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Et si Papandréou était le seul à avoir compris le vrai problème de la Grèce
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Seul contre tous!

Le référendum aurait permis aux Grecs de renouer avec l'Etat.

Georges Papandréou, pas si à côté de la plaque que ça. Pour le site The Atlantic, le Premier ministre grec est le seul à avoir compris ce que tous les autres dirigeants européens ont occulté : le problème de la dette grecque n'est que le symptôme d'une société en miettes. La partie visible, d'un malaise sociétal sous-jacent bien plus vaste.

Août 1992 : Stefanos Manos est nommé ministre des Finances de la Grèce, et fait de la privatisation le fer de lance de sa politique. Problème : le secteur public grec fournit une grande (trop grande) part des emplois.Après avoir regardéde près les finances de son pays, Stefanos Marcos annonce - entre autres choses - que leschemins de fer nationauxsont si mal gérés etses employés payés si cher, qu'il serait plus raisonnable pour l'équivalent de la SNCF grecque de mettre la clé sous la porte.

Depuis la situation ne s'est pas vraiment améliorée :les chemins de fergrecsdépense chaque année près de 700millions d'euros (dont 400 millions d'euros pour payer ses employés), et n'engrange que 100millions d'euros derevenus.

Ces derniers jours, Georges Papandréou a été critiqué d'une part par ses compatriotes pour avoir acceptéles mesures d'austéritéimposéespar l'Union européenne. D'autre part, par ses partenaires européens pour sa proposition de référendum sur le plan européen d'aide financière. Contesté de toutes parts, le Premier ministre a finalement abandonné son projet et s'est engagé à démissionner vendredi 4 novembre.

Mais Georges Papandréou semble avoir compris quelque chose que StefanosManosavait laissé entendre20ans plus tôt : le problème de la Grèce n'est pas financier. Il y a plusieurs milliers d'années, les Grecs ont inventé la civilisation occidentale. Mais les fondements de cette société, eux, sont en panne : la confiance entre l'individugrec etl'Etat n'existe plus. Peu à peu, la Grèce a sombré dans "l'anarchietranquille". Pour The Atlantic, une seule chose est sûre à l'heure actuelle : celui qui succèdera à Georges Papandréou devra se pencher en priorité sur l'ingouvernabilitécroissantede la Grèce, et qui ne pourra que l'empêcher de résoudreses problèmes financiers.

Au-delà de toutes les critiques qu'il est possible de formuler à l'encontre du référendum grec, cette proposition aurait au moins permis une chose : reconstruire une partie de la relation brisée entre les Grecs et leur Etat. Ce problème, aucun plan d'aide ou d'austérité ne permettra de le résoudre.

Résultat de cette crise entre l'Etat et ses citoyens : la fraude est devenue en Grèce un sport national.324 Athéniens ont déclaré sur leur feuille d'impôt une piscine, sur laquelle unetaxe est perçue.En réalité, Athènes compte près de 17 000 piscines. Cherchez l'erreur. On estime que seul un Grec sur 52 a rempli honnêtement sa déclaration d'impôt.

Pour The Atlantic, un contribuable a deux raisons de ne pas frauder. D'une part, la peur de l'amende ou de la prison s'il se fait prendre par le fisc. La seconde raison est que cela fait partie du contrat implicite passé avec l'Etat : il est dans l'intérêtde sacrifierune partie de l'argent des citoyens pour le bien collectif. Ils consentent àêtre gouvernés pour une cause plus grande, celle du bon fonctionnement de l'ensemble de la société. Les Grecs ont retiré ce consentement.

Une personne qui s'est retrouvée au sein d'un système qui cautionnait la tricherie, ne peut tout simplement pas comprendre pourquoi on lui demande du jour au lendemain des efforts d'austérité si importants.

Le référendum n'aurait pas permis de résoudre ce problème. En revanche, il aurait eu le mérite de mettre le doigt dessus. Dire "oui" ou "non" au plan européen aurait été une façon pour les Grecs d'exprimer à titre individuel s'ils consentent de nouveau à obéir à l'Etat et à faire les sacrifices nécessaires pour maintenir le navire à flots. Ce référendum les aurait forcés à reconnaître leur appartenance à une collectivité capable de dépasser les enjeux strictement individuels.

Le référendum grec n'aurait pas mis fin à cette "anarchie tranquille", mais aurait été un premier pas pour en sortir.


Lu sur The Atlantic

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