Vaccins, Russie, risques de guerre civile… : entretien avec l’un des piliers républicains de l’administration Trump<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour Paul Mango, Donald Trump a plus de 50 % de chances de revenir au pouvoir.
Pour Paul Mango, Donald Trump a plus de 50 % de chances de revenir au pouvoir.
©Sean Rayford / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

En exclusivité

Plusieurs jours après l’inculpation par un tribunal fédéral américain de l’ex-président Donald Trump, nous publions un entretien de Paul Mango, ancien officier de l’armée américaine, puis chef de cabinet adjoint du ministère de la santé et des services sociaux américain de 2019 à 2021, qui a joué un rôle de premier plan dans la lutte d’urgence contre la pandémie de Covid-19.

Pierre Rehov

Pierre Rehov

Pierre Rehov est reporter de guerre, réalisateur de documentaires, chroniqueur dans la presse française, israélienne et américaine et auteur de nombreux romans. Depuis 30 ans, il explore le Moyen-Orient et étudie les phénomènes extrémistes.

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Pendant cette période, M. Mango a été l'agent de liaison officiel du ministre de la Santé Américain, Alex. Azar, pour l'opération Warp Speed, autrement dit le développement ultra-rapide des vaccins anti-Covid, en liaison avec Donald Trump et la Maison Blanche. En 2018, il a tenté d’être élu gouverneur de Pennsylvanie pour le parti républicain, mais a été battu de peu par le candidat démocrate. Mango croit fermement au retour de Trump, et compte jouer à l’avenir un rôle dans la vie politique américaine. En exclusivité pour Atlantico, il a répondu aux questions de Pierre Rehov.

Pierre Rehov : Vous avez publié aux USA un livre révélant les mécanismes de l'opération Warp Speed qui, sous votre direction, a permis aux laboratoires américains de mettre au point un vaccin contre le Covid en moins de 10 mois, ce qui était la promesse faite, et tenue, par le président Trump. Comment et pourquoi avez-vous été choisi pour cette mission à haute responsabilité ?

Paul Mango : À l'époque, c’est-à-dire en 2020, quand la pandémique a éclaté, j'étais le responsable politique du secrétaire d'État (ministre) Alex Michael Azar et j'étais donc déjà très impliqué dans la réponse à la pandémie de COVID. J'avais également une expérience militaire, et lorsqu'il est devenu évident que le ministère de la santé et des services sociaux devrait collaborer avec le ministère de la défense pour mettre en œuvre ce programme dans l’urgence, ce qui était un pari très risqué, le Secrétaire d'État Azar m'a demandé de superviser l'effort en son nom. Il est resté très impliqué, mais il a dû s'occuper de la réponse plus large à la pandémie en tant que ministre de la santé.

Cette fonction vous a conduit à collaborer avec Donald Trump. Comment s’est déroulé votre relation avec lui ?

Ce fut un véritable privilège de travailler avec le Président Trump. Il a joué un rôle clé dans le succès d'Opération Warp Speed. Il a obtenu les ressources dont nous avions besoin, nous a aidés à décrire et promouvoir Opération Warp Speed auprès du public et s'est assuré que le reste du gouvernement coopère avec nous. Lors des réunions d'information, il a toujours respecté les experts de l’opération. Il posait des questions très pertinentes, démontrant sa capacité de comprendre et d’intervenir sur des sujets scientifiques très pointus, alors que ce n’est pas son domaine. Il a toujours demandé ce dont nous avions besoin pour réussir et réussi à l’obtenir en un temps record. Tout le monde l’appréciait.  Il n'a jamais "micro-géré" l'équipe.

En 2018, vous étiez le candidat du Parti républicain au poste de gouverneur de Pennsylvanie. Cela vous a permis de voir de près les mécanismes électoraux de l'État. Il semble qu'à l'occasion des élections de 2020, un certain nombre de malversations aient été commises localement, comme un changement irrégulier de dernière minute des règles électorales qui aurait donné un avantage au Parti démocrate. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

J'étais à Washington lors des élections de 2020, je n'ai donc pas eu l'occasion d'observer directement les activités de vote en Pennsylvanie. Toutefois, compte tenu des changements abrupts apportés aux politiques régissant le vote pour inclure une possibilité presque illimitée de voter par correspondance sans les conditions préalables normales, nombre de personnes ont remis en question l'intégrité globale du processus. Qui peut les critiquer ? Malgré tous les efforts exercés par les responsables d’une fraude éventuelle pour la masquer, avec l’appui de certains médias et réseaux sociaux, un nombre extraordinairement important d’Américains sont convaincus aujourd’hui que ces élections ne se sont pas déroulées normalement.

QLa distribution mondiale de vaccins anti-Covid ARN a fait l'objet de rejets et de théories du complot. Qu'est-ce que le scientifique qui est en vous veut dire aux anti-vaxx et autres diffuseurs de théories du complot ?

Cette question comporte plusieurs aspects. Tout d'abord, sur la sécurité et l'efficacité des vaccins. Par l'intermédiaire de la FDA (Food and Drug Agency), nous avons élevé les normes d'évaluation des essais cliniques de façon drastique. La plupart des essais de phase 3 sur les vaccins portent en moyenne sur 20 000 personnes. Pour les vaccins de l’Opération WARP Speed, la FDA a exigé un minimum de 30 000 personnes. En outre, l'intervalle après la vaccination pendant lequel les effets indésirables sont surveillés est généralement de 42 jours. La FDA a étendu cette période à 60 jours pour nos essais de vaccins COVID. Les critères d'évaluation de la sécurité et de l'efficacité de ces vaccins ont donc dépassé toutes les évaluations précédentes. Nous avons radicalement modifié le PROCESSUS d'évaluation des vaccins candidats par la FDA, mais nous n'avons pas abaissé les NORMES. En fait, nous avons relevé les critères d'évaluation des vaccins. Seule la lourdeur administrative, les contraintes inutiles, ont été bousculées.

La deuxième partie de cette question, dans mon esprit, est le résultat de l'administration Biden qui a rendu les vaccins obligatoires. Le président Trump n'aurait jamais autorisé de telles mesures. Une fois que les gens ont été contraints de se faire vacciner, le sentiment anti-vaxx a naturellement augmenté de manière substantielle. En outre, au moment où les vaccins ont reçu les autorisations d'utilisation d'urgence, nous savions que le COVID touchait de manière disproportionnée les personnes présentant certaines caractéristiques : personnes âgées, immunodéprimées et souffrant d'un certain nombre de maladies chroniques sous-jacentes. Nous aurions dû nous concentrer sur la vaccination de ces personnes plutôt que d'obliger celles qui n'étaient pas vraiment à risque à se faire vacciner.

Donald Trump n’aurait donc pas adopté des méthodes similaires s'il avait conservé la Maison Blanche ?

Absolument. Comme indiqué précédemment, le Président Trump n'a pas micro-géré l'équipe OWS et l'a laissée en place sous la direction des ministères de la Santé et de la Défense. La nouvelle administration a centralisé la gestion des vaccins à la Maison Blanche et c'est à ce moment-là que la prise de décision s'est considérablement ralentie. Par ailleurs, le président Trump n'a jamais envisagé d'imposer des vaccins. Pas un instant. Notre philosophie était totalement différente. La nôtre était de fournir les ressources nécessaires à nos juridictions de santé publique et à tous les citoyens américains pour se protéger du virus, mais de leur laisser le soin de prendre les décisions concernant les masques, les vaccins, etc.... et non au gouvernement fédéral.

Que répondez-vous à ceux qui accusent Big Pharma d’avoir exagéré la situation pendant la crise de la grippe aviaire, et d'utiliser le prétexte de ces maladies nouvelles pour aider certains gouvernements à renforcer leur contrôle antidémocratique croissant sur la société ?

Je ne voudrais pas regrouper toutes les entreprises qui composent "Big Pharma". Certaines sont purement motivées par le profit et semblent s'engager dans des pratiques moins qu'éthiques pour accroître leurs bénéfices. D'autres possèdent des valeurs plus fortes et les appliquent dans le cadre de l'approche globale de l'entreprise en cas de crise. L'essentiel est d'identifier la différence entre les deux et, dans le cadre d'un partenariat public-privé, d'établir des lignes directrices et des principes de fonctionnement qui obligent les entreprises qui ne respectent pas l'éthique à modifier leur comportement.

