Vers des factures de gaz et d’électricité à 4000 euros par an pour un ménage moyen <!-- --> | Atlantico.fr
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La facture va nettement augmenter pour les ménages européens.
La facture va nettement augmenter pour les ménages européens.
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Crise énergétique

La hausse des prix du gaz et de l'électricité provoquée par la guerre en Ukraine pourrait provoquer une très forte augmentation de facture pour les consommateurs.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Vous avez calculé le prix moyen de la facture d’électricité d’un ménage moyen en Europe, notamment en Belgique. A quel résultat parvenez-vous ?  

Damien Ernst : En Belgique, comme globalement ailleurs, la référence de la consommation de gaz est de 17,5 MWh par ménage et pour l’électricité c’est 3,5 MWh. C'est le mix de consommation pour un ménage moyen se chauffant au gaz. A l’heure actuelle, le gaz coûte environ 200-250 €/ MWh sur les marchés de gros, avec une moyenne 220€/MWh. A cela s'ajoutent les frais réseaux, plus ou moins 50 €/MWh, on arrive à 270 €/MWh. A cela s’ajoute la multiplication par la TVA, 1,06. Le calcul est donc de 17,5*(270*1,06) = 5008,5 pour le gaz. C’est un calcul approximatif mais cela donne un ordre d’idée. A cela s’ajoute le prix de l’électricité. Aujourd’hui, c’est presque 400 €/MWh, plus 100-120€ de frais de réseaux, et la TVA. 3,5*520*1,06 = 1929.2. C’est donc une facture à presque 7000 € avec ces calculs belges. Sans filet de secours de l’Etat, c’est une hausse de plus de 4000 € à prévoir. 

La situation est donc la même partout en Europe et notamment en France ? 

C’est plus ou moins pareil partout oui. C’est ce qui est en train de devenir la norme standard dans les pays qui ont une charge de chauffage. La France est dans une situation légèrement différente parce qu’il y a l’ARENH. Mais cela ne couvre pas tout. 100 % des volumes ne sont pas couverts par l’ARENH, loin de là. Il faut quand même estimer une facture à 4000-5000 € pour un ménage français moyen, alors que c’est le pays qui protège le mieux ses consommateurs. Bien sûr, il faut retrancher à cela les potentiels subsides de l’Etat pour protéger ses citoyens. Le fait est que protéger les ménages va coûter excessivement cher. Couvrir une telle hausse pour les 25 millions de ménages français représenterait plus de 75 milliards supplémentaires dans le budget de l’Etat. 

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Est-ce qu’il y a d’autres solutions pour amoindrir la hausse des coûts pour les ménages ?  

Cela peut être des subsides intelligents, ciblés, comme ce qui a pu être fait en Espagne ou au Portugal. Ils ont changé les règles de formation des prix de l’électricité sur les marchés “day ahead”. Ils ont obligé les producteurs de gaz à placer des offres sur les marchés comme si le gaz ne coûtait qu’environ 50 € du MWh. Cela conduit à de meilleurs prix. Cela permet de réguler les prix sans faire la révolution sur les marchés et la manière dont se fixent les prix. 

A quel point la consommation des ménages est-elle élastique ? Et donc pourrait être réduite ? 

C’est la grande interrogation de cet hiver, surtout pour le chauffage. Un consommateur peut descendre son thermomètre de plusieurs degrés s’il met un gros pull, il ne met pas en danger sa santé et cela pourrait faire une immense différence sur la consommation de gaz. Le problème c’est que nous n’avons pas de retour d’expérience de consommateurs qui auraient été exposés à ces conditions. On va découvrir cet hiver la manière dont les consommateurs réagissent à de tels prix. A mon avis, à hiver constant, on peut espérer une diminution de 30% de la charge chauffage si de tels prix existent. Et ce serait déjà énorme. Concernant l’électricité, je pense que la diminution sera très faible. La charge chauffage est la clé pour passer un hiver sans gaz russe puisque c’est presque la moitié de notre consommation en gaz. Il faut donc mener des grandes campagnes de sensibilisation sur le chauffage. De l’autre côté, le prix du pétrole est aux alentours de 100 dollars le baril. Dans un baril, il y a un 1.6 MWh d’énergie. Donc le prix de l’énergie pétrole est de 60 €/MWh. On observe dans l’industrie beaucoup de tentatives de passer du gaz au pétrole. Cela va conduire à une diminution des prix du gaz qui est porteuse d’espoir. Cet hiver pourrait être aussi celui de la mise en place de tous les générateurs diesels disponibles. Ce n’est pas trop dans l’ère du temps, mais, à court terme, ce sont les deux mesures que l’on peut envisager.  

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