Traitements locaux contre l’acné : gare aux allergies<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Traitements locaux contre l’acné : gare aux allergies
©Flickr

Calculatrice

L'autorité de contrôle de santé américaine (FDA) vient de publier un rapport alarmant sur les irritants présents dans les lotions anti-acnés. Au-delà des deux substances sont en causes d'après les chercheurs, il est inquiétant de voir que ces produits contiennent de nouveaux conservateurs aux propriétés tout aussi allergisantes.

Anne Dompmartin

Anne Dompmartin

Le Docteur Anne Dompmartin est médecin dermatologue, cancérologue, allergologue et vénérologue au CHU de Caen. 

Voir la bio »

Le dernier rapport de la FDA (Food & Drug Administration) récemment rendu public révèle de nombreuses irritations allergisantes suite à l'application de certains produits anti-acné.  Deux substances sont en causes : le peroxyde de benzoyle et l'acide salicylique. En quoi ces deux éléments ont pu être nocifs ?

Anne Dompmartin : Le peroxyde de benzoyle possède un effet anti-inflammatoire et anti-comédons (points noirs, kystes) et est effectivement très employé, contrairement à l'acide salicylique qui l'est un peu moins et dont l'objectif est de légèrement désépaissir la peau. L'acide rétinoïque est un autre composant a effet anti-comédons que l'on retrouve assez souvent dans ce type de produits mais qui est finalement, d'après nos constatations, assez peu impliqué dans le développement d'allergies, tout comme le peroxyde de benzoyle et l'acide salicylique déjà cités par ailleurs. Il est effectivement possible que quelques irritations (voire de réelles allergies mais cela reste à vérifier) se manifestent lorsque les utilisateurs abusent du produit, mais je ne peux pas me prononcer personnellement sur l'aspect incontestablement allergogène de ces composants.

On rencontre à l'inverse de nôtre coté des résultats bien plus inquiétants dans l'analyse des nouveaux conservateurs qui ont remplacé les parabènes (interdits en 2011 en France, NDLR), à savoir les isothiazolinones , dont l'introduction fait monter en flèche le potentiel allergisant des lotions contre l'acné. On a ainsi remplacé un produit estimé nocif par un autre qui pose les mêmes problèmes.

L'autre fait notable et qui peut scandaliser aux Etats-Unis est de voir que les produits y sont trois fois plus cher qu'en France alors que dans l'absolu ils comportent presque exactement les mêmes composants que les nôtres.

Le problème vient-il de la substance en tant que tel ou de la combinaison de plusieurs d'entre elles ?

Anne Dompmartin : Le "problème" vient plus simplement du fait que lorsque vous suivez un traitement anti-acnéique vous vous appliquez des produits par nature un peu irritant sur une peau qui est par définition très sensible au niveau des inflammations… puisque vous la traitez. Quand on se retrouve confronté à ce type de cas il suffit généralement d'espacer légèrement les applications quotidiennes pour éviter que la peau ne finisse à terme par devenir trop rouge. La totalité de ces produits sont soumis à des tests épicutanés qui durent deux jours, ce qui limite le risque d'hyper-inflammation, mais il est après clairement possible qu'une réaction d'allergies par certains utilisateurs finisse par contre par se développer après quelques semaines.

Quels sont les traitements qu'il est préférable d'éviter, et à l'inverse, existe-t-il des traitements véritablement inoffensifs en France, ou qui sont moins risqués que les autres ?

Anne Dompmartin : Dans les produits à éviter, il faut tout d'abord éviter évidemment les produits très gras (crèmes pour peaux grasses, pommades etc…) qui sont "comédogènes", ce qui signifie qu'ils vont largement favoriser l'apparition de différents points noirs et autres boutons.

Dans le cas des traitements inoffensifs, ces derniers étant encore une fois les même en France et aux Etats-Unis depuis 30 ans, il suffit selon moi de bien encadrer la posologie de ceux qui sont proposés aux patients. On parle par définition de substances effectivement irritantes et qui doivent être manipulées avec précaution et précision (respect de la fréquence d'utilisation, éloignement des rayons du soleil etc…), mais qui ne sont pas "dangereuses" pour autant. L'allergie est un phénomène individuel donc par définition difficile à analyser et à éviter, surtout quand il concerne un très faible échantillon de personnes par rapport au volume total de consommateurs qui est conséquent.

Je reste par ailleurs très sceptique quant à tout ce qui concerne les "produits alternatifs" (savon d'Alep, lotions aux plantes naturelles…) qui sont parfois tout aussi allergisants et assez peu efficaces dans l'absolu.

Pouvez-vous rappeler les principales contre-indications lors des traitements anti-acné ?

Anne Dompmartin : Eviter comme je le disais le soleil dont les effets sont trompeurs : l'acné à tendance à aller mieux après les périodes d'exposition, mais elle est sujette à des poussées dans les jours qui suivent. En ce qui concerne des irritations trop violentes, le meilleur geste est dans ce cas d'arrêter et de demander au plus tôt un avis pour rester précautionneux. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !