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Une réforme pour rien : le gouvernement se refuse à s’engager dans l’immigration économique
A priori, le projet de loi sur l’immigration ne règlera pas le problème qui mine la société française puisque le gouvernement se refuse à s’engager dans l’immigration économique. Et cela pour des raisons politiques très inavouables.
Le débat à l’Assemblée nationale d’hier après midi au cours duquel les députés étaient invités par le gouvernement à débattre de la politique d’immigration a montré très clairement que le gouvernement n’était pas prêt à s’engager dans une politique d’immigration économique. Donc il ne fera rien d’autre qu’une opération de communication qui ne servira pas à grand-chose. Sauf peut-être à calmer la colère qui monte dans ce pays contre un afflux d’immigrés dont la majorité sont clandestins et que les autorités françaises ne réussissent pas à intégrer rapidement. D’où les désordres, d’où la montée d’une incivilité croissante dans le cœur des villes, d’où les risques de perte d’identité. D’où la montée des extrémismes de droite ou de gauche.
En chiffre, le problème est très simple à comprendre. Dans les faits, l’équation est effectivement plus difficile à résoudre.
1er point : la France parait submergée par des vagues d’immigration qu’elle ne réussit pas à intégrer, plus de 200 000 immigrés par an.Une très grande partie de ces arrivants ne sontpas éligibles au droit d’asile parce qu’ils ne viennent pas d’un pays en guerre. Ces immigrés devraient donc être reconduits à la frontière, mais c’est tellement compliqué à organiser que beaucoup vont rester sans papier, soit parce qu’ils ont des amis ou de la famille en Europe, soit parce qu’ils sont mineurs (ou se disent mineurs) et finiront par obtenir une couverture sociale minimum. Une autre partie réussira à trouver du travail difficilement, ce qui peut leur entrouvrir la porte de la régularisation.
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2e point : beaucoup de secteurs économiques français sont sous tension. En France, il existe plus de 400 000 offres d’’emplois non satisfaites. Les employeurs ne trouvent pas les candidats pour les occuper.
Aux vues des chiffres, la situation est très claire et les solutions sont évidentes.
Ou bien on ferme complètement les possibilités d’immigration, mais on se met hors la loi européenne, on ferme les yeux sur des situations sociales et humaines insupportable parce qu’indignes. Mais on accepte l’asphyxie de beaucoup d’entreprises qui ne trouvent pas de salariés. Encore plus grave, beaucoup d’entreprises se sentent obligées d’employer des travailleurs clandestins. Selon les employeurs, il y aurait actuellement 300 000 sans papiers à travailler dans les entreprises privées en France.
Ou bien on organise les moyens d’offrir à ces étrangers d’occuper des jobs vacants. Les employeurs sont très preneurs. Dans toute la France et dans beaucoup de secteurs : le bâtiment, la chaudronnerie, les couvreurs, les terrassiers, les conducteurs de bus, le travail agricole, la cuisine, la restauration. Tous ces métiers en tension sont en général assez peu qualifiés, ils sont pénibles, ils sont parfois sales et dangereux et les Français ne se précipitent pas pour les occuper.
Ça peut évidemment être lié au salaire. Les syndicats le disent du bout des lèvres, parce qu’ils savent bien que les conditions économiques, les risques de l’inflation ne permettent pas de relever les salaires de ce type d’emplois.
Selon les organisations professionnelles d’employeurs,on pourrait au moins reconnaitre la réalité et régulariser les sans-papiers qui ont un travail (300 000 en moyenne) le comble de l’hypocrisie de notre pratique est que les « sans-papier » qui ont un job peuvent avoir une carte vitale et donc un accès à l’assurance maladie.
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Bref, quand on interroge les Français, ils avouent ne pas être contre l’arrivée d’étrangers pour occuper ces jobs puisque les Français n’en veulent pas. Mais, et c’est là où le bât blesse, ces mêmes Français se plaignent qu’il y a trop d 'étrangers en France et que cette surreprésentation déséquilibre le logiciel sociétal.
Du coup, le gouvernement (et même Gerald Darmanin), qui est partisan du « en même temps », fait l’autruche et se refuse à trancher en faveur d’une véritable immigration économique.
L’immigration économique n’a rien d’indigne. Ou d’inhumain. La France l’a pratiquée dans les années 60 et 70 pour répondre aux demandes de l’industrialisation automobile notamment.
L’Allemagne continue de la pratiquer aujourd’hui en régulant l’immigration des populations turques qui viennent travailler avec un contrat de travail limité.
Le Canada a installé une politique d’immigration très importante pour répondre à ses besoins économiques et cette politique lui réussit assez bien. Le Canada parvient à satisfaire ses besoins, et à assimiler ses immigrés.
Tous ces pays assument l’application d’une immigration économique et l’accompagnent d’un véritable parcours d’intégration avec la clef, une formation et une éducation de façon, à terme, à ce que les candidats puissent répondre aux conditions d’assimilation. A commencer par la langue, les coutumes et le respect des cultures locales.
Une telle logique ne parait pas imaginable en France, c’est du moins ce que craint le gouvernement. Donc, il ne prendra pas le risque politique de heurter tous ceux qui, à gauche, s’abritent sous le parapluie des droits de l’Homme, avec à l’appui une pseudo générosité sociale qui fait la fortune des passeurs d’immigrés.Et tous ceux qui, à l’extrême droite, protègent l’identité française.
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En attendant, c’est l’appareil économique qui s’appauvrit et le tissu social et civique qui se délite.
Le président de la République a voulu construire une loi ambitieuse et globale, le risque des lois très ambitieuses et globales est de ne pas régler les questions pratiques. Bref, le risque est de fabriquer une loi sur l’immigration qui ne servira à rien. Ça ne sera que la 29eme en 30 ans.
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