Vers un retour de Nicolas Sarkozy : sur quelle base électorale peut-il s'appuyer ?<!-- --> | Atlantico.fr
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68% des électeurs qui ont voté Sarkozy en 2012 souhaitent son retour.
68% des électeurs qui ont voté Sarkozy en 2012 souhaitent son retour.
©Reuters

Revue des troupes

Le retour de Nicolas Sarkozy s'est un peu plus précisé ce mercredi 2 juillet : il dira fin août-début septembre s'il se présentera à la présidence de l'UMP. Malgré deux ans d'éloignement relatif, ses soutiens populaires sont toujours là.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Selon un sondage CSA pour BFMTV réalisé juste avant son interview sur Europe 1 et TF1, 68% des électeurs qui ont voté Sarkozy en 2012 souhaitent son retour. Quelle est la base sur laquelle l'ex-président peut-il s'appuyer ? Comment se caractérise-t-elle et a-t-elle si peu changé que cela depuis deux ans ?

Jérôme Fourquet : Nicolas Sarkozy demeure la personnalité – et de loin ! – la plus plebiscitée par l'électorat de droite pour porter leurs couleurs en 2017. Les chiffres de l'Ifop font état de 54% des sympathisants souhaitant qu'il soit candidat. Alain Juppé est trente points derrière, quant à François Fillon il ne dépasse pas les 10%. Les autres candidats testés sont tous entre 1% et 3%. En choix de candidature, Nicolas Sarkozy domine confortablement son camp. Cependant, il y aussi une bonne partie de l'électorat de l'UMP qui ne souhaite pas que ce soit lui. Nicolas Sarkozy a su conserver un lien avec une large partie de son électorat mais une frange s'en est détournée, c'est indéniable.

Qu'est-ce qui motive la persistance d'un lien aussi fort ? La première est la comparaison permanente fait par ses électeurs entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Toute une partie de la droite est consternée quand elle regarde l'action de François Hollande, et Nicolas Sarkozy se positionne aussi sur ce genre de critiques. Il y a le sentiment que le pays est en train de décrocher, que le péril est proche, et donc que Nicolas Sarkozy est le seul pouvant sortir le pays de l'ornière, nonobstant son précédent bilan et ses traits de caractère parfois insupportables. On joue encore le match de 2012.

Deuxième comparaison : celle faite entre Nicolas Sarkozy et les autres leaders de la droite. L'UMP a une image très dégradée et aucun leader n'a émergé depuis la semi-retraite de Sarkozy en 2012. La droite apparaît comme un bal des égos insupportable pour une partie de cet électorat. Nicolas Sarkozy semble donc en dépit de ses insuffisances comme le meilleur recours.

>>> A lire aussi : L’envie de Sarkozy, c'est fini ? Petit mémo à l’usage de ceux qui ne savent pas lire les sondages et Décrochage dans les sondages : simple étincelle ou feu à la maison Sarkozy ?

Cette base et ses extensions sont-elles suffisantes pour s'imposer à droite d'une part et sur le plan national ensuite ? Quels nouveaux électorats peut-il essayer de retrouver ?

On entend ici et là que l'on pourrait élargir massivement le spectre de l'UMP en allant du centre-gauche à la droite de la droite. Il s'agit surtout de calcul et de spéculations. Nicolas Sarkozy doit d'abord faire le plein dans sa propre famille politique. Même s'il est loin devant les autres, ce sont presque quatre électeurs de l'UMP sur dix qui ne veulent pas de lui. Et là, on ne parle même pas de l'électorat modéré qui hésite entre UMP et UDI, ou à l'inverse celui tangue entre UMP et FN. On est là dans la cœur de l'UMP et l'opposition est déjà importante. Mais en termes de rejet François Fillon est à 90% et Alain Juppé, à 75% donc il reste bien sûr le moins mal placé.

Certains à l'UMP pourraitent-ils être tentés de lui barrer la route ?

Certains se posent déjà la question du "qui est le meilleur pour le deuxième tour de 2017". Or, il peut se passer beaucoup de choses en trois ans. Il faut commencer par franchir les obstacles les uns après les autres. D'où l'intérêt de savoir les tendances dans l'électorat de droite car c'est lui qui va décider du candidat et le mettre sur orbite pour la présidentielle. Or il n'y a pas aujourd'hui de rassemblement des "quadras" de l'UMP autour d'une personnalité type Fillon ou Juppé. A mon sens, personne n'est capable de s'opposer à son retour pour cette première phase de la bataille.

Les affaires qui s'accumulent sur Nicolas Sarkozy peuvent-elle impacter le soutien de sa base ? Comment ?

Les chiffres que je vous communique ont été publiés après les révélations fracassantes de l'affaire Bygmalion. On aurait pu penser que ces révélations qui mettent en cause le financement de sa campagne aurait pu impacter le souhait que ses soutiens ont de son retour comme candidat. Or il n'en est rien, cela n'a pas bougé d'un iota. Du moins, depuis 2012 et jusqu'à présent, même lorsqu'on l'oppose à une dizaine de personnalités. On se demande maintenant si des évènements forts comme sa mise en examen – quelque chose de tout à fait inédit sous la Ve République – ne vont pas être la goutte d'eau qui fait déborder le vase, la polémique de trop. Il pourrait y avoir un jugement moral défavorable de ses anciens soutiens, mais aussi un calcul stratégique face à l'acharnement des juges faisant craindre un détournement des électeurs. Nicolas Sarkozy pourrait devenir moins intéressant pour un électeur qui craindrait de voir son favori disqualifié en cours de route pour raisons judiciaires. C'est toute l'interrogation car nous n'avons pas de données immédiates sur ce qu'il vient de se passer.

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