Syrie : le Parlement convoqué en session extraordinaire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
La classe politique est divisé face à l'éventualité d'une intervention militaire en Syrie.
La classe politique est divisé face à l'éventualité d'une intervention militaire en Syrie.
©Reuters

Diplomatie de couloir

Un débat sur la situation en Syrie aura lieu le 4 septembre prochain.

Tout s'est précipité en 24 heures. Le sort de la Syrie semble scellé. Les Occidentaux vont intervenir militairement dans le pays, cela ne fait plus aucun doute. Ce mardi, la question d'une future action militaire était sur toutes les lèvres. La communauté internationale a multiplié les tractations en coulisses en ce sens. Ainsi, si officiellement rien est scellé, les Etats-Unis et leurs alliés semblent de plus en plus déterminés à lancer une frappe contre le régime de Bachar al-Assad. Une action militaire en réaction à l'attaque chimique du 21 août dernier près de Damas, qui aurait fait plus d'un millier de morts.

Ce mardi, le président français François Hollande s'est exprimé devant les ambassadeurs français. Il a affirmé que "le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse et la France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents". "La France est prête à exercer sa responsabilité partout dans le monde", a poursuivi le chef de l'Etat, qui a fait part de sa décision d'accroître son soutien militaire à l'opposition syrienne et de son souci de protéger les populations civiles. Si François Hollande n'a pas formellement annoncé une intervention militaire, il a invoqué "la responsabilité de protéger les civils", telle que définie par les Nations unies.

Il a enfin précisé qu'il réunirait jeudi un Conseil de défense qui réunira à l'Elysée, le chef de l'Etat, le Premier ministre, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, et le chef d’état-major des armées."Engager ou ne pas engager la France, agir ou ne pas agir, décider ou ne pas décider, intervenir ou laisser faire, cette question (...) va revenir dans les prochains jours" a conclu le chef de l'Etat français. C'est dans cet esprit que le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a annoncé aujourd'hui sur iTélé que le Parlement serait convoqué "en session extraordinaire pour un débat" sur la Syrie, le 4 septembre prochain.

"Une aventure hasardeuse"

Car l'allocution présidentielle ne fait pas l'unanimité en France. En effet, la classe politique apparaît très divisée quant à une éventuelle intervention militaire en Syrie. A l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon ne se sont pour le moment pas encore exprimés sur le sujet. Un mutisme observé aussi par le numéro un du PS, Harlem Désir.  En revanche, d'autres ont été plus volubiles quant à la détermination de la communauté internationale de frapper militairement le régime de Bachar al-Assad.  Ainsi, si Rachida Dati dit craindre "que le chaos succède au chaos", un autre ancien ministre UMP, Benoist Apparu, a de son côté défendu "la nécessité d'une intervention" sous des formes "à définir".

Voyant se profiler "une mécanique implacable" qui, "à certains moments, rappelle la préparation de la guerre en Irak" en 2003, le président du MoDem François Bayrou a lancé "un appel pressant à la prudence". Il préconise d'"attendre des preuves certaines" du caractère chimique de l'attaque, et la certitude qu'elle a bien été commanditée par le régime de Damas. D'autres se sont montrés plus catégoriques dans leur opposition. C'est le cas de Florian Philippot. Le vice-président du Front national refuse ce qu'il appelle une "diplomatie de cowboys". A droite toujours, le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan appelle quant à lui François Hollande à ne pas participer "à cette aventure hasardeuse".

"Nous sommes prêts à y aller"

"Partout où les Occidentaux ont tenté d'imposer par la force leur démocratie, cela s'est terminé en fiasco", souligne-t-il rappelant les précédents de l'Irak et de la Libye. Enfin à l'autre bout de l'échiquier politique, la même réticence existe. Ainsi, le numéro un du PCF Pierre Laurent, assure que "bombarder la Syrie serait ajouter la guerre à la guerre, entraînant le risque jusqu'ici inégalé d'un embrasement de toute la région". Sur la même ligne, son compère du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, l'un des rares à avoir critiqué l'intervention française au Mali, redoute "une erreur gigantesque".

Mais le débat existe aussi à l'échelle internationale. Aux Etats-Unis, on se dit "prêt" à intervenir. C'est ce qu'a affirmé ce mardi le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, dans une interview à la BBC. "Nous sommes préparés. Nous avons positionné des éléments pour être capables de répondre à toute option choisie par le Président, a-t-il déclaré. Nous sommes prêts à y aller". Si Barack Obama n'a pas fait de déclaration publique, la Maison Blanche réfléchirait donc aux différentes options d'action militaire. Au Royaume-Uni, David Cameron, qui penche également pour une intervention, attend le feu vert du Parlement convoqué jeudi pour voter une "réponse proportionnée" à la présumée attaque à l’arme chimique.

"Des prétextes artificiels et infondés"

Une éventuelle intervention militaire en Syrie viserait "à réduire les capacités d’utilisation" d’armes chimiques, certifie le Premier ministre britannique. "Nous avons vu en Syrie des scènes consternantes de mort et de souffrances à cause de l’utilisation d’armes chimiques par le régime Assad et je ne pense pas que nous puissions le supporter", a-t-il insisté. Enfin, l’Allemagne a fait savoir qu’elle approuverait une éventuelle "action" de la communauté internationale à condition que l’usage d’armes chimiques était confirmé. En revanche, la Russie, soutien indéfectible de Damas, appelle à la "prudence". "Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité et à créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région vont créer de nouvelles souffrances en Syrie et auront des conséquences catastrophiques pour les autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord", a fait savoir ce mardi Moscou par le biais d'un communiqué.

On le voit, aucune décision officielle n'a été prise. La diplomatie de couloirs suit son cours. Une seule certitude cependant : la future action militaire ne se fera pas sous l'égide de l'ONU en raison du soutien russe. D'autant plus que le président syrien, Bachar al-Assad, a prévenu Washington que toute intervention militaire contre son régime serait vouée "à l’échec".

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !