Troubles de l’attention : de plus en plus d’enfants sont diagnostiqués TDAH<!-- --> | Atlantico.fr
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Aux États-Unis, environ 1 enfant sur 9 âgé de 3 à 17 ans a reçu un diagnostic de TDAH, selon un nouveau rapport des Centers for Disease Control and Prevention
Aux États-Unis, environ 1 enfant sur 9 âgé de 3 à 17 ans a reçu un diagnostic de TDAH, selon un nouveau rapport des Centers for Disease Control and Prevention
©LOIC VENANCE / AFP

Déficit de l'attention

Aux États-Unis, environ 1 enfant sur 9 âgé de 3 à 17 ans a reçu un diagnostic de TDAH, selon un nouveau rapport des Centers for Disease Control and Prevention. Cependant, des troubles anxieux, dépressifs ou éducatifs peuvent mener à un faux diagnostic et donc à une augmentation artificielle du nombre d'individus atteints de TDAH.

Jean Chambry

Jean Chambry

Jean Chambry est pédopsychiatre et chef de pole au GHU Psychiatrie Neurosciences de Paris.

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Stéphane Clerget

Stéphane Clerget

Stéphane Clerget est médecin pédopsychiatre. Il partage son activité entre les consultations et la recherche clinique. Ses champs d’étude concernent notamment l’adolescence, les troubles émotionnels et les questions d’identité. Il a mis en place à l’hôpital l’une des premières consultations d’aide à la parentalité. Il est l'auteur de Nos garçons en danger (Flammarion) et Les vampires psychiques (Fayard).

Les vampires psychiques de Stéphane Clerget

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Atlantico : Les diagnostics de TDAH augmentent-ils également en France de la même manière qu'aux États-Unis, où 1 enfant sur 9 a été diagnostiqué ? Y-a-t'il une réelle augmentation du trouble en général ?
Docteur Jean Chambry : Les diagnostics de TDAH augmentent mais je ne pense pas que cela correspondent à ce qui se passe aux Etats-Unis tant nos deux payssont différent à la fois dans l’organisation des soins et dans la place du TDAH dans la clinique de l’enfant et de l’adolescent.
Il n’est pas établi de façon scientifique que la prévalence du trouble augmente. En France, le repérage s’améliore et permet l’établissement de diagnostics plus nombreux.
Docteur Stéphane Clerget : En France, comme dans d'autres pays, il y a effectivement une augmentation du nombre de diagnostics de TDAH. Selon les études, la prévalence du TDAH en France est d'environ 3,5% à 5,6% des enfants scolarisés. Les parents sont aujourd’hui très informés sur le trouble et pensent à tort ou à raison que leur enfant en est atteint dès que des difficultés de comportements ou des difficultés scolaires apparaissent. Sans compter certains établissements scolaires qui face à un enfant agité poussent les parents à consulter un médecin ou un psychologue qu’ils conseillent afin de poser ce diagnostic et de prescrire des médicaments qui le rendraient plus posés.
Quelles sont les raisons potentielles de l'augmentation des diagnostics de TDAH chez les enfants en France ? Ces raisons sont-elles similaires à celles observées aux États-Unis ?
Docteur Stéphane Clerget : Il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une réelle augmentation du trouble, d'une meilleure reconnaissance des symptômes, ou de diagnostic parfois posés à l’emporte-pièce avec un bilan clinique préalable largement insuffisant et faisant passer par exemple des troubles anxieux, dépressifs ou éducatifs pour un TDHA. En effet les tests psychologiques sont une aide au diagnostic mais ne doivent pas faire le diagnostic. Celui-ci doit reposer sur une évaluation clinique complète nécessitant plusieurs consultations qui éliminera de nombreuses causes ou facteurs favorisants à l’origine d’une baisse du niveau d’attention ou d’une hyperactivité motrice.
Docteur Jean Chambry : Les professionnels de santé (médecin scolaire, pédiatre, neuropédiatre, psychiatre d’enfants et d’adolescents, médecins généralistes, rééeducateurs…) sont mieux formés au repérage et aux démarches diagnostiques. D’ailleurs des recommandations de prise en charge établis à la Haute Autorité de Santé seront bientôt disponibles. De ce fait le nombre d’enfants diagnostiqués augmentent.
Quels sont les impacts de l'augmentation des diagnostics de TDAH sur le système éducatif et de santé en France, et comment ces impacts se comparent-ils à ceux observés aux États-Unis ?
Docteur Jean Chambry : Encore une fois, il n’est pas possible de comparer le système éducatif et scolaire en France et aux États Unis. Les différences sont trop importantes. Pour autant, il est important que les professionnels éducatifs et de l’éducation nationale soient formés aux conséquences de ce diagnostic et aux outils existant pour soutenir ces enfants dans les apprentissages et leurs rapport aux consignes.
Docteur Stéphane Clerget : En termes d'impact dans le système éducatif cela nécessite des besoins pédagogiques spécifiques. Les élèves avec TDAH peuvent avoir besoin de soutien pédagogique individualisé, comme des aménagements de classe, des outils technologiques ou un(e ) accompagnant en classe. Cela peut mettre à rude épreuve les ressources déjà limitées des écoles. La formation des enseignants sur le TDAH est souvent insuffisante, ce qui peut limiter leur capacité à identifier et à soutenir efficacement les élèves atteints de ce trouble.Une meilleure compréhension du TDAH peut aider les enseignants à créer des environnements d'apprentissage plus inclusifs et efficaces pour tous les élèves.

Sur le plan de la santé, l'augmentation du nombre de diagnostics de TDAH entraîne une augmentation de la demande de services de santé mentale et de soutien, ce qui peut mettre à rude épreuve les ressources déjà limitées. Les délais d'attente pour une évaluation et un traitement du TDAH peuvent être longs, ce qui peut retarder le moment où les patients reçoivent l'aide dont ils ont besoin.Il y aun manque de pédopsychiatre pour diagnostiquer et traiter le TDAH, en particulier dans les zones rurales.

Cependant, il existe également des différences importantes avec les USA :

En France, l'accès aux soins de santé est universel, ce qui signifie que les personnes atteintes de TDAH sont plus susceptibles de recevoir le traitement dont elles ont besoin. Aux États-Unis, l'accès aux soins de santé est plus variable, ce qui peut limiter l'accès au traitement pour certaines personnes. Le recours aux médicaments stimulants pour traiter le TDAH est plus fréquent aux États-Unis qu'en France. Cela peut s'expliquer par des différences de culture, de pratiques médicales et de réglementation.Le niveau de sensibilisation au TDAH est généralement plus élevé aux États-Unis qu'en France. Cela peut conduire à un diagnostic plus précoce et à une meilleure prise en charge du trouble.

Dans beaucoup de cas cela permit à des enfants ayant de réelles difficultés d’apprentissage de pouvoir suivre un cursus scolaire normal et de retrouver de bonnes capacités d’apprentissage, évitant des reproches incessants en classe comme à la maison, retrouvant une meilleure estime d’eux même, et de meilleures relations avec leur pairs et leur famille. Dans d’autres cas les prises médicamenteuses ont eu des effets secondaires pouvant déclencher des troubles de l’humeur, des retards de croissance et peut être favoriser des conduites addictives.
Enfin quand des causes sous-jacentes n’ont pas été décelées ni traitées par une psychothérapie ou une aide éducative et que les symptômes furent masqués par le traitement, on assiste à des troubles du développement affectif qui se révèle gravement à l’adolescence ou à l’âge adulte.
Le Dr Stéphane Clerget a publié "Le cerveau médecin : ses extraordinaires pouvoirs de guérison" aux éditons Leduc. 

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