Comment la science permet de mieux détecter les mensonges<!-- --> | Atlantico.fr
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Les détecteurs de mensonge sont généralement sophistiqués, mais rarement infaillibles.
Les détecteurs de mensonge sont généralement sophistiqués, mais rarement infaillibles.
©Reuters

Tromper 1000 fois une personne

Expressions du visage, pression sanguine, battements du cœur... Les détecteurs de mensonge sont généralement sophistiqués, mais rarement infaillibles. Existe-t-il une méthode pour être sûr qu'une personne ne ment pas ?

En septembre dernier, des chercheurs britanniques dévoilaient leur nouvelle trouvaille : un détecteur de mensonge basé uniquement sur les expressions du visage. Le principe : une caméra enregistre les expressions du sujet suspecté de mentir, et une suite d’algorithmes interprète ces informations, du mouvement des yeux au rythme de la respiration en passant par la façon d’avaler la salive et le mordillement des lèvres. Pour l’instant, ce système a pu séparer avec succès les mensonges de la vérité dans deux cas sur trois, ce qui ne le rend pas vraiment infaillible. Pourtant, les chercheurs estiment que cet outil pourrait être très utile aux services de sécurité.

Les autres méthodes disponibles sont-elles si mauvaises ? Le polygraphe, qui se basse sur la pression sanguine et le rythme des battements du cœur, a toujours été contesté, notamment par les tribunaux. Une autre technique, c'est l'IRM. Plusieurs essais ont montré que notre cerveau est plus actif quand nous mentons, ce qui suggère que dire la vérité serait, en quelque sorte, le programme « par défaut » de notre cerveau. Mais ces résultats sont tirés d’une moyenne et peuvent difficilement s’appliquer à coup sûr individuellement. Le débat sur leur validité devant les tribunaux n’est toujours pas tranché.

"Il n’y a pas d’indice, pas de comportement qui signifient systématiquement que quelqu’un est en train de mentir, sans risque d’erreur", explique Bella DePaulo, psychologue à l’université de Santa Barbara, en Californie. "Tout ces comportements sont seulement des indices."

Dans ces conditions, existe-t-il un moyen infaillible de « dépister » les mensonges scientifiquement ? Oui, et c’est finalement assez simple : c’est l’interrogatoire, écrit le bloggeur Jeff Wise, qui permet de faire tomber les masques. 

Plus précisément, la clé du succès réside dans le fait de poser les bonnes questions. Comme l’exemple de l’IRM l’illustre, le mensonge entraine une surcharge d’activités cognitives. Des chercheurs ont montré qu’en ajoutant une nouvelle « charge cognitive » sur l’intellect de la personne interrogée, on peut faire s’écrouler un récit pourtant bien ficelé.

Le psychologue hollandais Aldert Vrij a demandé à plusieurs personnes d’aller manger au restaurant, à d’autres de mentir et de se contenter d’affirmer qu’elles s'y étaient rendu au restaurant.

Confrontés aux questions auxquelles ils s’étaient préparés, comme "Qu’avez vous fait dans le restaurant ?", les menteurs réussissaient à échafauder des histoires convaincantes, et il devenait impossible de déterminer qui disait la vérité. Mais en leur posant des questions inattendues, comme l’organisation de l’espace dans le restaurant, le psychologue à faire craquer 80% des menteurs.

Jeff Wise résume les quatre moyens principaux d’obtenir la vérité grâce à la « charge cognitive » :

  • Demandez au sujet de raconter l’histoire à l’envers : un exercice difficile pour quelqu’un qui dit la vérité. Pour celui qui ne peut pas s’aider de sa mémoire, l’exercice se révèle souvent fatal.
  • Demandez au sujet de vous regarder dans les yeux : ce n’est pas le contact direct qui va gêner le menteur, c’est de devoir faire l'effort continu de soutenir votre regard. Cet effort distrait le menteur de l’histoire qu’il tente de vous faire gober.
  • Demandez au sujet de dessiner la scène : impossible de penser à tous les détails quand il s’agit d’inventer une histoire plausible. Devant la feuille blanche, ce manque de détail va devenir flagrant. Et l’exercice peut même pousser le menteur à se tromper et à se contredire.
  • Ne montrez pas ce que vous savez déjà… mais contentez-vous de le laisser entendre. La personne va s’imaginer quelles informations vous avez, et va pousser le mensonge plus loin pour se défendre… quitte à laisser filtrer au passage des informations précieuses !

Autrement dit, pousser le menteur a s’emmêler dans son propre récit est plus efficace que d’appliquer une grille de lecture fixe face aux émotions et aux réactions de notre visage. C’est peut-être pour cette raison que la Fox a décidé de ne pas poursuivre la sérieLie to me, dans laquelle le Dr Cal Lightman (interprété par Tim Roth), super détecteur de mensonge, lit sur le visage des suspects pour y découvrir la vérité.

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