Violences conjugales : petits conseils pour aider des proches empêtrés dans une relation abusive<!-- --> | Atlantico.fr
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Les relations abusives sont très répandues. Voici quelques conseils afin d'aider un(e) ami(e) ou un être cher.
Les relations abusives sont très répandues. Voici quelques conseils afin d'aider un(e) ami(e) ou un être cher.
©Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Abus

Les relations abusives sont très répandues. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), une femme sur trois aux Etats-Unis a été victime de viol, de violence physique et / ou de harcèlement par un partenaire, et un homme sur quatre en a été victime. Voici quelques conseils afin d'aider un(e) ami(e) ou un être cher.

Philippe Genuit

Philippe Genuit

Philippe Genuit est psychologue clinicien au Centre Ressource pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles (Criavs) de Midi-Pyrénées à Toulouse.

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Atlantico : L'abus est-il uniquement physique ?

Philippe Genuit : L'abus sexuel est un abus de l'intimité. C'est avant tout un abus de la propriété de la personne. La sphère sexuelle est effectivement importante mais ce n'est pas la seule chose à prendre en compte. 

Pourquoi faut-il éviter de tomber dans le jugement quand un proche se retrouve victime d'abus ?

En effet, on entend parfois des gens dire "mais qu'as-tu bien pu faire pour que ton conjoint en vienne à te faire ça ?". Le non-jugement, c'est ne pas apporter un jugement de valeur. En revanche, on peut apporter un jugement critique. Le jugement de valeur revient à culpabiliser la victime. Le jugement critique tient compte qu'il y a une rencontre de vulnérabilité psychique entre les protagonistes et que chacun participe du conflit à sa manière. Mais l'abus ne relève plus du simple conflit. Le conflit, c'est être en désaccord ou faire part de sa différence de façon plus ou moins véhémente. Ce n'est pas la violence.

Quand la communication est faite de malentendus, il y a du conflit. Être critique, c'est essayer de comprendre ce qu'il se passe. Si on est un proche , il ne faut pas essayer de se poser en tant que clinicien ou thérapeute. Il faut rester avec un avis d'ami. Le jugement critique, c'est analyser la situation et ne pas dire que quelqu'un y est pour quelque chose. De toute façon, quand une relation arrive à un abus, c'est que la relation s'est constituée comme cela et que petit à petit, il y a eu une prise de pouvoir de l'un sur l'autre. La personne abusée peut être amenée à justifier les coups qu'elle subit et se dire qu'elle doit y être pour quelque chose.

Pourquoi est-il  important de rester en contact avec la personne qui subit un abus ?

Dans les questions de violences conjugales ou d'inceste, les personnes sont rejetées par l'entourage car elles viennent perturber un équilibre familial. Ce sont donc généralement des personnes qui s'isolent. Il faut donc rester en contact avec la personne pour la sortir de son isolement. Si la personne décide de dénoncer ce qu'elle subit, son isolement risque d'être d'autant plus fort.

Y a-t-il un risque à vouloir prendre le contrôle de la situation ?

Il se peut qu'une personne qui veut aider une personne abusée se met dans une nouvelle position de pouvoir. Un pouvoir qui se veut adjuvant, aidant, pas abusant mais ça reste une question de pouvoir. Il est donc fréquent qu'une personne qui a été abusée se retrouve à nouveau dans une situation où une personne exerce un pouvoir sur elle, que ce soit un homme ou une femme.

Pourquoi est-il important de rester à la disposition de la personne ? De proposer son aide? 

Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l'amitié et de la bienveillance. Il faut être à l'écoute, d'autant que la personne va  avoir des mouvements contradictoires. Elle peut dénoncer ce qu'elle subit puis revenir sur ses propos car elle reste attachée à la personne auteur des abus. Par exemple, un enfant victime d'inceste par ses parents ne souhaite pas perdre ses parents. Dans le couple, on voudra que son conjoint arrête ses abus mais on ne veut pas qu'il ou elle nous quitte. Il faut prendre en compte ces contradictions et ne pas pour autant diminuer son attention envers la victime. Il ne faut donc pas rejeter son ami(e) si on se rend compte qu'elle n'écoute pas nos conseils et revient vers celui qui l'abuse.

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