Warren Buffett : à 92 ans, l’oracle de Omaha a un problème, il est trop riche mais il a encore des projets<!-- --> | Atlantico.fr
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Warren Buffett, PDG de Berkshire Hathaway, assiste à l'assemblée annuelle des actionnaires à Omaha, dans le Nebraska, le 3 mai 2019.
Warren Buffett, PDG de Berkshire Hathaway, assiste à l'assemblée annuelle des actionnaires à Omaha, dans le Nebraska, le 3 mai 2019.
©JOHANNES EISELE / AFP

Atlantico Business

Warren Buffett a réuni ses actionnaires, comme il le fait chaque année, pour leur annoncer qu’ils étaient encore plus riches que l’année précédente, mais surtout pour dispenser ses conseils et sermonner les régulateurs du système financier.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour beaucoup d’investisseurs, l’assemblée générale des actionnaires de Berkshire Hathaway ressemble à une grande messe annuelle pendant laquelle le président fondateur en profite pour secouer le fonctionnement du système financier international. Il annonce, il prévoit, prédit et sermonne les principaux acteurs politiques et financiers qu’ils soient américains ou pas. Par rapport à certaines années, il a été plutôt calme.  Il a gagné tellement d’argent.

Warren Buffett reste à 92 ans, le cinquième homme le plus riche du monde avec une fortune nette supérieure à 100 milliards de dollars ( selon les estimations de Forbes) . Mais cette année, il a annoncé clairement qu’il avait un problème : il est trop riche, au point de ne pas savoir quoi faire de ses liquidités.Alors c’est simple, il stocke du cash en attendant la bonne affaire et il rachète massivement des actions. Ça ne plait pas à la Maison Blanche. Mais il s’en moque. Ses actionnaires sont contents. Il est ravi.

Les actionnaires qu’ il réunit chaque année à Omaha , une petite ville du Nebraska , là où il a toujours habité et où il a installé la direction de ses activités, ne s’en plaignent pas.

Les résultats financiers dégagés par son conglomérat sont très solides. Berkshire Hathaway a vu ses résultats du premier trimestre augmenter encore de 13% à plus de 8 milliards de dollars et une capitalisation boursière de 700 milliards qui a gonflé de 64% au cours des dernières années. Les dividendes versés sont à la mesure des performances.

Son portefeuille est toujours investi sur des valeurs sûres. Warren Buffett travaille sur le long terme mais ne supporterait pas une baisse de valeur. Pas question de spéculer comme des laquais sur les champs de courses. D’ailleurs, la bourse n’est pas un hippodrome. Ses meilleurs chevaux ont toujours les mêmes casaques : McDonald et surtout Coca-cola à laquelle il est fidèle depuis un demi-siècle. Sans parler de Chevron pour les pétrolières et surtout Apple où il a investi sur le tard parce qu’avant l’an 2000, il ne croyait pas encore au digital . Trop compliqué. C’est Bill Gates au démarrage de l’internet qui l’a convaincu d’y aller. Apple est aujourd’hui la première capitalisation mondiale ( plus de 2000 Milliards) .

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Autrefois il vantait le caractère incontournable du Coca cola dans la vie de tout homme normalement constitue, aujourd hui il considère que l’iPhone est devenu indispensable. Sur la planète toute entière.

Warren Buffett reconnait que les Etats- unis ont traversé une période « incroyablement dynamique au moment et après le covid ». Mais prévient que les affaires vont un peu se calmer.

Toute la question pour Warren Buffett va être se savoir quoi faire du cash accumulé depuis 5 ans . Au cours du dernièr trimestre, il a encore rentré 2 milliards de cash supplémentaires pour une trésorerie de 130 milliards de dollars.

Quoi faire dans la conjoncture actuelle ce qui ne l'inquiète pas mais qui «  l’oblige à être prudent. »

D’abord , les risques de guerre mondiale le préoccupent. Il n’aime guère ce qui se passe autour de Taiwan. Il invite sérieusement les deux gouvernements américains et chinois à entamer des discussions pour renouer les échanges commerciaux qui sont dans l’intérêt de tous les peuples. Le protectionnisme est un poison pour la prospérité économique. Ceci étant, il est obligé de reconnaitre qu’il a vendu l’énorme participation qu’il avait dans TSMC le fabricant de micro processeurs , ce qui va lui permettre de récupérer 4,1 Milliards de dollars de plus. Warren Buffett continue de croire au digital d’où Apple, mais il se méfie des risques de dépendances à TSMC. Si TSMC avait été construit sur les terres américaines tout serait différent.

Bref, il a «  de meilleurs endroits où investir son capital » et des endroits qui seront à l’abri des risques géopolitiques. De toute façon, il est plutôt sur le mode du désinvestissement . Avec en ligne de mire : l’industrie pétrolière qui restera un secteur clef encore un momentet les banques qu’il surveille comme la prunelle de ses yeux.

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La situation des banques américaines l’a mis en colère. Le krach de la Silicon Valley Bank aurait pu être catastrophique maisla réaction des régulateurs a été efficace. C’est bien la seule qualité qu’ il reconnait aux régulateurs , parce que leur communication a été exécrable.

Warren Buffett ne pardonne pas aux dirigeants des banques en faillite leurs fautes de gestion et le non-respect des normes de garanties. « Offrir des prêts immobiliers sur dix ans à taux fixes alors que les taux montent » a été une vraie folie.

D’où le conseil donné à la Maison blanche et aux investisseursde faire preuve de bon sens.

Les clefs de la prospérité sont très simples pour Warren Buffett qui ne varie pas beaucoup d’une année sur l’autre:

1e il faut un management excellent capable de produire un avantage compétitif. Il a mis un management excellent.

2e la diversification n’est utile qu’à ceux qui ne savent pas quoi faire. Moralité ceux qui savent comme lui ne courent pas n’importe où.

3e ne jamais investir dans une entreprise dont on ne sait pas le fonctionnement des produits offerts .Ça a été toujours sa règle, d’où les hésitations qu’il avaitil y a 20 ans devant les startup de l’informatique.

4e la transition énergétique sera longue … très longue. Mais on a toutl’argent nécessaire et les ingénieurs, et les techniques.

5e Berkshire Hathaway ne croit pas à l’intelligence artificielle. Quant aux cryptos monnaies on n’y touche pas. On n’en parle même pas.

6e Pour gagner en bourse, il faut éviter d’être stupide. Toute crise boursière offre une opportunité. La crise rend donc intelligent. Berkshire va continuer de produire un rendement confortable pendant 50 ans.

Comme chaque année, les actionnaires sont sortis de la réunion, rassurés par le cash , rassurés par les rachats d’ actions convaincus que l’oracle leur trouvera les meilleurs filons.Bref une grande messe comme les autres ou presque.

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