différentes couleurs rouges et jaunes. La physicienne italienne a effectué ces opérations de filtrages sur l’autoportrait du codex et le visage est apparu encore plus nettement.

Enfin, et pour une ultime vérification, la physicienne a utilisé le célèbre logiciel gratuit Gimp pour confronter l’autoportrait du codex, qui date probablement de 1505, à l’autoportrait connu qui date de 1515. Gimp a tout simplement collé l’image de 1505 comme un calque transparent – sauf le dessin rouge - sur l’image de 1515, beaucoup plus contrastée. Tout concorde : le nez, bien sûr, mais aussi l’écartement des yeux et les distances relatives entre les yeux, le nez et la bouche.

La physicienne compte bien utiliser cette approche par les logiciels gratuits sur quelques uns des manuscrits de la Mer morte qu’elle étudie en ce moment.

Pour en savoir plus

Exposition Da Vinci à Londres

Exposition itinérante L’atelier de Vinci

L’exposition Leonard le génie et le mythe à Turin

La page Facebook du journaliste Piero Angela

Le travail d’Amelia Carolina Sparavigna

Le logiciel Iris Astrosurf

Le logiciel Gimp

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