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Trafics internationaux, raids de cambrioleurs, violences : les nouveaux visages de la criminalité qui explose dans nos campagnes
©Allociné

En région comme ailleurs

Sur la période récente, une forte hausse des cambriolages et des violences dans les campagnes a été enregistrée. Cette dernière est liée au passage d'une criminalité de proximité à une criminalité itinérante. Une partie des équipes opérant en zone rurale aurait une mobilité transfrontalière et des liens avec des mafias d'Europe de l'Est.

Cyril Rizk

Cyril Rizk

Cyril Rizk est responsable des statistiques à l'ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales).

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Atlantico : La criminalité serait en hausse dans les campagnes. Dans quelles proportions a-t-elle augmenté ? Quelles différences y-a-t-il entre cette évolution et celle de la criminalité dans les villes ?

Cyril Rizk : Pour 2015, aucune réponse définitive ne peut être avancée car on ne dispose pour l'instant que des chiffres de la police et de la gendarmerie. Cependant, rien ne vient accréditer l'existence du phénomène de hausse évoqué. On n'observe pas, d'après les statistiques sur les vols enregistrés en zone gendarmerie, de hausses susceptibles de correspondre à ce phénomène. On verra plus tard cette année si les habitants des communes rurales interrogés au cours de l'enquête annuelle de victimation Insee-ONDRP (Observatoire national de la délinquance et de réponses pénales) se déclarent plus ou moins victimes. C'est ainsi qu'on pourra apporter une réponse plus complète à votre question.

Peut-on parler d'un "effet Etat d'urgence" ayant poussé certains criminels et délinquants à se replier sur les campagnes, du fait d'une présence militaire et policière renforcée dans les villes ? Ou encore à privilégier les vols directement au domicile des victimes plutôt que dans la rue ?

L'absence de signes de hausse d'après les nombres de vols constatés par les gendarmes ne permet pas de supposer l'existence d'un tel effet. Il est possible que la hausse des violences et menaces hors vols enregistrée en zone gendarmerie ait conduit à forger l'idée d'une dégradation de la sécurité dans les campagnes. Or, d'une part, l'origine de la hausse ne serait pas, d'après l'ONDRP, les faits commis mais un processus interne à l'outil statistique, et d'autre part, les violences et menaces hors vol sont des atteintes qui, contrairement aux vols, mettent en jeu des protagonistes sur leurs lieux de vie. Une hausse dans un territoire ne correspondrait donc pas à un déplacement. L'Observatoire a évoqué un effet Vigipirate il y a environ un an. Il aurait impacté les vols surtout après les attentats de Janvier 2015. Un effet état d'urgence est donc envisageable, si ce n'est qu'une éventuelle composante "déplacement" semble actuellement peu probable.

Quelles évolutions a connu la criminalité dans les campagnes sur la période récente, tant du point de vue du profil des criminels, du degré de violence que des modes opératoires ?

Un phénomène désormais un peu plus ancien, datant de plus de 5 ans, avait affecté tout particulièrement la zone gendarmerie : la hausse des faits de cambriolages. Entre 2008 et 2012, les gendarmes ont enregistré 28 % de cambriolages en plus en France métropolitaine. De moins de 118 000, leur nombre est passé à plus de 150 000. En 2015, il est moins élevé mais il demeure encore assez proche de ce niveau (147 375). Des telles variations pourraient avoir comme origine principale le développement de la délinquance itinérante : des cambrioleurs organisés en équipe se déplaceraient sur le territoire dans des zones rurales peu exposées précédemment afin d'y commettre des raids (vols en séries). Une partie de ces équipes auraient une mobilité transfrontalière. Il s'agitnotamment des réseaux dépendant de mafias issues de pays de l'est de l'Europe.

A l'instar des cambriolages il y a quelques années, les gendarmeries constatent-elles aujourd'hui l'émergence de nouveaux phénomènes inquiétants ?

Les faits constatés de vols simples dans les exploitations agricoles n'affichent pas un profil très différent des cambriolages en zone gendarmerie. Ils ont connu une forte hausse entre 2008 et 2012 (+ 31 %) et en 2015, leur nombre, soit 9 495, se situe toujours à un niveau assez élevé en comparaison de 2008 (7 420). Il n'existe pas visiblement de phénomènes nouveaux, cependant les nouvelles formes de délinquance apparues dans les campagnes il y a quelques années seraient encore bien présentes.

Quels moyens ont été mis en œuvre par les gendarmeries pour lutter contre ces nouvelles formes de criminalité ? Ces méthodes ont-elles fait leurs preuves ?

La gendarmerie serait mieux à même pour vous répondre. J'ai connaissance de sections spécialisées dans la lutte contre les cambriolages qui ont eu des résultats assez spectaculaires : des bandes et des réseaux de grande envergure ont été démantelés, certains avaient commis des dizaines, voire une centaine de vols. Il existe aussi un office national qui est consacré à la délinquance itinérante : ils sont à la pointe de la lutte contre ces phénomènes, en particulier lorsque les criminels agissent à partir de l'étranger.

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