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+700 millions d'euros/an pour les dépenses de personnel de l'Etat ; "J'ai été migrant", les témoignages ; Jacquie et Michel, l'incroyable succès du porno c'est-arrivé-près-de chez-vous
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Revue de presse des Hebdos

Et aussi : le vin, joie supérieure de l'Homme libre… ; le philosophe André Comte-Sponville : "la vérité et le bonheur peuvent aller ensemble" ; l’hypnotique François Roustang : "il est inutile et vain de chercher les causes de notre malaise". C'est la revue de presse des hebdos, par Sandra Freeman.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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"Spécial vins" en une du Point et de l’Express :  le vin, joie supérieure de l'Homme libre…

Il est revenu le temps des vendanges. Et puisque "l'art et le vin sont les joies supérieures de l'homme libre" (citons Aristote pour causer pinard d’autant plus librement), notre presse hebdomadaire se spécialise en vin cette semaine et affiche en une, une fois n’est pas coutume, des mines réjouies.

L’Express offre ainsi sa couverture et 67 de ses pages à son "spécial vins 2015". Comme pour l’immobilier la semaine passée, vous retrouverez toute l’offre du marché de la vigne, "le meilleur des foires aux vins",  "650 bouteilles expertisées", mais aussi le détail sur ces AOC  qui montent (en Bordeaux, le Castillon Côte de Bordeaux, en Sud-Ouest, le Gaillac et le Cahors, en vallée du Rhône – Lirac et Condrieu-, en Bourgogne, le Santenay,  en Beaujolais,  le Moulin à vent, en Savoie – le Chignin-bergeron, en Languedoc – La Clape, en Provence – l’IGP Sud Est, en vin de Loire – le Muscadet crus communaux et le Voudray, et enfin en Alsace – le Pinot noir).

De son côté, Le Point est aussi au rendez-vous avec son "spécial vin", ses "119 grandes bouteilles à moins de 10 €", ses "451 vins sélectionnés",  et ses "13 appellations au top", un "grand tableau des millésimes" (avec en 2014, une mention particulière au Sud-ouest liquoreux) et surtout un guide complet par tranche réalisé par (le fidèle) Jacques Dupont. On y retrouve de la gastronomie, de la culture, et quelques gouttes de poésie, avec des jolies petits mots comme celui-ci, qui m’a plutôt plu, dixit un vigneron de Montlouis et de Bourgueil, dans la Loire : "2012 est un millésime d’air. 2013, un millésime d’eau. 2014, un millésime de soleil".

Saint Pierre face à la vague de migrants : "Je ne peux plus accueillir toute la misère du monde"

On poétise, on picole… mais les joies supérieures de l’homme libre ne sont pas accessibles à tous. Dans la presse, cette semaine, on reste préoccupé par la question de l’Europe face aux migrants. Plus encore, s’impose à chacun de nous ce cas de conscience : face à ces hommes et femmes déplacés pour des raisons économiques, politiques ou démographiques, que faire et que penser ?

Charlie Hebdo ne manque pas d’inspiration sur le sujet. Un petit dessin de Willem oppose ceux qui crient "étrangers dehors" à ceux qui répondent "les xénophobes en xénophobistan". Efficace. Un autre, plus cynique, propose "pour une rentrée plus solidaire", "un migrant par salle de science" (qui jouera le rôle du squelette). Il y a aussi ce dessin-ci : face à un été meurtrier pour les migrants, on retrouve au paradis Saint Pierre qui dit : "je ne peux plus accueillir toute la misère du monde". Mais, le dessin qui aura été retenu cette semaine en une de Charlie Hebdo  est finalement signé Coco. Il reste inspiré du même thème avec ce dilemme : Partir ou rester. Deux personnages dessinés, et deux réponses : "Rester" s’impose, les poings serrés, Jean-Marie Le Pen (qui ne veut pas quitter le FN). "Partir", fuit un peu plus loin Jean-Vincent Placé (qui a quitté les EELV pour créer son nouveau parti  "l'Union des démocrates et écologistes").

Migrants : "des milliers de morts pour que les regards changent et que les consciences s’éveillent"

Mine moins réjouie que celle des amateurs de pinard, en couverture de l’Obs, on affiche les visages de ceux qui ont décidé de partir. Selon le numéro que vous choisirez en kiosque, vous aurez la photo d’un de leurs cinq personnages. Cinq visages. Trois hommes, deux femmes. Ils sont tchétchène, malien, ouzbek, syrien et kurde. Ils s’en sont sortis. Chacun témoigne : "J’ai été migrant (e)".  Matthieu Croissandeau explique dans son édito que, "comme des milliers de migrants, ils ont tout quitté, parcouru des milliers de kilomètres pour survivre tout simplement. Ils sont les visages et les noms de ces silhouettes exemptes qu’on voit tous les soirs à la télévision. Ils sont la meilleure preuve qu’on peut renaître ailleurs après avoir frôlé la mort. Et s’intégrer."

Et dans le même temps, dans ce papier, Matthieu Croissandeau s’insurge face à ces "milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, noyés asphyxiés et oubliés en fond de cale ou de camion : il aura fallu donc des milliers de morts pour que les regards changent et que les consciences s’éveillent".

Un migrant : Sadiq Hussain mort près de Calais publiait des photos de son périple sur Facebook et appelait sa famille tous les jours

Lui aussi a choisi de partir. Mais il est mort. "L’Express" consacre un portrait à "Sadiq, mort au bout de l’exil". Il était un des 12 migrants qui ont perdu la vie près de Calais depuis le mois de janvier. L’hebdomadaire tente de retracer son parcours pour "à la fois lutter contre l’oubli et l’indifférence". Mais l’enquête est difficile à réaliser : "Il nous a fallu près d’un mois, ballotté entre les services de police, ceux de la préfecture du Nord-Pas-de-Calais, ceux de l’ambassade de France à Islamabad, pour obtenir la simple confirmation de son identité, une vague idée des circonstances de son décès fin juillet puis du rapatriement de son corps le 12 août".

Qui était ce pakistanais de 28 ans, mort avant de rejoindre l’Angleterre ?

Tout a commencé il y a un an. "Il était conducteur de cars scolaires. Il avait une femme et deux enfants et sans doute trop de rêves d’ailleurs". Chiite, minorité souvent prise pour cible par les radicaux sunnites, il décide de partir. "Un périple qui confine à l’odyssée : 10 pays à traverser". Ce défi a un coup : 11 000 € par personne. Tout au long de son voyage, le jeune homme publie des photos de lui sur Facebook. Chaque jour il appelle sa femme et ses deux enfants. Mais il n’arrivera pas à réaliser son rêve. Il est tombé d’un train, clandestin, au cœur de l’été.

Hubert Védrine, pour une immigration choisie: "la réponse ne peut pas être purement solidaire"

"Depuis le début d’année, plus de 2000 migrants sont morts en tentant de franchir la Méditerranée et des dizaines de milliers d’autres ont fait ce voyage périlleux par la mer par la route des Balkans". Face aux témoignages et aux chiffres, l’Obs suscite le débat et interroge des spécialistes.

Faut-il être tout simplement humain et solidaire ? Hubert Védrine répond que non, que "la réponse ne peut pas être purement solidaire" et "qu’il faut harmoniser les critères d’asile au sein de Schengen, ce qui suppose d’adapter des législations nationales et de trouver des mécanismes équitables de répartition". Il faut selon lui, encadrer tout cela sans état d’âme : "Oublions le terme de quota puisque ça pose un problème en France, mais ça y ressemblera forcément".

Et concrètement, Hubert Védrine est-il favorable à une forme d’immigration choisie ? D’une certaine manière, sa réponse est oui. Il dit : "ce n’est pas la peine d’invoquer la charité chrétienne pour que ces gens courageux finissent dealers en Seine-Saint-Denis. Si l’on veut déshystériser ce débat il faut être pragmatique".

Massimo D’Alema : attention à la différence entre la réalité et la perception de l’immigration nette qui ne cesse de se réduire

De son côté, Massimo D’Alema, qui est un ancien premier ministre italien, membre du parti démocrate déclare : "Je suis assez d’accord pour améliorer le contrôle des frontières. L’Italie a assisté des réfugiés et sauver des vies, C’est très bien. Mais il n’y a pas de vérification d’identité et de prises d’empreintes systématique à l’arrivée, donc pas de garanties sur le statut des personnes. C’est pour cela que certains Etats ont suspendu l’accord de Schengen sur la libre cette nation. Il faut pourtant accepter l’idée que la frontière de l’Italie, ou de la Grèce, n’est pas seulement la frontière d’un pays, mais la frontière de l’Union européenne. La responsabilité des contrôles doit être partagées."

