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Trois jours et trois nuits - Le grand voyage des écrivains à l'abbaye de Lagrasse
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Une petite pause en éternité, un grand pari réussi

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

J’aurais aimé être le 15ème homme, comme l’arrière au rugby ; l’inconnu parmi ces quatorze célébrités conviées à venir en villégiature spirituelle, donner à la rencontre trois jours de leurs vies écartelées, vivre au plus élevé du beau, au plus près du ciel parmi les chanoines de l’abbaye Sainte Marie de Lagrasse, émaciés et frugaux, héritiers en droite ligne spirituelle de St Augustin. Mais aux yeux de ce Dieu, il n’y a pas de différence. Les religieux réservent le même accueil aux étoiles et aux humbles. Même au lecteur lointain, en l’occurrence. A cette invitation contemplative, ces auteurs ont répondu par un beau livre, plein de doutes et d’autant d’espérance dont le produit de la vente aidera à achever le redressement de l’abbaye.

POINTS FORTS

On sait depuis le Christ qu’il suffit de trois secondes pour un miracle et de trois jours pour une Résurrection. Celle qui révéla aux hommes son immense message - qu’il se sont gardés de trop suivre - qui changea l’ordre du monde.

A Lagrasse, au cours de ce voyage littéraire, il n’y eut pas de miracle dans l’abbaye millénaire, dans ce sanctuaire historique et religieux qui embellit l’espace et veille sur le temps. Il n’y eut pas de conversion spectaculaire de personnalités en quête de Dieu et du reste. Aucun n’y a été frappé par la foudre le long d’un pilier ni n’a troqué sur le champ le costume branché ou l’habit vert pour la bure blanche et la vie abandonnée.

Et pourtant, dans ces lignes, il y a l’Accueil, comme un refuge esseulé pour des âmes brillantes et disparates, souvent éloignées de croire mais toujours en quête de saisir à défaut de comprendre. A la sobre convivialité des chanoines, chacun des hôtes répond en livrant sa version de l’existence au détour d’une halte libre dans ce moment cloîtré, son rapport à Dieu, à la foi, à l’église, à sa propre « condition spirituelle ». Et dans ces mots épars en vérité, leur caractère, leur confession transparaissent comme un chapitre singulier de leur œuvre inachevée.

QUELQUES RÉSERVES

Profondément touché par ce livre, je n’aurais garde d’en mentionner. 

ENCORE UN MOT...

C’est l’exception du silence habité qui donne la vraie mesure du temps. Celle d’un moment de grâce où trois êtres : âme, corps et esprit, se fondent en une seule personne. L’unité de lieu, l’unité d’histoire, l’unité d’action compensent l’absence d’unité de temps consacré par ces écrivains à cette expérience hors de leur œuvre. L’injonction finale : « Prends et lis » et les titres des chapitres : Phalanstère de Dieu, Climat ou Soldats de la grâce, Fondation, Le Refuge, Allers et retours à travers l’éternité, Du visible à l’invisible, La résurrection, L’effet du trait divin, La vocation, L’enfance retrouvée, La guerre du feu,… sonnent comme des appels du clocher à rejoindre l’office de l’éternité qui attend.

UNE PHRASE

« Pas à pas, le chanoine cherche simplement le bon, le bien, le juste » (N. Diat).

« Agnostique, je n’ai pas rencontré Dieu mais des hommes d’exception qui croient en lui (P. Bruckner) ».

« Une messe comme celle-ci, c’est une machine de guerre (Michel Onfray) ».

« Ce silence, ici l’autre nom de Dieu (J-P. Enthoven) ».

« Je suis athée et je le regrette ! (B. Sansal) »

L'AUTEUR

Nicolas Diat signe une belle préface sur ce pari réussi. Il est inutile de présenter Pascal Bruckner, Sylvain Tesson, Camille Pascal, penché sur l’Histoire, Jean-René Van der Plaetsen, à l’initiative de cette rencontre, Frédéric Beigbeder, Jean-Paul Enthoven, Jean-Marie Rouart et Xavier Darcos, de l’Académie française, Franz-Olivier Giesbert, Sébastien Lapaque, Thibault de Montaigu, Louis-Henri de La Rochefoucauld, Boualem Sansal, qui a fait ce voyage à distance, et Simon Libérati. En fin d’ouvrage, le Père Abbé, Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, conclut sur la douce folie de ce projet millénaire et de ce séjour collectif improbable où le livre comme le monastère disent une vie qui prie chaque instant comme un moment de l’éternité.

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