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Tragédie de Toulouse : l’hypocrisie des candidats d’un côté, les vraies questions de l’autre
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EDITORIAL

La tragédie de Toulouse a suscité des réactions dans toute la classe politique. Des réactions qui éclipsent d'autres questions : comment Mohammed Merah n'a-t-il pas pu être arrêté avant ?

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Dignité. Il restera le mot le plus souvent et le plus mal employé depuis le début de la campagne présidentielle. Mis à toutes les sauces. Par tous les camps. Plus encore depuis la tragédie de Toulouse. Chacun y va de son couplet sur le thème : « Il faut rester digne en la circonstance ». Mais que signifient, derrière les apparences, ces appels faussement sincères ? Bien sûr, que l’adversaire n’est pas digne des enjeux d’une telle élection, qu’il ne sait pas « prendre de la hauteur » - ça aussi, on l’entend beaucoup -, qu’il essaye de tirer parti d’une situation qui requiert le consensus national. Quelle hypocrisie !

En réalité, dans tous les états-majors des candidats, l’on débat jusqu’à la nausée de la question taboue du moment : à qui profiteront, sur le plan politique, voire même arithmétique, les crimes odieux de Mohamed Merah ? A Nicolas Sarkozy qui a instantanément enfilé son costume préféré, celui d’un président incarnant l’autorité et la sécurité, sachant protéger les Français (un sondage CSA tend d’ailleurs à le démontrer) ? A François Bayrou qui propose de les réconcilier, au delà de leurs différences ? A Marine Le Pen qui voit dans ce drame le résultat du laxisme de la Police et de la Justice vis-à-vis de l’intégrisme islamique ? Ou à François Hollande qui veut être le premier à recentrer la campagne sur les sujets qui  demeurent préoccupants pour des millions d’électeurs, l’emploi, le pouvoir d’achat, la régulation financière ?

Eh oui, derrière les grandes déclarations de principes, les cris d’orfraies des uns et les soupirs affligés des autres, les experts étudient la courbe des sondages Édouard Balladur en 1995 avant et après l’opération du RAID à l’aéroport de Marseille lors du détournement de l’Airbus. Les politologues du Parti socialiste remontent même à la libération de nos otages au Liban en 1988, négociée par le premier ministre de l’époque, Jacques Chirac, et son ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua. Et se réjouissent de constater que ces succès spectaculaires obtenus par les candidats de droite aux présidentielles de 1988 et 1995 n’avaient pas incité les électeurs à leur confier alors les clefs du pays.

Respecter vraiment les Français dans cette période ô combien sensible consisterait plutôt à aborder en responsabilité les questions fondamentales que posent ces événements tragiques. Pourquoi l’Etat n’a-t-il pas décidé de mettre des moyens exceptionnels à la disposition des enquêteurs dés le premier crime de Mohamed Merah, le 11 mars ?

Quand on assassine sur le territoire français l’un de nos soldats ayant servi en Afghanistan, le maréchal des logis chef Imad Ibn Ziaten, 30 ans, ne peut-on pas déjà  considérer sérieusement la piste terroriste ? Ce tueur présumé, identifié depuis longtemps par nos services de renseignements comme un sympathisant de la cause djihadiste à Toulouse, n’aurait-il pas pu être empêché de nuire avant le quadruple meurtre de l’école Otzar Hatorah ? Que valent aujourd’hui nos services de renseignements et surtout, leur coordination avec les hommes de terrain ? En vérité,  ces légitimes interrogations ne pourront être traitées qu’après le 6 mai, déconnectées des passions qu’engendre, parfois de façon déraisonnable, la conquête du pouvoir.

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