L'Angleterre, après l'Asie, semble s'inquiéter de l'apparition d'une nouvelle variante du COVID, encore plus contagieuse que les précédentes. Êtes-vous inquiet à l'approche de l'automne et de l'hiver ?

Je ne suis ni épidémiologiste, ni expert en santé publique, ce n'est donc pas à moi de m'inquiéter de l'apparition de nouveaux variants. Je pense que les critiques légitimes adressées à nos agences de santé publique non préparées pendant le COVID créent une situation dans laquelle ces mêmes agences et experts préfèrent désormais pécher par excès de prudence. C’est précisément ce qui est en train de se produire.

Quelle est la gravité de la fracture au sein de la société américaine, et quelle est la part de responsabilité du camp Biden/Obama dans le risque de guerre civile, alors que les médias mondiaux, y compris français, veulent faire " porter le chapeau " au président Trump et à ses partisans ?

Je ne donnerais pas beaucoup de crédit à la probabilité d'une guerre civile. Le peuple américain est certainement divisé sur un certain nombre de questions fondamentales et le conflit a commencé sérieusement lors de l'élection présidentielle de 2000 (Bush contre Gore). Personnellement, je pense que cela est principalement dû à la capacité des médias sociaux à amplifier les questions mineures pour en faire un argument majeur. Au-delà de cela, cependant, il y a des points de vue presque irréconciliables : Le président Trump et la plupart des conservateurs pensent que l'Amérique est l'endroit le plus exceptionnel sur terre et dans l'histoire du monde. Les libéraux-progressistes pensent que l'Amérique est un pays pécheur et raciste qui opprime les minorités. Je pense que Donald Trump et ses partisans (dont je fais partie) croient ce que nous croyons parce que nous aimons notre pays et que, malgré nos défauts, nous nous efforçons toujours d'améliorer les opportunités pour tous ceux qui souhaitent travailler dur et préserver certaines valeurs fondamentales. Les « progressistes », quant à eux, recherchent le pouvoir. Le pouvoir de faire plier les autres à leur volonté. Les élites libérales-progressistes se croient meilleures et plus intelligentes que l'Américain moyen parce qu'elles ont fréquenté des écoles de la Ivy League. En réalité, même si elles sont plus érudites, elles manquent de bon sens et n'ont aucune idée de ce que c'est que de se battre contre l’adversité, de faire des efforts envers et contre tout, et de gagner le succès. En fait, ces gens méprisent les personnes qui réussissent de manière indépendante parce qu'elles ne dépendent pas du gouvernement. Le clivage se situe fondamentalement entre collectivistes et individualistes. Les conservateurs estiment que l’incitation à l’effort individuel conduit au bien être collectif. Les libéraux-progressistes se sont convaincus que chacun devrait obtenir selon ses besoins, à condition d’obéir aveuglement à une entité centralisatrice.  

Partagez-vous l'opinion de ceux qui pensent que Trump, en tant que président, aurait pu réussir à empêcher la guerre entre la Russie et l'Ukraine et diminuer le risque croissant d'une guerre globale entre l'Occident et la Russie ?

Je m'appuierai ici sur les faits : sous Obama/Biden, Poutine a pris la Crimée. À l'époque de Trump, Poutine s'est comporté correctement. Lorsque Biden est devenu président, Poutine a envahi l'Ukraine. Dois-je en dire davantage ?

Quel est votre degré d'optimisme quant à l'éventuelle réélection du président Trump en 2024, compte tenu des attaques judiciaires qu’il subit, dont le but évident est de l’empêcher de présenter sa candidature ?

Je suis beaucoup plus optimiste que ce que les experts des médias affirment publiquement. Le président Trump, malgré toutes les attaques injustes qu’il subit, cette chasse aux sorcières politique inédite dans l’histoire des USA, a des ressources mentales et physiques insoupçonnées. Il a surtout le soutien enthousiaste d’une immense partie du peuple pour laquelle il représente leur seul espoir. Je pense qu'en privé, les journalistes et autres faiseurs d’opinions comprennent que leur candidat favori actuel (Biden) est incapable de faire le travail de président. Les médias comprennent également (malgré ce qu'ils disent publiquement) que le peuple américain n'est pas aussi stupide qu'ils le dépeignent. Conclusion : Trump a, selon moi, plus de 50 % de chances de revenir au pouvoir.

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