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Ukraine, où va-t'on ?
©THIBAULT CAMUS / POOL / AFP

La menace plane

La rencontre de cinq heures entre les présidents russe et français (qui avait en plus la casquette de président du Conseil de l’Union européenne) a permis de clarifier certains points qui ne semblaient pas bien compris par les Occidentaux. Pour le président Poutine, si l’Ukraine entre dans l’OTAN, cela constitue un casus belli ; si l’Ukraine tente de reprendre la Crimée par la force, c’est aussi un casus belli. En clair, il ne craint pas une guerre avec l’OTAN estimant que la situation en Ukraine est d’un intérêt vital pour la Russie. À savoir qu’il ne peut tolérer que l’OTAN fasse de l’Ukraine une base avancée qui menacerait directement la Russie mettant Moscou à la portée des missiles les plus basiques. Heureusement, la situation paraît moins figée pour le Donbass…

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Désormais, on ne parle plus de « terribles » sanctions économiques dont se gargarisent les États-Unis mais de « guerre » qui tue directement des gens et pas que des militaires. Dans un premier temps, les Américains seraient relativement préservés préférant envoyer les autres au casse-pipes. Mais si la guerre engagée n’est pas « éclair », il est probable qu’elle s’étendra dans la profondeur et nul ne sait où elle se terminera. Comme cela est souvent dit, on sait quand une guerre commence, on ne sait pas quand elle se termine et surtout, dans quel état !

Maintenant, il serait utile de savoir si les responsables politiques des pays membres de l’OTAN au premier desquels se trouve Joe Biden sont disposés à envoyer leurs concitoyens risquer de se faire tuer pour défendre l’Ukraine qui reste un pays relativement peu connu par les populations sur tous les plans, politique, économique, militaire, etc. En gros, il n’y a pas d’amour fou - ni d’ailleurs de détestation - pour ce peuple. De plus, la cause de la  « défense de la démocratie » en Ukraine ne paraît pas être vraiment mobilisatrice. 

Heureusement, les négociations vont se poursuivre engageant d’autres acteurs(1) qui ne souhaitent visiblement pas se lancer dans un affrontement armé et sanglant avec la Russie - car il s’agit de bien de cela dont il est maintenant question -. Les « va-t’en guerre » habituels qui applaudissaient l’intervention américaine en Irak en 2003 ou de l’OTAN en Libye en 2011 - avec les résultats effroyables que l’on connaît - sont de nouveau à l’œuvre. Comme élément massue, ils se servent du « syndrome munichois » qui aurait favorisé le déclenchement de la seconde Guerre mondiale. À croire qu’ils souhaitent le départ de la troisième même si Poutine n’est ni Hitler ni Staline !

Sans l’admettre ouvertement, on se dirige lentement vers une « finlandisation » de l’Ukraine (ce qui ne veut pas dire que les Finlandais vivent mal - bien au contraire - depuis la fin 1945). L’Ukraine ne sera ni dans l’UE, ni dans l’OTAN mais restera indépendant de Moscou même si elle doit faire son deuil de la Crimée.

1. Le président turc Recep Tayyip Erdogan souhaite jouer les « monsieur bons offices » entre les différentes parties. Ce qui est certain, c’est que lui aussi veut éviter le déclenchement d’un conflit sur les bords de la mer Noire.    

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