Une étude britannique montre que les capacités cognitives des plus de 50 ans se sont dégradées pendant la pandémie de Covid<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
La rapidité de la dégradation des fonctions cognitives a été particulièrement rapide la première année de la pandémie.
La rapidité de la dégradation des fonctions cognitives a été particulièrement rapide la première année de la pandémie.
©AFP / LOIC VENANCE

Altération

Selon une étude, le confinement et les conditions de restrictions pourraient avoir affecté les facultés cognitives chez les plus de 50 ans.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

Voir la bio »

Atlantico : Selon l'étude PROTECT publiée dans The Lancet Healthy Longevity, le confinement et les conditions de restrictions pourraient avoir affecté les facultés cognitives. Quelle a été la méthodologie utilisée ? Quels résultats observés ?

Christophe de Jaeger : Cette étude réalisée au Royaume-Uni par le Professeur Anne Corbett et son équipe de l’Université d’Exeter est intéressante, car elle s’intéresse aux conséquences de l’isolement forcé des populations lors de la pandémie Covid 19. Il ne s’agit pas des conséquences cérébrales secondaires à l’affection COVID, mais des conséquences des mesures de protection qui ont été prises pour lutter contre la pandémie.  

La méthodologie utilisée dans cette étude consistait à soumettre une population de 3000 volontaires à des auto questionnaires annuels sur internet associés à des tests de mémoire et de raisonnement. Il s’agissait de mettre en évidence une altération de leurs fonctions mnésiques, voire d’autres capacités, au long de la pandémie.

Les résultats ont clairement montré une dégradation des capacités cérébrales des personnes suivies. L’isolement avec ses conséquences classiques, comme l’isolement, le stress, la dépression, la prise d’alcool ont étés mis en avant. Gérer la peur de la COVID, s’interroger sur les conséquences de la pandémie sur l’environnement sociétal et la disparition des routines pré COVID ont eu un impact réel sur la santé cérébrale des participants à l’étude.

La rapidité de la dégradation des fonctions cognitives a été particulièrement rapide la première année de la pandémie. Les troubles de la mémoire se sont accentués la seconde année. Les personnes ayant eut la plus importante dégradation des fonctions cognitives étaient celles qui avait précédemment déjà des troubles.

Les restrictions que nous avons connues pendant la pandémie de covid ont eu un impact réel et durable sur la santé cérébrale des personnes âgées de plus de 50 ans. De quoi parlons-nous ? de pertes de mémoire? d'autres symptômes ? 

Un des intérêts de cette étude est d’y avoir associé des personnes de plus de 50 ans et non pas uniquement des séniors ou autrement dit, une population gériatrique. 50 ans, c’est une grande partie de la population. L’étude montre une atteinte des fonctions cognitives dans cette population avec deux cas de figure : dans le groupe sain, sans pathologie cérébrale, on observe l’apparition de troubles de la mémoire et pour le groupe ayant déjà des troubles cognitifs pré existant, une majoration de ceux-ci.

Une altération des fonctions cognitives regroupe différents types de symptômes : une atteinte de la mémoire immédiate, de la mémoire différée, des difficultés de raisonnement, parfois des troubles du comportement…

L’autre point important de cette étude est qu’elle montre la durabilité des symptômes apparus ou aggravés.

Selon les experts, le stress, la solitude et la consommation d'alcool pourraient expliquer certains résultats. Qu'en est-il réellement ? 

L’isolement est un facteur majeur de perturbation des fonctions cérébrales. Il s’y associe souvent un syndrome anxio dépressif lié à la peur de l’isolement, à la peur de ses conséquences… et enfin, la dépression qui entraîne un repli sur soi. L’augmentation de la consommation d’alcool, ou la prise de médicaments ou encore de drogues sont des réponses classiques, mais délétères à ces situations.

La puissance cérébrale a chuté chez les plus de 50 ans. Rien chez les plus jeunes ? 

L’étude n’évoque pas le cas des plus jeunes. Mais l’isolement est délétère chez toute personne, quel que soit son âge ou son sexe. Il peut de la même façon conduire à des comportements négatifs. Cela dépendra principalement de la structure psychologique de la personne (fragile ou non) et de son environnement. Une personne plus jeune aura plus de capacité de récupération qu’une personne de plus de (déjà) 50 ans.

Le déclin cognitif peut-il conduire à la démence ? 

Le déclin cognitif est le premier stade vers la démence. Des situations perturbantes, comme l’isolement subi, vont chez les personnes sans atteinte cérébrale antérieure favoriser l’accélération de la sénescence cérébrale et favoriser dans un futur plus ou moins lointain, des troubles tel que le « Mild Cognitive Impairment » ou troubles cognitifs légers qui vont dans un certain nombre de cas, évoluer vers la démence.

En revanche, chez une personne déjà fragilisée par une altération des fonctions cognitives même modérée, la survenue d’un stress tel que celui de la pandémie, va provoquer une nette accélération de la symptomatologie et favoriser l’évolution vers un syndrome démentiel.

Il est donc très important de ne pas négliger cette souffrance vécue par les personnes en isolement et surtout de l’accompagner d’une prise en charge médicale adaptée. Au moindre symptôme, il faut consulter son médecin généraliste.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !