L’analyse prédictive, prothèse des prophètes<!-- --> | Atlantico.fr
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2012, l'année des applis ?
2012, l'année des applis ?
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La minute "Tech"

Au-delà des inévitables « bilans de l’année 2011 » et des non moins incontournables « prévisions pour l’année 2012 », l’analyse prédictive tente de détecter dans les données du présent les possibles émergences de demain.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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A seule fin d’exorciser les navrants clichés qui charrient pêle-mêle Nostradamus, Madame Irma, la boule de cristal, le marc de café ainsi que les augures voire les auspices, le propos de ce billet sera positionné entre un apophtegme attribué à feu Alain Peyrefitte (« Il est difficile de faire des prévisions, surtout en ce qui concerne l’avenir ») et les conclusions rituelles d’une ancienne compilation des années politiques: « Les incertitudes demeurent. »

Visionnaires en transe

En attendant de passer aux choses sérieuses, rions un peu à la barbe des prophètes. En général, plus les prévisionnistes sont bouffons, plus ils sont péremptoires. C’est  même à ça qu’on les reconnaît.

Honneur aux prophètes de malheur qui prospèrent « en ces temps délétères sans gaîté comme sans remords ». La zone euro devait imploser avant le 31 décembre. Elle a osé (elle = la zone euro) contredire les détaillants en « prêt-à-penser », suffisamment arrogants pour fixer des échéances à des processus qui leur échappent.

Les plus hilarants des prophètes de l’Apocalypse sont ceux qui s’attribuent une fonctionnalité de visionnaire. Ils étaient en transes, ces derniers temps, annonçant la fin du monde, tel le personnage halluciné de « L’Etoile mystérieuse »: « 2012, hurlent-ils, connaîtra la fin des réseaux sociaux ! ». Pourquoi ? « Ben parce que le trafic augmente ». Et alors ? « Ben, à force d’augmenter, le trafic sature ». Et ? « Ben, ça ne marche plus ». Ensuite ? « Ensuite s’ouvrira l’ère des réseaux post-sociaux !» Bien sûr, bien sûr…

Entrons dans l’année des applis

Il y a ceux qui ne prennent pas beaucoup de risques et qui méritent notre indulgence. Il a beaucoup été question de data en 201. Ils pensent donc, non sans raisons, que « 2012 sera l’année des big data » (Big data = grosses données). L’audience des réseaux sociaux via les terminaux mobiles a augmenté de 44% au cours de l’année qui vient de s’écouler. L’année qui vient sera « celle de la mobilité.»

Presque convaincante, voici une esquisse de prospective qui mérite qu’on s’y attarde dans la mesure où elle se fonde sur des observations pleines d’acuité : « 2012 sera l’année des applis ». Observations qui se transforment en justifications par la grâce des corrélations entre statistiques descriptives et statistiques inductives :

  • Justification N°1: il faudra de plus en plus d’applications pour assimiler les contenus de plus en plus nombreux et diversifiés sur les terminaux mobiles comme les smartphones, tablettes et eReaders.
  • Justification N°2: l’intérêt pour l’exploration des données nécessite des outils dédiés de plus en plus pointus car les données croissent de manière exponentielle.
  • Justification N°3: ces outils devront être de plus en plus accessibles au grand public car les internautes découvrent que la consultation des données est, grâce aux applications, une autre manière de s’informer.

Avec et sans algorithmes

L’événement porteur d’avenir le plus discret de 2011 a été l’acquisition, en février, par Google d’un étrange moteur de recherche : Recorded Future. Ce dispositif collecte des contenus dans plus de 40 000 sites web, blogs, réseaux sociaux. Il les analyse quotidiennement en repérant dans ces contenus les noms propres (pays, régions, villes, entreprises, personnes), les termes reliés à certaines activités (finance, géopolitique, risques, politique, technologies) et les mots qui renvoient explicitement au passé, au présent et au futur.

Les algorithmes de Recorded Future n’annoncent rien. Ils constatent par exemple, que dans une masse de milliards de mots, les lettres « OPA » reviennent avec une fréquence inhabituelle dans tel pays, dans tel secteur d’activités et avec des échéances insistantes. Aux analystes financiers de décider si ces indications justifient, ou non, une vigilance particulière afin de spéculer avec profit sur une fusion. Bien que ces algorithmes ne disent rien d’étonnant sur l’association du mot « Bagdad » avec le mot « attentats », certaines agences américaines de sécurité utilisent cet outil, avec d’autres plus intrusifs, pour « regarder » les possibilités, même vagues, d’actes de terrorisme.

Le fait que Google se soit emparé de Recorded Future permet de cultiver l’intuition selon laquelle le marketing alimenté par les données comportementales des internautes va s’intensifier. Mais que les technophobes se rassurent, les cerveaux humains qui fonctionnent sans prothèses algorithmiques sont aussi capables de voir l’évolution de la cybercriminalité jusqu’en 2021.

Pour en savoir plus

Ma première prévision pour 2011

Ma deuxième prévision pour 2011

Ma troisième prévision pour 2011

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