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Tour de France : le cyclisme est-il toujours crédible ?
©Capture d'écran

Dopage

La 104ème « Grande Boucle » est partie de Düsseldorf. Arrivée sur les Champs-Elysées parisiens le 23 juillet prochain après 3 516 kilomètres de course. Mais le cyclisme de Froome et les autres est-il encore un sport ?

Serge Bressan

Serge Bressan

Serge Bressan, journaliste depuis 1974, a travaillé pour, entre autres, Le Quotidien de Paris, L’Equipe (Foot2), Le Parisien, L’Express, TéléCable Sat Hebdo ou encore la RTS (Couleur3) et France5…

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 Il fut un temps, dans les années 1920, où Albert Londres, grand reporter de son état, évoquait « les forçats de la route ». A la fin des années 1950, dans « Mythologies » (paru en 1957) , le critique littéraire et sémiologue Roland Barthes analysait « le tour de France comme épopée » et analysait ce qui fait les héros et le mythe : le vocabulaire, l’histoire des champions, la géographie, la stratégie de la course. Ce week-end, de Düsseldorf, le 104ème Tour de France a pris son envol- c’est parti pour trois semaines de course avec arrivée sur les Champs-Elysées parisiens le 23 juillet prochain, après avoir parcouru 3 516 kilomètres en passant par les Ardennes, la Champagne, la Bourgogne, les Alpes, le Périgord, les Pyrénées et la Provence. On nous annonce Christopher Froome, le Britannique né à Nairobi (Kenya), grandissime favori- pour mémoire, il a gagné trois Tours (2013, 2015 et 2016). Jouant la modestie, avant le départ de cette édition 2017, interrogé sur quels adversaires il allait devoir surveiller, il a déclaré : « Tous les suspects habituels ! Je dirais qu’il y a dix ou douze gars qui peuvent être des prétendants. On va tous commencer le Tour à zéro, et je dois respecter chacun d’entre eux. Je vais devoir surveiller Richie Porte et aussi l’alliance Valversde- Quintana chez Movistar, Contador, Bardet, Aru et Fuglsang chez Astana, Simon Yates et Chaves pour la même équipe… » A 32 ans, le coureur leader de la Sky, formation britannique placée sous le haut contrôle de la « brigade des gendarmes » de la lutte contre le dopage, dit encore : « Pour moi, le challenge cette année est de loin le plus dure de ma carrière. Pour deux raisons. D’abord, le parcours très ouvert. Et ensuite les rivaux. Je pense que c’est le niveau le plus élevé que j’aie jamais affronté ». L’objectif avoué de Froome : rejoindre le club très fermé des vainqueurs de 5 Tours de France, un club qui à ce jour compte seulement quatre membres- les Français Jacques Anquetil et Bernard Hinault, le Belge Eddy Merckx et l’Espagnol Miguel Indurain.

Evidemment, et c’est une nouveauté, on ne manquera rien de tous heurs et malheurs de ce Tour de France puisque FranceTélévisions diffusera, du départ à l’arrivée, l’intégralité de toutes les étapes. Sera-ce la garantie d’un spectacle plus intense ? plus nerveux ? Nombre d’acteurs (coureurs et directeurs sportifs) ne le pensent pas… Qu’importe, après tout ! L’image du cyclisme et celle du Tour de France (devenu pour un grand nombre de personnes un « grand barnum perverti par l’argent ») sont sacrément écornées- c’est bien le moins qu’on puisse dire et écrire. Certes, l’organisateur- ASO (Amaury Sport Organisation), et le diffuseur FranceTélévisions ne manquent pas une occasion pour marteler que le « Tour » est le plus grand spectacle itinérant et gratuit de France… Mais voilà, et ça dure depuis les dernières années 1990 avec le scandale Festina (avec Richard Virenque, dopé « à l’insu de son plein gré ») et, super-tricheur parmi les tricheurs, l’Américain Lance Armstrong (7 victoires finales annulées pour dopage), le cyclisme est un théâtre où l’hypocrisie, la malhonnêteté et la triche sont monnaie courante. Dans ce théâtre ambulant, on sait, on se tait- les quelques rares coureurs et journalistes qui parlent sont exclus de la distribution.

Bien sûr,  régulièrement, les instances internationales promettent et jurent qu’elles vont éradiquer le dopage, ce mal qui gangrène le sport. Des équipes télé fouillent les poubelles de quelques équipes et y trouvent des seringues qui ne contenaient pas du sérum physiologique. Des coureurs (de second rang) sont suspendus pour dopage. Mais on a beau dire et répéter bien fort que tout est mis en place pour un « sport propre », la suspicion est encore et toujours là. Le cyclisme- comme quelques autres sports (entre autres, l’haltérophilie, l’athlétisme, la natation,…), est-il encore crédible ? Il brille par des performances « extra-terrestres ». Dans les étapes de montagne, les « cadors » du peloton montent les cols à une vitesse plus importante qu’un scooter… et les commentateurs crient à l’exploit. Aujourd’hui, le cyclisme professionnel joue sa crédibilité. Il n’y a plus de panache à la Eddy « le cannibale » Merckx, plus de coup de force à la Bernard « le blaireau » Hinault… Le cyclisme n’est plus que calcul en course avec des coureurs qui, reliés par une oreillette, agissent sur ordre des directeurs sportifs, bien calés dans leurs voitures suiveuses et devant un poste télé. Le cyclisme revendique un « sport propre » mais il n’est pas une semaine sans qu’on nous révèle le nom d’un coureur rattrapé positif par la « patrouille ». Pis : le cancer du dopage ne touche plus seulement le peloton professionnel. Dans les pelotons amateurs, le dopage fait aussi des dégâts. Les « Docteurs Mabuse » sont dans les parages, prêts à fourguer le dernier produit indétectable au contrôle anti-dopage…

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