Par contre, Massimon D’Alema insiste sur la différence entre la réalité et la perception de l’immigration nette, soit le solde entre ceux qui arrivent et ceux qui partent : "En Europe, l’immigration nette ne cesse de se réduire alors que les citoyens se sentent de plus en plus envahis". Nous avons 33 millions d’habitants qui sont nés en dehors de l’Union européenne. C’est seulement 7 % de la population. Au Canada c’est 20%. En Suisse, c’est 27%… C’est important de dire la vérité!"

Le philosophe André Comte-Sponville : "la vérité et le bonheur peuvent aller ensemble"

La vérité, c’est aussi cela qui intéresse le philosophe André Comte-Sponville dans l’Express cette semaine : "Être philosophe s’est choisir la vérité", déclare-t-il avant de glisser de la notion de vérité à la nécessité de "lucidité" : "la philosophie travaille non pas sur l’inconscient mais sur la conscience. Elle ne cherche pas à guérir mais à rendre plus lucide."

"Intellectuellement, je mets la lucidité plus haut que tout. Mieux vaut un malheur lucide qu’un bonheur illusoire." S’il doit choisir entre une vérité et une joie, le philosophe choisit la vérité. "J’ai vécu dans une famille déchirée avec un père très méprisant, une mère aimante et dépressive (…) lorsque j’étais enfant, j’avais le sentiment que la tristesse et la vérité allaient ensemble et qu’il en était de même du bonheur et de l’illusion. La philosophie m’a permis de découvrir que la vérité et le bonheur peuvent aller ensemble et inversement l’illusion rend malheureux."

Le physicien Bernard d’Espagnat : ce que nous savons de la réalité

Vérité, lucidité, réalité… De son côté, dans Le Point, le physicien Étienne Klein rend hommage au philosophe et physicien Bernard d’Espagnat, mort cet été qui avait publié en 1979 : "À la recherche du réel". Aujourd’hui, "que savons-nous de la réalité ?" demande le physicien. Est-il "indépendamment de nous ou sommes-nous toujours enfermé dans notre interaction avec lui ?". En s’appuyant sur la physique quantique, Bernard d’Espagnat aura mis en évidence ce qu’on appelle "la non séparabilité quantique". Bref, on serait donc scotché à la réalité !?

L’hypnotique François Roustang : "il est inutile et vain de chercher les causes de notre malaise"

Le Point se pose un instant avec l’incroyable thérapeute de 92 ans, François Roustang, qui use d’une méthode "surprenante et efficace".

Le magazine rappelle ce passage du livre d’Emmanuel Carrère dans "le Royaume" où l’auteur raconte : "j’ai pensé au suicide". Il a vu Roustang qui lui a répondu "et bien, vous avez parlé du suicide. Il n’a pas bonne presse de nos jours, mais quelque fois c’est une solution… Sinon, vous pouvez vivre".

François Roustang, re-situe le magazine, "professe deux assertions scandaleuses. La première : pour aller mieux, le patient doit ne rien faire. La seconde : il est inutile et vain de chercher les causes de notre malaise". Accepter ce qui advient, sans lui opposer ni réflexion ni lutte serait, à l’en croire, la juste voie ! François Roustang explique au Point : "J’amène de la rigidité à la souplesse, vers un état dans lequel apparaissent tous les possibles. Le patient trouve une solution meilleure que la situation qu’il vivait".

Il ne guérit pas, il choisit de vivre. "Pour chaque angoisse, chaque peine, chaque difficulté, il s’agit de ne rien faire. Attendre, que la souffrance se dissolve. C’est aussi con que cela". Parle-t-on là de résignation ? Non. "Pas de la résignation. De l’acceptation. L’hypnose ne cherche pas à comprendre. Elle vise à ne pas se perdre dans l’analyse de soi, mais à trouver l’acte qui va produire un changement dans sa vie".

Simple comme un sourire… ( ?)

