Chaos au Stade de France : Liverpool et ses supporters contre-attaquent<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Gérald Darmanin devant les commissions des lois et de la culture du Sénat sur les troubles au Stade de France pendant la finale de la Ligue des champions, le 1er juin 2022 à Paris
Gérald Darmanin devant les commissions des lois et de la culture du Sénat sur les troubles au Stade de France pendant la finale de la Ligue des champions, le 1er juin 2022 à Paris
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Darmanin dans le viseur

Vols, coups de couteaux, agressions sexuelles, supporters traumatisés … À Liverpool, la finale de la Ligue des Champions qui opposait les Reds au Real Madrid est dans toutes les têtes. À partir de ce lundi, ceux qui souhaitent déposer plainte depuis le Royaume-Uni le pourront

Il s’appelle Ian Edwards et a eu beaucoup de chance. Sur son cou, il gardera à vie les stigmates d’une blessure qui aurait pu lui être fatale. Mais l’artère carotide n’a pas été touchée. Lorsque Ian entend Gérald Darmanin dire sur le plateau de TF1 mercredi dernier qu’il n’y avait « pas eu de blessé grave » au Stade de France, il voit rouge. 

Avant de voir les Reds jouer en finale de la Ligue des Champions, il a traversé l’Europe, de Kiev à Madrid. Mais à Paris, le rêve s’est transformé en cauchemar. « Il y avait une drôle d’ambiance quand nous sommes arrivés aux abords du stade à Saint-Denis », raconte-t-il. « Il y avait ces policiers habillés de noir avec leurs casques et leurs motos. Avec de telles tenues, le dialogue est difficile ». « Quand on joue à Wembley, il y a la police mais pas dans ces tenues pour se battre. Cela donnait l’impression qu’ils étaient là pour en découdre », ajoute-t-il. 

D’emblée, Ian voit un vol de billet à l’arraché. À la mi-temps, il assiste à des scènes surréalistes « Il y avait plein de policiers qui couraient après plein de jeunes et j’ai commencé à m’inquiéter. Je ne voulais pas être impliqué. Il y avait des tirs de feu d’artifice ». 

À la fin du match, la sortie du stade est difficile. « Il y avait des fourgons de police, on ne pouvait pas passer. On a dû longer un muret où il y avait des arbres et l’enjamber. Devant et derrière nous, il y avait du gaz lacrymogène. Il y a eu un mouvement de foule et je ne sais pas ce qui s’est passé, si j’ai été poussé ou si j’ai été déséquilibré tout seul mais je suis tombé sur une branche ». C’est à ce moment qu’il se blesse au cou. La plaie saigne abondamment. Des jeunes lui viennent en aide et un policier appelle les secours. Il ne sortira des urgences que vers 3h30 du matin. 

À Lire Aussi

Chaos au Stade de France : la parole de Gérald Darmanin peut-elle suffire dans une démocratie ?

« Quand on joue à Wembley, il y a la police mais pas dans ces tenues pour se battre. Cela donnait l’impression qu’ils étaient là pour en découdre, que les jeunes de Saint-Denis étaient aussi là pour ça et qu’au milieu il y avait les supporters de Liverpool. L’époque des hooligans, c’était il y a longtemps », estime Ian, qui compte bien porter plainte, comme bon nombre de supporters britanniques ou espagnols. Le ministère de l’Intérieur a annoncé que les pages Internet des ambassades de France en Grande-Bretagne et en Espagne donneront dès ce 6 juin les modalités pour remplir les lettres plaintes qui seront traitées par les parquets de Bobigny et de Paris. Des policiers seront aussi déployés, en lien avec les ambassades afin d’assister les victimes. 

Un supporter, frappé par une bande à coups de barres de fer et de marteau aux abords du stade de France sous les yeux de son fils de 13 ans, est hospitalisé en urgence. C’est sa troisième opération du genou. Contacté par Le Parisien, il ne préfère pas s’exprimer pour le moment. 

Mais les déclarations de Gérald Darmanin et de Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, ajoutent de la colère à la douleur. Sur les grilles du stade de Liverpool, on peut désormais voir des banderoles qui affichent « safety ignored, Darmanin liar » (« Sécurité ignorée, Darmanin menteur »). Les mots sont crus. 

Daniel Austin, journaliste sportif au quotidien britannique The Independant, tacle également la doctrine des policiers français : « Ça fait des décennies qu’il n’y a plus de hooliganisme dans les grands clubs anglais. Mais la stratégie des policiers français est restée la même ». « Il y a eu beaucoup de mensonges dits lors de l’audition de 3 heures devant le Sénat. Ce sont les mêmes mensonges qui ont été entendus après Hillsborough (drame ayant provoqué la mort de 97 personnes en 1989, ndlr) disant que les supporters de Liverpool étaient arrivés en retard et alcoolisés. C’est faux. Les autorités s’attendaient à voir des hooligans qui ne sont pas venus », ajoute-t-il. 

La collecte de ces témoignages doit permettre d’appuyer les plaintes et de documenter les enquêtes de l’UEFA. D’autres organismes indépendants ainsi que la justice française instruiront les différentes plaintes.

Le Parisien

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !