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Vague de plans sociaux :
stop au darwinisme économique ! En sauvant ses usines, la France
assure la pérennité de ses produits
face à la concurrence
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La CGT estime à 75 000 le nombre de postes menacés par des plans sociaux « mis au congélateur » pendant la présidentielle. Mais en juin, The Economist estimait que la France allait à l'encontre des forces de marché en s'opposant aux fermetures d'usines. Plutôt que de maintenir sous perfusion des usines en difficulté, la France devrait investir dans les secteurs d'avenir, et renforcer ses grands groupes.

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet est économiste.

Son dernier livre est Réindustrialisation j'écris ton nom, (Fondation Jean Jaurès, mars 2012).

Il est également l'auteur de Les Pratiques de l'Intelligence Economique : Dix cas d'entreprises paru chez Economica en 2008 et GDF-Suez, Arcelor, EADS, Pechiney... : Les dossiers noirs de la droite paru chez Jean-Claude Gawsewitch en 2007, et de Investir : une urgence absolue pour la France et l'Europe à télécharger chez la Fondation jean Jaurès (en libre téléchargement).

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A lire également : L'opinion inverse
Contre l'aide financière, Vague de plans sociaux : stop aux usines sous perfusion ! Quand la France doit comprendre la destruction créatrice

Atlantico : La CGT estime à 75 000 le nombre de postes menacés par des plans sociaux qui auraient été « mis au congélateur » le temps de l’élection présidentielle. Dans un article paru en juin, « Adieu, la France », The Economist estimait que le gouvernement français, en particulier avec la création d’un ministère du Redressement productif, allait à l’encontre des forces schumpétériennes de destruction créatrice – selon lesquelles des secteurs d’activités sont amenés à disparaître pour laisser place à de nouveaux. Les politiques économiques françaises s’inscrivent-elles dans ce type de configuration ?

Jean-Louis Levet : Je pense que cette thèse est typique d'une analyse très néo-libérale et orthodoxe selon laquelle des secteurs ont vocation à disparaître pour laisser leurs places à d'autres. Mais la réalité est différente. Certaines entreprises innovent plus que d'autres. Celles qui disparaissent étant les moins créatives. Mais, une fois de plus, il ne s'agit pas d'une loi économique. A l'inverse, une entreprise innovante et qui détient un savoir-faire peut tout à fait se repositionner sur d'autres niches et de nouveaux marchés. C'est ce que l'éco-système doit permettre.

Ce n'est donc pas le couple produit-marché qui compte, mais son portefeuille de compétences et de savoir-faire. D'ailleurs, dans le contexte économique actuel, caractérisé par une intensification de la concurrence et une faible croissance, de nombreuses entreprises ne se contentent plus de vendre des produits sur des marchés en baisse, mais cherchent à remonter dans leurs portefeuilles de savoir-faire pour s'insérer dans de nouveaux marchés.

Le rôle des structures d'intermédiation est donc de favoriser la création d'éco-système innovant dans lesquels les entreprises peuvent puiser pour se refocaliser sur d'autres marchés. Toute entreprise à un moment donné rencontre des difficultés. Si l'une d'entres-elles détient des compétences très larges, il est normal que les acteurs publics l'aide pendant un certain temps pour se relever des périodes difficiles.

Ce type de politique peut-il se traduire par une baisse des investissements, et donc un retard dans les secteurs dits "d'avenir" ?

L'objectif n'est pas seulement de sauver des emplois, mais de protéger des entreprises qui font face à des baisses dans leurs carnets de commande, alors même qu'elles ont un potentiel de savoir-faire très important. D'ailleurs, une politique industrielle ne consiste pas à agir seulement sur la "défensive". Elle se définit dans un cadre proactif pour orienter la spécialisation industrielle vers des activités à fortes valeurs ajoutées, dans le long-terme et le respect des mécanismes de marché.

Nous devons aujourd'hui consolider sur nos points forts (ferroviaire, énergie, infrastructure...) d'autant plus qu'ils correspondent aux besoins des pays émergents. Il faut dans le même temps, investir dans les secteurs qui répondent aux nouveaux besoins.

Comment les autres pays européens gèrent les plans sociaux dans les secteurs en difficulté ?

Un certain nombre de travaux montrent qu'il y existe une relative convergence des politiques d'innovations et industrielles au sein des pays de l'OCDE depuis une dizaine d'année.

L'Allemagne développe beaucoup le co-financement du chômage partiel afin que l'Etat aide une entreprise à financer le différentiel de revenu que ne touche plus le salarié. Ce dernier reste ainsi dans l'entreprise qui, de son côté, conserve son savoir-faire, ce qui lui permettra de mieux repartir après la crise. Il ne faut donc pas être dans une logique de licenciement systématique qui se traduirait par une perte de savoir-faire pour les sociétés.

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