Vers une réduction des dépenses d’Etat ? "Le personnel de l’État coûte 700 millions d’euros de plus tous les ans"

Et la vérité sur les dépenses de l’État... Que peut on en dire ? Cette semaine le magazine économique  Challenges s’y  penche et lance en une son "avertissement aux fonctionnaires", avec en soutien (et en photo) Didier Migaud, le 1er président de la cour des comptes : "La cour est une sorte de lanceur d’alerte!". "Le personnel de l’État coûte 700 millions d’euros de plus tous les ans", explique-t-il et le nombre d’agents est reparti à la hausse sous Hollande recadre Challenges.

Concrètement : au dernier décompte de l’INSEE, la France employait 5,6 millions d’agents de la fonction publique… On note aujourd’hui une augmentation de 1,5% sur un an. Et le magazine de rajouter que le budget de l’État pour 2016 (présenté à la fin du mois) prévoit une hausse des effectifs de 8300 agents. Au nom de la lutte contre le terrorisme, le ministère de la Défense va bénéficier de 2300 postes alors qu’il devait en supprimer 7500, "de quoi rendre quasi intenable la promesse de François Hollande de stabiliser le nombre de fonctionnaires de l’État au cours du quinquennat".

 Challenges analyse les comptes dans le détail. "La palme revient aux collectivités locales. Depuis 2000 elles ont vu leurs effectifs exploser de 41 % soit 550 000 fonctionnaires de plus". Mais le journal fait ressortir de nombreux dysfonctionnements, de gros doublons entre le paquebot des finances et le Quai d’Orsay". (Par exemple, 70 cadres mettent en musique la diplomatie économique de Laurent Fabius alors qu’au trésor une centaine d’agent s’occupent du commerce extérieur), les aides à l’export et leurs multiples agences et organismes qui ne se coordonnent pas (1500 agents qui travaillent pour l’opérateur public "business France"dans 70 pays, les agences régionales, 126 chambres de commerce où 600 personnes s’occupent de l’export et 40 directions territoriales des douanes… "Le dispositif est un véritable capharnaüm").

A rajouter à cela, les "confortables fins de carrière en ambassade", la direction générale des entreprises (DGE), "une arme espère inexploitée est très critiquée", l’inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) et l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) de "vrais planques de la république", le Centre national de documentation pédagogique (CNDP), le centre national d’enseignement à distance (CNED) et Lesite.tv, exemples illustrant les gabegies financières de l’Education Nationale.

Concrètement que retient le journal ? Une nécessité absolue de "supprimer les organismes inutiles", de "revoir les conditions salariales", et "réévaluer le nombre d’agents publics"… Le tout pour réduire les dépenses de l’Etat sans augmenter les prélèvements obligatoires.

Jackie et Michel : des aventures, un phénomène !

"5 millions de visiteurs uniques par mois", selon Médiamétrie… Des chiffres encore et toujours, me direz-vous. Oui, mais là, ils racontent tout autre chose : le succès des sites de Jackie et Michel. De quoi parle-t-on ? Du porno amateur. C’est un article de l’Obs, intitulé "pénis de proximité", consacré à ce site qui a mis "cul par dessus tête l’industrie française du X". Et ça marche grandement : "la société revendique 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaires (en augmentation de 25 % par rapport à 2014) et un bénéfice d’environ 3 millions". D’où viennent les bénéfices puisque les vidéos sont gratuites? ce sont les services proposés par les sites qui rapportent : "numéro de téléphone rose surtaxé, site de rencontres, ventes de DVD", mais il y a aussi, le merchandising florissant de tee-shirt, de mugs ou de Sextoys.

Et au delà du site, qui sont Jackie et Michel ?

L’Obs nous raconte que c’est un couple. Ils se sont rencontrés jeunes, "dans une boîte échangiste de San Francisco", ils sont rentrés ensemble dans la banlieue de Toulouse, sont devenus instituteurs. Ils se sont toujours livrés au libertinage.

Et comment sont apparu le site et l’idée des vidéos en ligne ? "C’est un catalogue national du libertinage qui apparaîtra en quelque sorte en 2007". Le site est gratuit à l’époque où les concurrents sont payants et il fait un carton. La différence ? "Michel est hyper exigeant". Exit le crade, le zoophile, le scatophile, "les partouzes avec des vrais clochards"… ce qu’ils offrent, c’est "ce truc qui excite l’homo voyeurus : la fille d’à côté surpris en plein ébats". 8 ans plus tard, la girl next door a de plus en plus de fans.

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