Télé à louer : le leasing sur le high tech marchera-t-il mieux que celui sur les voitures auprès des ménages français ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Intermarché et Carrefour se lancent dans une nouvelle forme de leasing.
Intermarché et Carrefour se lancent dans une nouvelle forme de leasing.
©DR

Opération séduction

Le leasing n'est plus réservé au milieu automobile, certaines grandes surfaces le proposent désormais pour des produits d'électroménager. Attention cependant, car ce mode de consommation qui ne représente qu'une toute petite part des consommateurs français, est synonyme de prêt à la consommation

Marc Vanhuele

Marc Vanhuele

Marc Vanhuele est professeur à HEC et coordinateur du pôle marketing, il analyse le comportement des consommateur. Il est également l'auteur de " le comportement des consommateurs".

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Atlantico : Intermarché et Carrefour se lancent dans une forme de leasing : les consommateurs ont la possibilité de louer de l'électroménager, avec des contrats de 2 à 5 ans, qui à terme offre l'opportunité d'acheter le bien en question. Cette nouvelle forme de consommation peut-elle trouver son public en France ?

Marc Vanhuele : En France, c’est encore un tout petit marché, mais il va surement progresser. Ce terme a une connotation de formule rationnelle, mais il ne faut oublier de regarder les chiffres, car au final il n’y pas de garantie de ne pas se tromper.

Il ne faut pas oublier non plus qu’il y a le danger que les gens qui choisissent cette formule ne se rendent pas compte de la totalité des coûts. Si on regarde uniquement la facette de l’accès au produit, le leasing est une forme déguisée de prêt à la consommation.

Qu'est-ce que l'exemple du leasing dans le domaine automobile nous apprend ? Les Français sont-ils à l'aise avec le fait de ne pas être propriétaire ? Va-t-on vers une société où nous ne serons plus propriétaire ?

Tout d’abord, les formules de location nous ont appris à utiliser des produits dont nous ne sommes pas propriétaires : par exemple le Velib ou l’AutoLib. Les personnes qui n’ont pas d’expérience personnelle avec le leasing a proprement parlé peuvent très bien utiliser un produit sans en être propriétaire. De l'autre côté, une entreprise peut avoir différents objectifs pour lancer cette méthode du leasing. Tout d’abord, il y a l’idée de donner à des gens qui n’ont pas le pouvoir d’achat pour l’objet en question d'y avoir accès.

Aujourd’hui, les distributeurs ajoutent la garantie du produit : la maintenance, le remplacement, etc. Il s’occupe aussi de la fin du contrat de leasing : la reprise de la machine. Le consommateur a moins d’incertitudes par rapport à la technologie, on ne se prive pas d’une nouvelle technologie, d’une nouvelle innovation car on n’est pas propriétaire.

Est-ce une méthode qui permet aux petits budgets d’acquérir des biens qu'ils ne pourraient pas s'offrir autrement ? Quelles les dérives cachées potentielles de ce système ?

Si on se limite à la partie financement, le leasing est comme un prêt à la consommation - présenté différemment. Il faut que le consommateur fasse attention, et calcule le coût à long terme. Il y a toujours le danger de ne penser qu’à ce qu’on paye tous les mois, mais il faut comparer avec l’achat pur. 

Le risque est de se faire éblouir par ce terme leasing et oublier les coûts cachés. Le danger est plus grand avec les produits de luxe, car il y a une dimension de rêve, de quelque chose qui n’est pas accessible normalement et qui le devient grâce au leasing : dans ces cas-là les gens sont moins analytiques, moins rationnels.

La démocratisation de ce système, qui à la base était réservé aux voitures, est-elle une réponse à la crise et à la baisse du pouvoir d'achat des Français ?

Le leasing répond tout d’abord à une demande de prêt à la consommation, c’est à dire avoir accès au produit tout de suite. C’est également la tranquillité, la certitude de pouvoir changer d’avis et d’avoir le droit de se tromper. Et enfin, le leasing traduit également un effet de mode, par exemple, il s’exporte jusqu’aux vêtements : le «  mud jeans ». Le terme leasing couvre différentes formules, et parle à différentes motivations des consommateurs.

La démocratisation est en partie indépendante de la crise. Tout d’abord, il y a des gens très touchés par la crise, et cette formule va rendre accessible certaines choses dont ils devraient normalement se priver. L’autre partie est un public qui va vouloir tenter et explorer d’autres modes de consommation.

Propos recueillis par Manon Hombourger

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