Tous accros aux cargos : comment 90% de ce que nous consommons passe par le fret maritime

Plus fort que l'aéronautique, plus important que les télécoms, plus efficace que le réseau ferroviaire : il y a le transport maritime. En effet, ce secteur, pourtant méconnu, est le plus important du monde. Ainsi, en 2012, selon des chiffres donnés lors de l'Unctad (United Nations conference on trade and development) avec plus de 8,7 milliards de tonnes empruntant la mer, ce moyen transport représente 90% du trafic mondial. Autres chiffres prouvant bien son importance : le fret maritime mondial représentait, en 2012, un marché de 1 500 milliards d'euros et devrait même atteindre les 2 000 milliards d'euros en 2020. Et ce dans un anonymat certain. Peu de monde se rendant compte de l'importance de la marine dans notre vie de tous les jours. 

Pour en arriver là, le transport maritime a subi une importante refonte dans les années soixante avec l'arrivée des conteneurs. Ces boîtes, d'un format standard à l'échelle mondiale, ont révolutionné, non seulement la manière de transporter les marchandises sur le fond comme sur la forme. Transport routier, ferroviaire ou même aérien se sont adaptés pour faire des conteneurs ce qu'on appelle, une "unité de transport intermodal". La marchandise, une fois mise à l'intérieure de ces boites, ne bouge plus jusqu'à sa destination finale. Facilement stockable, déplaçable et transportable, le conteneur a donc permis au fret maritime de se développer à toute vitesse ces dernières années.

Ainsi, toujours selon les Nations Unies, près de 50 000 navires navigueraient en mer chaque année. Et pour bien se rendre compte de ce que cela représente, on estime à un peu plus de 13 000 le nombre de conteneurs présents sur chaque bateau. Colossal d'autant plus que ce gigantisme d'un certain nombre d'avantages. Comme le fait remarquer Maya Jasanoff dans un article publié dans le New York Review of books, le transport maritime engendre moins de casse, moins de pertes, moins de vol et des coûts de plus en plus réduits.

Ainsi, comme l'explique Florent Détroy dans un article précédemment publié sur Atlantico, "il coûte plus cher d'acheter un billet d'avion entre l'Europe et l'Asie que de transporter 20 tonnes de marchandises sur la même distance". Ou encore, "il est également amusant de noter qu'il coûte moins cher d'importer des marchandises de Pékin à Paris que de Romorantin à la capitale".

Rose George dans son livre "Ninety Percent of Everything: Inside Shipping, the Invisible Industry That Puts Clothes on Your Back, Gas in Your Car, and Food on Your Plate", assure aussi que "cela coûte désormais tellement peu cher que 90% de ce que nous consommons provident du transport maritime". Dans son livre, la journaliste britannique détaille un sondage qu'elle a mené à Southampton, en Angleterre. Dans cette ville portuaire, elle a interrogé les habitants afin de leur demandé quel était, selon le pourcentage des biens qu'ils possédaient à avoir "pris la mer". En moyenne, ils ont répondu 35% et tous ont été surpris lorsque la réponse (90% donc) leur a été donné.

Rose George détaille : "de vos vêtements à votre café ou votre thé, de votre voiture (en partie tout du moins) à l'essence que vous utilisez, de votre ordinateur à votre télévision ou vos écouteurs, pratiquement toutes les choses de votre vie quotidienne est issue du fret maritime". Pour le Made In France cher à Arnaud Montebourg on repassera.