Sur Le Bon Coin, tout se vend (même des stations de ski)... et ce n’est pas forcément bon signe pour l’économie française<!-- --> | Atlantico.fr
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Le quotidien régional La Montagne a révélé qu'un exploitant avait mis en vente sa station de ski sur le site de petites annonces Le Bon Coin vendredi 21 juin.
Le quotidien régional La Montagne a révélé qu'un exploitant avait mis en vente sa station de ski sur le site de petites annonces Le Bon Coin vendredi 21 juin.
©DR

Pas cher, pas cher...

Le quotidien régional La Montagne a révélé qu'un exploitant avait mis en vente sa station de ski sur le site de petites annonces Le Bon Coin vendredi 21 juin. Si la crise explique le succès du marché de l'occasion et des sites de petites annonces, elle n'en est pas la seule responsable.

Dominique Roux

Dominique Roux

Dominique Roux est professeur des universités en sciences de gestion. Ses recherches portent sur le marché de l'occasion et la résistance des consommateurs. Elle a écrit Marketing et résistance(s) des consommateurs (2009, Economica).

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Atlantico : Le quotidien régional La Montagne a révélé qu'un exploitant avait mis en vente sa station de ski sur le site de petites annonces Le Bon Coin vendredi 21 juin. Le succès de ce site et plus généralement le développement du marché de l'occasion est-il révélateur de la crise économique et sociale que nous traversons ? En quoi ?

Dominique Roux : Oui, il est bien évidemment révélateur de la crise de notre économie. On constate également un besoin de contourner les circuits conventionnels : en dehors des prix plus attractifs, il y a davantage de convivialité, et l'offre est beaucoup plus large du fait d'Internet.
Dans cette fréquentation accrue des sites d'occasion en général, trois dimension motivent l'achat : l'économique, le ludique et la critique. La critique passe autant par les prix que par le caractère moins inattendu de l'offre. La fréquentation des circuits habituels n'offre plus de satisfaction aux gens. La crise a accentué ce phénomène mais elle n'en est pas la seul responsable. Internet a développé des nouveaux comportements de consommateurs. Plus un consommateur va expérimenter le marché de l'occasion, plus il va voir qu'il n'y a pas de dangers relatifs à ce marché-là. 

Ce qui a changé dans le marché de l'occasion, c'est qu'il n'est plus le marché des vieux objets : la rotation par manque de place, d'argent, ou encore le désir de changement alimentent le marché d'objets très récents voire quelques fois même neufs.

Généralement le marché de l’occasion se développe-t-il en période de crise ou s’agit-il davantage d’une évolution des mentalités / des façons de consommer ?

Il ne faut pas considérer que le boom actuel du marché n'est lié qu'à cela. C'est lié à de multiples facteurs, dont la défiance vis-à-vis du commerce traditionnel, l'apprentissage des consommateurs ainsi que la  visibilité que les médias donnent à ce type de marché.

Certains sites comme le bon coin favorise également le commerce de proximité, c'est d'ailleurs la force du Bon Coin, mais ce n'est pas valable dans tous les cas.

A termes, le succès du marché de l'occasion et des sites de petites annonces pourra-t-il entraîner la disparition de certaines branche de l’économie comme par exemple les agences immobilières ?

Cela dépend des réponses que vont fournir les distributeurs traditionnels.Certains se posent des questions, d'autres ont déjà disparu du marché - Virgin, ou se repositionnent - La Fnac. Cela dépend donc de la façon dont ils vont être  capables de répondre à ces tendances de l'économie. Difficile de dire si cela va supplanter le commerce traditionnel, même si c'est peu envisageable. Ce qui est certain c'est que c'est de moins en moins anecdotique. 

Si la crise s'aggrave peut-on s'attendre à voir se développer davantage le troc ?

C'est probable. On a un pourcentage croissant d'individus qui basculent de la consommation traditionnelle vers un commerce d'échange.. Ce que l'on observe, c'est que la motivation première est le lien que l'on créée - notamment avec la pratique de couch surfing. Il y a un processus qui va de l'argument économique : on par de la rationalisation qui va ensuite vers un vrai plaisir; ou bien même l'argument écologique. Ce ne sont jamais des motivations absolument pures sur le marché de l'occasion, mais toujours des facteurs multiples.

Sur le marché de l’occasion les consommateurs deviennent des vendeurs. Est-ce que cela traduit une véritable mutation de l'économie, de la logique de l'offre et de la demande ?

Je ne suis pas certaine. Les acheteurs ne deviennent pas systématiquement vendeurs - parce que cela les ennuie, les fatigue. Les vendeurs sont par contre plus souvent des acheteurs. Sur le marché du neuf, la logique de l'offre et la demande reste la même.

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