Victoire de Giorgia Meloni : ces trois enseignements que confirment les élections italiennes sur l’évolution des démocraties européennes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
L'union des droites portée par Giorgia Meloni est arrivée en tête des élections législatives en Italie.
L'union des droites portée par Giorgia Meloni est arrivée en tête des élections législatives en Italie.
©Andreas SOLARO / AFP

Vague européenne

La victoire de Fratelli d’Italia et de l’union des droites portée par Giorgia Melonia en Italie intervient deux semaines après celle du bloc conservateur en Suède aux élections législatives.

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti est Professeur associé à Sorbonne-université et à l’HEIP et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Son dernier ouvrage, "Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir", est publié aux éditions du Cerf (4 Novembre 2021).   

Voir la bio »

Les élections italiennes ont confirmé au moins trois enseignements qui ne cessent de se développer dans nombre de démocraties européennes : le retour du politique à partir de préoccupations souverainistes avec pour corollaire la défiance grandissante à l’encontre du fonctionnement de l’Union européenne; l’agrégation des droites sur tout leur arc qui désormais trouve sa validation électorale, nonobstant les menaces de mise à l’index des institutions européennes et d’une partie des classes dirigeantes tant médiatiques que politiques ; le caractère forcément hybride de ces alliances entre populistes et droites de gouvernement au regard des situations et cultures politiques nationales.

Sur ces trois constats, l’Italie offre un exemple assez minéral de ce qui se joue trente années , faut-il le souligner, après la mise sur ses rails du Traité de Maastricht. Madame Meloni accède au pouvoir à partir d’une demande de récupération de maîtrise démocratique pour mieux contenir les impacts les plus corrosifs de la globalisation tant au plan régalien qu’économique. Force est de constater que le discours rassérénant , pour ne pas dire anesthésiant des technostructures mondialisées qui disposent au sein même des Etats-nations de leurs propres relais au travers des partis de gouvernement est désormais non seulement encalminé mais rejeté , d’autant plus qu’il a pris ces derniers temps et encore plus avec Madame Von der Leyden une tournure on ne peut plus autoritaire. L’UE perçue comme impuissante d’une part et structurellement directoriale sans aucune légitimité démocratique d’autre part est interrogée nécessairement dans son rôle et dans son fonctionnement. Elle est confrontée au rappel des peuples qui comme en Italie ou en Suède ont relevé ses manquements et ce qu’ils estiment être une arrogante marche en avant.

À Lire Aussi

Les milieux économiques italiens ne dramatisent pas l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni

La nature de ces résultats électoraux signifie une double volonté : que le politique se ressaisisse de ce pourquoi les sociétés l’ont généré, la protection et que cette protection se fasse démocratiquement à partir de la libre autodétermination des peuples. En d’autres termes tout ce qui a été oublié à grandes enjambées depuis des décennies. Madame Meloni est ensuite et par ailleurs le fruit d’une alliance politique à droite, produit d’un renversement tout autant sociologique que politique.

L’élitisme social ne trouve plus sa traduction électorale à droite, mais principalement au centre-gauche et à gauche, pendant que la dimension populaire des luttes démocratiques est portée par les droites, principalement les droites nationales ou populistes.

Cette caractéristique explique sans doute l’affaiblissement du tabou empêchant toute alliance sur tout l’arc des droites. Les injonctions à la condamnation morale et au " cordon sanitaire ", venues du centre et de la gauche, n’opèrent plus quand bien même se sont-elles toujours révélées peu opératoires de l’autre côté des alpes. Car c’est là l’autre point que la situation italienne met en évidence : cette assomption souveraino-populiste s’effectue au prisme des histoires singulières de chaque nation.

L’Italie de ce point de vue a offert déjà à plusieurs reprises l’exemple de plasticité partisane, y compris à droite avec la plateforme échafaudée en son temps entre Gianfranco Fini et Silvio Berlusconi. Pour autant, la nouveauté irréductible du résultat du 25 Septembre réside dans le rapport de forces à l’intérieur de la coalition où pour la première fois la formation de la droite nationale est dominante. Une élection certes, mais au caractère novateur, quasi-révolutionnaire et dont la dimension expérimentale vaut signal pour toute l’Europe…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !